Le baril de pétrole continue à tenir le haut du pavé, toutes matières premières confondues. Globalement, ce sont les prix de l'énergie qui voient leur tendance haussière chaque jour un peu plus renforcée, les données géopolitiques favorisant au plus haut point les craintes d'une offre restreinte, pour le pétrole et le gaz notamment. «Le marché du pétrole se dirige simultanément vers de faibles stocks, une faible capacité de réserve et un faible investissement continu dans la nouvelle production, ce qui pourrait entraîner une hausse des prix du brut», écrivait hier une éditorialiste américaine spécialiste des questions pétro-gazières. Un postulat qui résonne tel un rappel si besoin est que tous les indicateurs sont réunis pour augurer un renchérissement de l'or noir sur le marché mondial, plus tourmenté que jamais par la donne géopolitique. Une séquence haussière de plusieurs semaines maintenant qui fait qu'à Wall Street, désormais, le consensus est établi : le baril de Brent atteindra 100 dollars d'ici l'été. Après avoir brièvement affiché les 90 dollars la semaine dernière, le Brent s'est de nouveau échangé à plus de 90 dollars le baril, hier peu avant la mi-journée, porté par la situation toujours aussi tendue en Ukraine et une demande forte de la part des pays consommateurs. Le tout «encadré» par une offre toujours aussi restreinte et, qui plus est, partie pour demeurer pratiquement au même niveau puisque tous les observateurs s'attendent à un statu quo, mercredi, lorsque les 23 pays producteurs réunis sous la bannière d'Opep+ se retrouveront. A moins d'une surprise. En tous les cas, il est établi que les difficultés rencontrées par des producteurs au sein de l'Opep+ pour atteindre leur quota ne sont pas les seuls «fautifs» si le marché mondial n'est pas aussi bien alimenté en or noir. Le plus grand producteur de pétrole hors Opep - et le plus grand producteur de pétrole au monde - pompe moins qu'il ne le peut. En effet, la pression des actionnaires sur les compagnies aux Etats-Unis a augmenté, tout comme l'insistance pour que les entreprises se mettent au vert, que leurs opérations se soucient plus de l'environnement au lieu de chercher à extraire plus de pétrole et de gaz. En conséquence, les Etats-Unis pompent moins de pétrole qu'ils ne le peuvent. Une conjoncture à laquelle sont venues se greffer des tensions dans plusieurs parties du monde, mettant au devant des acteurs incontournables du marché mondial du pétrole et du gaz, la Russie, l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis. La Russie qui, de plus, se trouve au cœur de la crise du GNL qui frappe l'Europe depuis plusieurs mois maintenant. Du gaz algérien en Europe pour compenser le russe ? Une crise du gaz qui a vu le nom de l'Algérie être évoqué il y a quelques jours, lorsque de potentielles alternatives étaient mises en avant pour l'approvisionnement de l'Europe en gaz afin de compenser la défection des Russes. «L'an dernier, la Russie a fourni à l'Europe environ 175 milliards de mètres cubes de gaz. Elle est à la fois le premier exportateur de gaz au monde et le premier fournisseur de l'Europe. C'est pourquoi il est actuellement impossible de remplacer le gaz russe. Pour ce faire, il faudrait que quelqu'un d'autre augmente sa production dans les mêmes proportions», a confié Igor Iouchkov, analyste russe de la sécurité énergétique nationale, à la version francophone de l'agence multimédia Sputnik. Quid de la solution algérienne ? Tout autant que la Norvège, un moment évoquée pour compenser l'absence du gaz russe en Europe, la solution du recours au gaz algérien ne tient pas pour les experts russes puisque ces pays ne disposent ni de capacités de production supplémentaires, ni d'une infrastructure adéquate pour remplacer le gaz russe. «La production de la Norvège est en baisse et ce pays ne peut pas l'augmenter, tous ses gisements étant en déclin. Ainsi la Norvège ne sera pas en mesure de remplacer même une partie du gaz russe», explique l'analyste international Vladimir Demidov avant d'ajouter : «Il en va de même pour l'Algérie. Même si elle investit dans le développement de nouveaux gisements, il faut construire l'infrastructure.» Azedine Maktour