CAN. L'Algérie a perdu, et alors ? L'Espagne du trio magique Iniesta-Xavi-Busquets, championne du monde en 2010 et championne d'Europe en 2012, a connu la même mésaventure lors du Mondial 2014 au Brésil : battue par le Chili puis par les Pays-Bas sur des scores lourds et sortie dès le 1er tour. La Roja avait alors évolué sous une température clémente et sur une pelouse brésilienne – un vrai billard – qui n'avait rien à voir avec le champ de patates sur lequel a joué l'Algérie au Cameroun ! Même déconvenue pour la France de Zidane, championne du monde en 1998 et championne d'Europe en 2000, lors du Mondial 2002 en Corée du Sud : battue par le Sénégal, pays sur lequel personne n'aurait parié un radis, puis par le Danemark, qui n'était pas un foudre de guerre, avant un laborieux match nul face à l'Uruguay ! Une chose est sûre : il n'y a pas que l'état du terrain, le climat et le Covid – Ounas et Zerrouki au lit – et la décision de la Fifa qui avait donné gain de cause aux clubs européens pour ne libérer leurs joueurs africains qu'à la veille de la CAN, qui ont perturbé mentalement la préparation du onze national. Un autre facteur est entré en jeu : la peur de Mahrez et de ses coéquipiers de voir stopper leur record d'invincibilité. Le semi-échec face à la Sierra Leone a jeté le trouble et le doute dans les rangs de l'équipe nationale. Et rien de surprenant à ce qu'ils aient joué la peur au ventre face à la Guinée Equatoriale. Enfin, il aurait fallu peut-être donner leurs chances aux joueurs de la jeune génération : je pense à Amoura, Zorgane, Chetti, Tougaï en défense, voire à faire appel au jeune Kebbal (Reims) ! Surtout qu'en attaque, Slimani a paru fatigué, Bounedjah pas dans son assiette, et en défense Bensebaïni, qui nous avait habitués à mieux, a paru un peu trop nerveux... ! Enfin cette CAN a montré – et tous les spécialistes sont d'accord – qu'il n'y a plus de petites équipes. Que ce soit la Sierra Leone ou la Guinée Equatoriale, elles sont, tactiquement et psychologiquement, bien préparées. Elles sont disciplinées et appliquent des schémas tactiques modernes. Rien à voir avec le football africain des années 70-90... Et pour leurs joueurs, souvent jeunes, qui aspirent à percer à l'international et à jouer en Europe, c'est l'occasion de montrer ce qu'ils valent... Seuls problèmes lors de cette CAN : des terrains - pas tous - en piteux état, un arbitrage qui n'a pas évolué au même rythme que les équipes nationales... Ce sont là des facteurs objectifs contre lesquels le charlatanisme religieux, les exorcistes - ces nouveaux Belahmar - et autres rakis, ne pourront rien ! RAKI (exorciste). C'est toujours dans des moments de crise, de doute, d'incertitudes, de restrictions des libertés et de vide politique que l'irrationnel, qui exploite la détresse sociale de très nombreux Algériens, s'invite sur les réseaux sociaux et les plateaux de certaines télés. Aussi l'intrusion de ce Ibn Chanfara dans le domaine sportif n'est pas si innocente qu'on le croit. Et bien que la FAF ait mis le holà à ce Ibn Chanfara qui voulait intégrer le staff technique – l'Algérie aurait été la risée de la planète – il n'en reste pas moins que cela fait désordre, pose problème et interpelle. Les rakis ont de tout temps existé. Dans les années 50-60, on les appelait «saharines» (les sorciers). Certains faisaient croire aux paysans qu'ils étaient imperméables aux balles de fusils et de mitraillettes et que seules des balles en or pouvaient les atteindre. Sauf qu'en ces années-là, l'ALN (Armée de libération nationale) y avait mis un terme de la manière que l'on sait. Et pas par des balles en or mais par des balles normales, en tungstène, de l'acier dur (1) ! C'est ainsi qu'ont disparu ces charlatans religieux avant de refaire graduellement leur retour à la fin des années 70 sous la gouvernance empreinte de religiosité de l'ex-Président Chadli Bendjedid qui avait alors procédé à un recentrage de l'Etat et du pouvoir autour des valeurs islamiques, au détriment de l'option socialiste et progressiste. A jeudi ... H. Z. (1) Durant la décennie noire, les islamistes avaient également recouru au mythe du djihadiste qui ne tombait que sous des balles en or comme j'ai pu le constater lors d'un reportage à Bentalha en 1997...