La dynamique du marché immobilier ne cesse de ralentir en Algérie. Cela se traduit par un recul significatif des transactions immobilières. Selon des experts du secteur, celles-ci ont chuté de 70%. Ils attribuent cette dégringolade à un ensemble d'éléments qui aurait donné un coup de frein à la réalisation de ces opérations ces dernières années. L'impact du Covid-19 est considéré comme un facteur aggravant, dont les conséquences précipitent une «chute annoncée». Massiva Zehraoui- Alger (Le Soir) - L'achat et la vente de biens immobiliers peinent de plus en plus à se conclure. D'après le président de la Chambre nationale des notaires, Redha Benouanane, « les transactions ont chuté dans ce secteur de près de 70% ». Pour lui, la baisse du pouvoir d'achat des Algériens, jumelée aux conséquences d'une épidémie ravageuse, a «sans nul doute porté préjudice à ce secteur qui était déjà fortement fragilisé par le passé». La situation est telle qu'en ce moment, «des sociétés de promotion immobilière éprouvent de grandes difficultés à vendre des maisons en dépit des remises et des offres parfois invraisemblables», a-t-il relevé. Dans le même registre, il souligne que «beaucoup ont été contraints de vendre leurs maisons, pour compenser de grosses pertes accusées sur le plan commercial ou du règlement de la dette». Le constat du président de la Chambre des notaires est conforté par de nombreux notaires qui confirment une stagnation importante en matière de transactions immobilières. Pour maître Akdouche, notaire à Alger, «plusieurs éléments sont à l'origine de ce recul», mais il considère qu'«avant la pandémie de Covid-19, le marché de l'immobilier subissait déja les retombées d'un contexte économico-financier assez délicat». C'est durant cette période que les affaires liées au blanchiment d'argent ont éclaté au grand jour. Il rappelle que «des années durant, des personnes malintentionnées ont utilisé le secteur de l'immobilier pour investir leur argent mal acquis». Le monopole des spéculateurs a, par conséquent, diminué et la valeur des biens avec, a-t-il expliqué. Par ailleurs, maître Akdouche soutient que la chute des transactions immobilières «s'est certainement aggravée avec l'apparition de la crise sanitaire dont les préjudices continuent de se faire ressentir». Comme maître Akdouche, d'autres notaires dressent le même constat et affirment qu'actuellement, le marché de l'immobilier n'est pas du tout propice à la vente et à l'achat. Maître Kaci explique que l'état des lieux de ce secteur dissuade plus d'un investisseur à engager une quelconque opération. «Les Algériens refusent d'investir, car ils savent pertinemment que l'achat et la vente de biens immobiliers ne sont plus une garantie pour doubler leurs bénéfices, bien au contraire», a-t-il souligné. Ce dernier précise, néanmoins, que, certes, il y a stagnation du marché, «mais il serait exagéré de parler tout de suite d'effondrement». Le secteur se maintient tant bien que mal, «à travers les transactions effectuées grâce aux locations». Dans le même esprit, les membres de la Chambre des notaires l'affirment : «L'ère des prix exorbitants de l'immobilier en Algérie est révolue.» D'après eux, «le choc est d'autant plus grand pour les agents immobiliers dont beaucoup confirment, qu'à l'exception de quelques renouvellements de bail, il n'y a pas eu de vente ni d'achat de maisons depuis un certain moment». Pour sortir de l'impasse, ils préconisent la prise de mesures urgentes telles que «l'atténuation des taxes pour ces établissements relevant du secteur, en vue de les aider à se relever et à s'en sortir avec le moins de pertes éventuelles». M. Z.