Leïla Mallem est née à Ghazaouet (Tlemcen). Après des études secondaires à Tlemcen, elle obtient une licence de lettres françaises à l'université Es Senia d'Oran puis un doctorat de lettres à Paris. Aujourd'hui à la retraite, elle se consacre à l'écriture. Quand résonne le chant des racines, paru aux Editions Dalimen, est son deuxième roman. Christophe, brillant avocat, mène une vie confortable à Nice. Il est le fils unique de Claude, un ancien militaire à la retraite, et de Jacqueline, une mère aimante et douce. «Leurs deux caractères sont radicalement opposés : elle est douceur et gentillesse, il est austérité et froideur.» Christophe épouse Lise, une jeune femme superficielle et vénale qui a déployé des trésors de roublardise pour lui mettre la corde au cou. L'avocat ne tarde pas à s'apercevoir que ce mariage est une grosse erreur. Son père l'avait pourtant averti : «Mon fils, tu mérites mieux que ça. Crois en ton vieux briscard de père. J'ai du flair, tu sais.» Le sang de Christophe ne fait qu'un tour lorsqu'il découvre que son épouse a avorté derrière son dos. C'est le divorce. Jacqueline décède des suites d'une grave maladie. Avant de rendre son dernier souffle, elle lui confie qu'il doit impérativement lire son journal intime qu'elle a caché dans un endroit secret qu'elle lui indique. Elle y avait consigné ses pensées, ses doutes et surtout un important secret qui le concerne. En lisant les lignes que sa mère a écrites pour lui, Claude est sous le choc : «Sache que, très souvent, j'ai tenté de te révéler notre secret mais, chaque fois, ton père entrait dans une colère terrible m'empêchant de le faire. Je ne suis plus. Il est donc temps que tu connaisses la vérité. Ton père t'a ramené tel un petit paquet un matin très tôt après une opération de représailles engagées dans les montagnes et après le bombardement d'un village en Algérie pendant la guerre. Mais il m'a toujours caché tous les détails sordides et les vrais évènements qui t'ont emmené jusqu'à nous...» Pour Christophe, c'est la douche froide. Il découvre que Claude et Jacqueline ne sont pas ses véritables parents. Le couple est arrivé en Algérie au milieu des années 1950, en pleine guerre de libération, dans l'Ouest, entre Tlemcen et Namours. Claude était alors capitaine et dirigeait un commando de «Bérets noirs», des forces spéciales d'élite composées de parachutistes. «Tous deux vivaient dans une jolie maison non loin de la caserne, à la périphérie de Tlemcen. Ils étaient heureux mais à leur bonheur manquait une descendance qui ne venait pas.» Lors d'un bombardement en 1956, le capitaine et ses hommes inspectent les décombres et les ruines encore fumantes. Claude découvre un nourrisson allongé contre sa mère. Celle-ci est visiblement blessée. Elle est inerte. «Une idée subite, folle s'imposa alors à lui : il prit le bébé, le regarda de plus près avec attention. Il le trouva magnifique avec ses cheveux blonds et doux, sa peau claire et rose et ses yeux bleus rougis par les pleurs. Comment des mouquères peuvent-elles faire d'aussi beaux bébés ? s'étonna-t-il avec mépris.» Claude s'empare du bébé et le rapporte à la maison. Il le tend à sa femme. «Tiens, ma biche, c'est un don du ciel. Il est à nous, désormais.» Quelques jours plus tard, le capitaine fait établir un faux certificat de naissance. Claude et Jacqueline sont devenus les parents de ce bébé qu'ils prénommèrent Christophe. Des géniteurs par imposture qui ont privé une mère de son enfant. Parmi les blessés de ce bombardement figurait Zahra, la maman du bébé miraculé. Elle remua ciel et terre, mais son fils Djamel, âgé d'à peine quelques mois, demeurait introuvable. Après trois ans de service effectué en Algérie, le capitaine retourne en France. À sa femme, il cache la vérité. «Claude distillait par bribes parcimonieuses l'histoire quelque peu arrangée et édulcorée de leur enfant adoptif mais sans jamais dévoiler l'horreur et le carnage dont il fut le maître d'œuvre.» Après ces révélations, Christophe décide d'effectuer un voyage en Algérie. Pour lui, il est urgent de découvrir ses racines et son identité. Son père tente de l'en dissuader. Il se montre arrogant et raciste. «Que vas-tu faire chez ces bougnouls ?» lui lance-t-il. Christophe entre dans une colère noire. Il peste contre ce père adoptif qui l'a élevé dans le mensonge et qui lui a volé sa vie. Il ne veut plus le voir et coupe définitivement les ponts avec lui. Christophe atterrit à l'aéroport Zenata de Tlemcen. Il se lie d'amitié avec Tarik qui lui sert de guide. En consultant les archives de guerre du FLN, les enquêteurs réussissent à remonter le fil jusqu'à cette nuit fatidique où le douar de M'Sirda a été bombardé par l'aviation militaire française. Tarik invite Christophe à s'installer chez lui le temps de l'enquête. Sur les traces de son passé, l'avocat découvre la générosité et l'empathie de ses hôtes. Il reprend son véritable prénom : «Djamel» et tisse des liens avec sa famille d'origine. L'amour est également au rendez-vous en la personne d'une jeune fille délicate : Imane. «La chaleur humaine, la sollicitude, la générosité dont il est entouré lui font lâcher prise. Loin de lui les fantômes qui hantaient son esprit ! Exorcisés les démons qui s'étaient emparés de son être et l'étranglaient ! Christophe deviendra lui-même, dans sa quintessence originelle lorsqu'il aura quitté son double.» L'enfant kidnappé décide de s'installer dans son pays natal. Il est temps pour lui de rattraper toutes ces années perdues auprès de sa maman biologique, d'une sœur qu'il ne connaissait pas et d'une fiancée qu'il aime éperdument. Soraya Naili Quand résonne le chant des racines. Leïla Mallem. Editions Dalimen. 2021.316 p. 1 100 da.