Réputé pour sa grande contagiosité, le variant Omicron commence à faire des vagues dans les établissements scolaires où plusieurs contaminations, chez les enseignants comme chez les élèves, ont été déjà signalées. "Dans le lycée où j'enseigne, à El-Madania (Alger), pas moins de 11 enseignants sont affectés. Moi-même et mes deux enfants avons été touchés", confie Zoubir Rouina, président du Conseil des lycées d'Algérie (CLA). "Dans les établissements d'Alger-Est mais aussi dans d'autres wilayas, des foyers de contamination ont été signalés", appuie Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef). Devant cette situation, le ministre de l'Education nationale, M. Belabed, a réuni, dans la matinée d'hier, par visioconférence, les 60 directeurs de l'éducation pour faire le point sur la situation épidémiologique dans les établissements scolaires, notamment en ce qui concerne la vaccination des enseignants dont le taux est de 27% et la contamination des élèves, a indiqué une source. Le ministre a insisté sur la nécessité d'accélérer la campagne de vaccination chez les enseignants et du respect strict du protocole sanitaire. Alors que des voix réclament à cor et à cri la fermeture des écoles pour faire face à la pandémie, le premier responsable du secteur a, une nouvelle fois, rejeté cette option au motif que "la situation épidémiologique n'est pas aussi catastrophique mais si fermeture d'établissements scolaires il y a, ce sera au cas par cas et tributaire de la hausse du nombre de contaminations". La position du ministre est partagée par M. Amoura qui refuse, lui aussi, d'entendre parler de la fermeture des écoles. "En ce moment, avec le plan exceptionnel mis en place, on n'arrive pas à dispenser à nos enfants la moitié du volume horaire. On n'est qu'à 20 semaines par an alors que la norme internationale est de 32 semaines au minimum. Si on ferme les écoles, le niveau de l'enseignement qui est déjà faible sera encore plus faible", explique-t-il. Le président du CLA, lui, est favorable à quelques jours de fermeture pour, dit-il, pouvoir faire face aux perturbations dans le bon fonctionnement des établissements scolaires provoquées par cette dernière vague de contaminations.Car, selon lui, le nombre de cas réels dépasse celui signalé officiellement. "Faute de moyens pour faire le test, beaucoup d'élèves mais aussi d'enseignants se rendent dans les écoles alors qu'ils sont porteurs du virus. Il y a beaucoup de cas non déclarés", dit-il, avant d'asséner : "La réalité du terrain n'est pas celle décrite dans les rapports des Directions de l'éducation." Comment expliquer cette flambée de cas de Covid dans les écoles et qui risque de s'aggraver dans les semaines à venir ? "Nous avons récolté ce que nous avons semé. Il y a un relâchement dans le respect des mesures sanitaires", soutient M. Amoura non sans déplorer "le manque de moyens dont disposent les écoles pour faire face à la pandémie". "Beaucoup d'écoles n'arrivent pas à assurer des conditions d'hygiène à même de freiner la propagation du virus. De nombreux élèves viennent à l'école sans bavette, dans des bus bondés." Autrement dit, le protocole sanitaire décidé par le ministère n'est pas respecté dans beaucoup d'établissements scolaires, déplore M. Amoura. Mais, à la décharge du corps enseignant, ce relâchement est constaté partout dans la société. Pour permettre aux écoles de lutter efficacement contre la pandémie, le secrétaire général du Satef estime que "l'Etat doit mettre les moyens, accélérer la cadence de réalisation des établissements scolaires, augmenter le budget du ministère de l'éducation nationale, pour pouvoir recruter du personnel afin de combler le déficit de 30 000 enseignants qu'accuse le secteur".