L'expression qui, selon le Larousse, daterait du Moyen Age, n'avait pas, à l'époque, la même signification qu'aujourd'hui. A cette époque, les auberges, où faisaient halte les voyageurs de passage, n'acceptaient que l'on y passe la nuit qu'à condition de s'y restaurer aussi. Leur étaient, ainsi, comptabilisés le gîte et le couvert. Aujourd'hui, en dormant, on oublierait que l'on n'a pas dîné et que l'on n'a pas eu faim. Avec le pouvoir d'achat qui aggrave la mal-vie, c'est la définition la plus récente qui s'adapte le mieux à la situation. On peut toujours assurer aux gens que la hausse des prix ne va pas durer, c'est un discours auquel les Algériens se sont familiarisés. Ils l'ont tellement entendu qu'ils n'y croient plus. Le consommateur prend son mal en patience avant d'exploser, et les barons qui contrôlent l'offre et influencent la demande ne donnent pas l'impression de craindre une quelconque sanction. Peu importe que les prix s'envolent au fur et à mesure qu'ils passent du producteur au mandataire, du mandataire au distributeur et du grossiste au détaillant. Toute la chaîne d'intervenants sait qu'elle retombera sur ses pieds, en faisant peser la différence sur les petites bourses. Les pressions du Parlement n'y font rien. Celles du gouvernement qui aborde un sujet après l'autre avant même que le précédent problème ait été bouclé, non plus. L'essentiel, c'est d'intervenir, de menacer, d'avancer une explication et son contraire et d'annoncer des représailles même si ces dernières n'ont aucun effet sur les affaires qui prospèrent en toute impunité. Les enquêtes annoncées pour dissuader les spéculateurs que rien ne semble pouvoir arrêter n'influencent pas plus ceux qui contrôlent les prix que ceux qui s'y mettent. Un ami lecteur a ironisé sur le fait qu'il fallait, toujours, plus de confort pour se mettre au travail. Comme si les résultats escomptés devaient, toujours, être conditionnés par une certaine aisance. Nul ne saura dire pourquoi un matin on se réveille prêts à relever ses manches et pourquoi un jour on décide de faire autrement. De mettre en berne la réflexion, le conseil et la contribution au développement. M. B.