Entendons-nous d'abord sur la signification des mots : un influenceur n'est pas un artiste. Normalement, aucune confusion des genres n'est possible en l'occurrence. Occupation «tendance», il est d'ailleurs l'un des corps de métier qui ont le... mérite de la clarté. Un influenceur incite le public à la consommation et l'oriente vers des produits ou des services. Evidemment, il n'y a pas de sots métiers, toutes les professions sont respectables et chaque travail mérite rétribution. Un influenceur est un citoyen passible de justice. Il peut être honnête, moralement irréprochable mais il peut être un voleur, un escroc, un violeur, un... être humain, commun ! Sa profession ne le prémunit ni du vis, ni du délit, ni même du crime. Un influenceur ne peut pas être poursuivi pour son travail, s'il a été réalisé conformément à la loi. Il ne peut pas prétendre à la liberté de l'artiste parce que... ce n'est pas un artiste. Un influenceur peut être abusé par un partenaire économique ou commercial, voire culturel, quand le produit ou le service en revêt le caractère. Il peut être aussi un complice, un associé entièrement impliqué dans des entreprises frauduleuses. Un influenceur ne peut pas être innocent parce qu'il est... influenceur. Il ne peut pas être non plus coupable par le seul fait qu'il le soit. Depuis quelques jours, ce qui devait être une affaire d'escroquerie ordinaire tourne à autre chose parce que parmi les accusés, il y a des... influenceurs. On aura remarqué que dans le tollé soulevé, il n'y a pas eu beaucoup de place pour les victimes, des étudiants à qui on a fait miroiter de grandes universités et une autre vie ! On s'est tellement attelé à défendre a priori les influenceurs parce que ça fait forcément un délit... d'opinion qu'on a oublié la présomption d'innocence des autres, leurs «employeurs» en l'occurrence. Ils y ont droit et l'enquête n'est pas terminée, non ? Et ça a donné ce que ça a donné : des influenceurs innocents sans coup férir et des... escrocs péremptoirement coupables ! Le problème est que ceux qui réagissent de la sorte ne manquent pas d'argument. Dans les états jurisprudentiels du pays, les délits d'opinion n'ont jamais manqué et les victimes sont «recrutées» dans tous les corps de métier. Y compris parmi les Algériens dont le travail est plus loin de l'expression artistique que celui des influenceurs. Pour autant, on aurait quand même pu attendre d'en savoir plus dans cette affaire pour réagir. Ce qui nous fait revenir à la même histoire. Une justice qui fait toujours sourire dans le coin des lèvres, des histoires d'escroquerie ordinaire qui deviennent... politiques et des autorités qui ne font pas grand-chose pour que le regard sur les choses et sur les hommes change. S. L.