Après maintes péripéties, le film est enfin sorti. Mimouna de Nadia Chérabi devenu L'Envers du miroir a été projeté en avant-première, mardi soir, à la salle El Mougar. Beaucoup de monde ce soir et des personnalités du monde audiovisuelle, artistique et médiatique. L'ambiance sur scène est comme d'habitude, conviviale et chaleureuse. On appelle sur l'estrade tous ceux qui, trois ans durant, ont contribué à réaliser ce film. Une équipe technique que Nadia Chérabi-Labidi n'a pas omis de remercier vivement. Une nuit, Kamel alias Rachid Farès, chauffeur de taxi occasionnel, découvre sur le siège arrière de son véhicule, un nouveau-né abandonné. Il retourne chez lui avec le bébé et réussi à convaincre sa mère de le garder pour une nuit. Il décide d'aller à la recherche de cette dernière cliente embarquée dans son véhicule. Il la retrouvera au bout d'une longue quête. Elle s'appelle Selma, le rôle est interprété avec brio par Nassima Shems. Apres avoir vécu l'enfer, cette dernière est accueillie par un vieux monsieur qui l'accueille chez lui sans aucune contrepartie. Ce qui est rare de nos jours... La confrontation est violente entre Kamel et Selma. Lui, fils adoptif est d'autant plus en colère contre cette femme. Elle, est en détresse. Elle a un secret... Un lourd secret qu'elle a dû porter sur ses épaules comme un sacerdoce. Chassée de la maison par sa propre mère à cause de ce secret dont elle n'a pas voulu y croire. Et pourtant, cela arrive, parfois. Selma a été violée par son beau-père, finit-elle par tout raconter à Kamel, pris de tendresse pour son enfant...Une histoire sociodramatique qui lève le voile sur le danger qu'encourent les femmes, une fois abandonnées et désarmées face à la dureté de la société qui ne pardonne pas. D'une durée de 105mn, ce long métrage fiction, en plus de traiter un sujet sensible, donne la part belle à l'image. En effet, dans cette errance de la jeune femme, nous découvrons Alger et ses environs, dans un réalisme poignant. La réalisatrice nous plonge au coeur de la détresse humaine et son corollaire, l'envers du décor. Que ce soit le bien ou le mal, ces deux sentiments exacerbés renvoient à des êtres façonnés par le destin. Après avoir été agressée, puis séquestrée, Selma retrouve un semblant de sérénité chez Douja, la mère adoptive de Kamel. Un happy-end aussi, applaudi par les spectateurs qui voyaient en ce couple de fortune, un nouveau départ dans la vie, et une nouvelle page de tourner après avoir subi l'envers du miroir.. Après des études de sociologie à l'université d'Alger, Nadia Chérabi a soutenu, en 1987 à la Sorbonne, un doctorat en arts du spectacle (option cinéma). De 1978 à 1994, elle a travaillé à la direction de la production de l'ex-Centre algérien de l'industrie cinématographique, (Caaic). En 1991, à l'ex-Agence nationale des actualités filmées, (Anaf), elle est assistante-réalisatrice de Ahmed Laâlem. En 1994, elle crée sa société, Procom International. Vice-présidente de Nouba, association algérienne des femmes productrices et réalisatrices, elle a été élue, en octobre 2006, à Barcelone, au conseil de l'Apimed (producteurs indépendants méditerranéens). Avec ses yeux de femme doublée de cinéaste, Nadia Chérabi apporte, par ce film, un regard crédible, plein de sensibilité sur le monde tel que nous le vivons et les hommes...Inscrit dans le cadre d'«Alger, capitale de la culture arabe», et d'après un scénario de Sid-Ali Mazif, le film L'envers du miroir a profondément touché l'assistance.