En raison de la propagation inquiétante du Covid-19, les établissements scolaires sont fermés depuis jeudi pour une durée de dix jours. Ce brusque changement de programme vient chambouler le cours d'une année scolaire qui avançait déjà à un rythme incertain, dépendant ainsi de l'évolution de la situation sanitaire. Outre le fait que cette disposition aura un impact sur le déroulement des activités scolaires, doit-on s'attendre à un changement dans la programmation des cours et des examens pour rattraper le retard ? Est-il possible que les autorités soient amenées à écourter les vacances de printemps pour compenser ce gel temporaire ? Massiva Zehraoui- Alger (Le Soir) - Il y a d'abord lieu de souligner que la communauté éducative est visiblement partagée sur l'utilité de fermer temporairement les établissements scolaires. Si une grande partie considère cette démarche comme «un mal nécessaire» pour éviter la détérioration de la situation sanitaire, d'autres y voient un énième recours à la facilité. Et pour cause, ils redoutent les retombées d'une telle disposition sur le cours de l'année scolaire ou, du moins, ce qu'il en reste. Cette décision reste «discutable» pour certains syndicalistes et enseignants. Le secrétaire général du Syndicat des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, ne cache pas ses inquiétudes et prévient que «l'impact sur l'enseignement sera désastreux car nous n'avons pas avancé dans les programmes et pour les examens de fin d'année». Selon lui, «il fallait procéder au cas par cas, agir dans les régions où il y a des foyers de contamination». Il rappelle, dans ce sens, que le nombre de contaminations au niveau national n'est pas très élevé en comparaison avec le nombre d'élèves, soit «11 millions et le nombre de fonctionnaires qui est de 800 000 environ». Dans ce cas de figure, il aurait été plus judicieux, d'après lui, que les élèves dont les écoles seraient fermées rattrapent le retard pendant les vacances de printemps. En ce qui concerne un potentiel changement du programme pour compenser le retard, Boualem Amoura suppose que peut-être «les pouvoirs publics procéderont à l'annulation des vacances de printemps, mais cela n'est que pure hypothèse», précise-t-il. Par ailleurs, les parties prenantes du secteur de l'éducation nationale reconnaissent être dans le flou, car n'ayant aucune précision sur les mesures que comptent prendre les autorités à la réouverture des écoles. «Pour le moment, on ignore de quelle façon le retard va être compensé», a expliqué Dalila Osmani, enseignante du secondaire. Comme le SG du Satef, elle s'attend à l'annulation des prochaines vacances scolaires ou, au minimum, leur réduction. «C'est la solution qui me semble la plus plausible, car nous avons déjà beaucoup de mal à avancer dans le programme avec le nouveau système d'enseignement en vigueur depuis deux ans maintenant». Dalila Osmani souligne qu'il est aussi fort probable que les compositions soient reportées à une date ultérieure. Comme il est possible de voir certains cours supprimés des programmes. Autant d'hypothèses qui restent à confirmer, dit-elle. Car ce qui est à craindre, d'après elle, aujourd'hui, c'est que rien ne garantit que la situation va s'améliorer dans dix jours. «Qu'en sera-t-il alors si les cas augmentent davantage, si la situation s'aggrave ?», s'interroge-t-elle. Celle-ci ne conçoit pas l'idée que les écoles restent fermées au-delà d'un laps de temps de dix jours. «Il faut penser à des solutions dès maintenant, car le niveau des élèves et la qualité de l'école algérienne sont en jeu», appuie-t-elle. Autant dire que les chamboulements induits par l'épidémie de Covid-19 laissent les acteurs du milieu scolaire sceptiques quant au rendement des élèves et des enseignants. Selon eux, la continuité pédagogique devient de plus en plus difficile dans ce contexte sanitaire des plus délicats. L'enseignement à distance aurait été une solution palliative mais plusieurs facteurs ne favorisent, malheureusement, pas le recours à cette méthode. Ils redoutent justement que la fermeture à répétition des établissements scolaires rompt le contact régulier entre l'élève et ses professeurs, ce qui est loin d'être anodin. M. Z.