La liberté des prix, concédée par l'Etat conformément au modèle d'économie de marché qu'il tente, tant bien que mal, d'asseoir, engendre de sérieux dysfonctionnements sur le marché national. Le créneau des fruits et légumes subit de plein fouet cette mesure. Les tarifs des produits agricoles ne pouvant être contrôlés, tel que le stipulent les dispositions de ce système économique, les commerçants, de détail notamment, fixent, à leur guise, leur marge bénéficiaire et pratiquent de ce fait une tarification qui dépasse de loin celle des grossistes. Ce qui provoque conséquemment, une flambée des prix privant une large frange de la population de plusieurs produits maraîchers. Or, la norme exige que la marge ne dépasse pas les 20% pour les légumes et 30% pour les fruits. Ce n'est pas la fourchette à laquelle s'astreint le détaillant. Au nom de la liberté des cours, ce marchand, une fois la marchandise acquise, augmente les prix de 50%, voire de 100% devant le regard apathique des contrôleurs et autres inspecteurs dépêchés par les services du ministère de tutelle sur les différents espaces commerciaux. La mission de ces agents se résume au contrôle de la qualité et à l'affichage des tarifs uniquement. Le reste n'est plus de leur ressort. D'autres facteurs liés entre autres, à une rareté des produits durant la période hivernale, provoquée par les intempéries et un manque flagrant de main-d'œuvre n'ont fait qu'intensifier cette hausse. Un paramètre et non des moindres, à savoir le monopole exercé sur les prix par les propriétaires de chambres froides, est également à l'origine de cette augmentation. Résultats des... courses, des prix de la pomme de terre se situant entre 100 et 120 DA le kilogramme. Le même tarif est affiché pour la tomate, les navets alors que le poivron et les petits-pois affichaient respectivement 120, 180 et 150 DA. Néanmoins, de la bouche d'un des représentants des mandataires, une légère baisse des prix commence à se faire sentir ces derniers jours. Aux environs de Rouiba, le tubercule était cédé hier par les marchands ambulants à 55 DA. À Hammadi, les petits-pois sont proposés, selon lui, à 100 DA, les cardes à 25 DA et le fenouil à 20 DA... Ce mandataire explique ce retour à la stabilité des tarifs par la fin de l'hiver et l'arrivée sur le marché de quantités suffisantes de la production agricole. Sur un autre registre, les mandataires refusent toujours de signer le nouveau cahier des charges consacré dans le décret exécutif n°13-111 du 18 mars 2013, paru au Journal officiel n°16 de l'année 2013. Ce texte stipule que l'activité de mandataire-grossiste en fruits et légumes est "soumise à une autorisation préalable délivrée par la Direction de wilaya du commerce, après souscription à un cahier des charges, à retirer et à déposer, après souscription, auprès de la même direction". Dans cette nouvelle réglementation, le mandataire est considéré comme grossiste. Notre interlocuteur récuse cette nouvelle appellation. Pour lui, "nous sommes mandataires et non grossistes. Nous n'achetons pas de la marchandise, nous la vendons au nom des producteurs", tient-il à préciser. Dans ce cahier des charges, il est exigé des mandataires de comptabiliser leurs opérations d'achats, ce qui signifie l'établissement de factures et donc une soumission aux impôts. "Comment exiger cela alors que nous ne réalisons aucune opération d'achat ?", s'interroge-t-il. Le mandataire, argue-t-il, n'achète pas les légumes et les fruits, il sert seulement d'intermédiaire pour leur revente aux commerçants en gros, moyennant une commission de 6 à 8% comme fixé par la loi en prélevant de ce taux 7% destinés aux impôts. "Dans le décret exécutif, nous sommes qualifiés de mandataires-grossistes. Or, nous ne pouvons pas être des mandataires qui vendent uniquement et en même temps des grossistes qui achètent et revendent. C'est contradictoire", affirme notre source. Cet ancien professionnel conteste aussi la disposition qui impose la location du local d'un mandataire décédé à une autre personne. Pour lui, la corporation exige que les membres de sa famille soient prioritaires pour l'exploitation du local. Ce sont les enfants des mandataires généralement qui assurent la relève, pour peu qu'ils soient du métier... B. K.