L'instauration d'une convention entre les boulangeries et les minoteries, pour réorganiser la distribution de la farine subventionnée par l'Etat, n'est pas du goût de toutes les parties concernées. Si la Fédération nationale des boulangers approuve cette démarche, l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) appréhende la lenteur des transactions bancaires. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Un contrat type liant les boulangeries aux minoteries est en application depuis début janvier 2022. Une convention dont la signature doit être finalisée avant la fin de ce mois de janvier. Selon le président de la Fédération nationale des boulangers affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Youcef Kalafat, le boulanger s'engage ainsi à s'approvisionner uniquement de la minoterie la plus proche de son commerce qu'il aurait choisie au préalable. Il doit également déclarer la quantité de farine mensuelle dont il aura besoin. «Chaque semaine, la minoterie lui livrera son quota hebdomadaire», dit-il. Autre avantage dont bénéficiera le boulanger : les frais de transport qui seront à la charge de la minoterie. Kalafat, qui approuve cette nouvelle organisation de la distribution de la farine subventionnée par l'Etat, affirme qu'elle permettra au boulanger d'assurer son quota auprès de cette minoterie. «Ce contrat préservera le boulanger de toute pénurie de farine», assure-t-il. Quant aux minoteries, il précise qu'elles n'adhèrent pas toutes à cette démarche. «Certaines minoteries sont contre parce qu'elles n'admettent pas de perdre leurs clients grossistes», explique-t-il. Le secrétaire général et porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans d'Algérie (UGCAA), Hazab Benchohra, lui, par contre, estime que ce contrat sera plutôt une entrave pour les boulangeries. Outre le problème de la facturation qui peine à gagner du terrain auprès de nombre de commerçants, il évoque la lenteur des transactions bancaires. «L'approvisionnement des boulangeries en farine sera tributaire des versements des montants de la commande à effectuer en banque avant de récupérer le reçu de versement. Toutes ces opérations prennent souvent du temps et peuvent retarder la distribution de la farine», fait-il remarquer. Pour Benchohra, ce contrat type n'est que du «rafistolage». «Au lieu de régler les problèmes de cette branche d'activité à la source, la tutelle ne joue pas son rôle et propose des solutions temporaires», déplore-t-il. Il réitère, à cet effet, les propositions de son organisation syndicale qui portent sur la suppression de la subvention des produits alimentaires et son attribution directement aux nécessiteux. Selon lui, cette subvention des produits alimentaires est à l'origine de la spéculation et des nombreuses pénuries qui ne cessent de se déclencher. Le SG et porte-parole de l'UGCAA souligne que la farine n'est pas le seul produit nécessaire pour la préparation de la baguette de pain. «Certes, la farine est un produit subventionné, mais les autres ingrédients, notamment l'améliorant et la levure, mais aussi l'énergie utilisée, ne le sont pas», note-t-il. Et de rappeler que depuis 1996, le prix du pain n'a pas été révisé alors que tous les produits qui entrent dans sa fabrication et toutes les charges des boulangeries ont connu des hausses de prix à maintes reprises. «Il est temps de prendre de vraies décisions et définitives», dit-il encore. Pour ce faire, il suggère d'installer des commissions qui doivent étudier sérieusement tous ces problèmes et de trouver des solutions «adéquates» et «définitives». Ry. N.