L'ombre de Tel-Aviv planera lourdement sur l'Organisation africaine ce début de semaine. Le 35e Sommet de l'UA s'ouvre en effet ce samedi à Addis-Abeba sur fond de divergences entre Etats africains sur la présence d'Israël en qualité de membre observateur. La question empoisonne déjà l'atmosphère au sein de l'Union africaine depuis l'été dernier, date de l'annonce de l'entrée d'Israël au sein de l'organisation continentale. Moussa Faki, président de la commission exécutive de l'UA, avait avalisé de manière unilatérale cette présence ce qu'ont contesté plusieurs pays, comme l'Algérie, l'Egypte et l'Afrique du Sud. Une coalition de sept pays, en tout, a alors adressé à Moussa Faki une demande de gel portant sur l'urgence d'un débat autour de cette question. Cela se fera durant les deux jours du sommet (les 5 et 6 février prochains). Les ministres des Affaires étrangères des Etats africains membres de l'UA se trouvent, quant à eux, depuis mardi à Addis-Abeba pour prendre part aux travaux de la 40e session du Conseil exécutif de l'Union africaine. Il s'agit d'une réunion traditionnelle programmée à la veille des sommets africains. Le ministère algérien des Affaires étrangères a publié un communiqué annonçant l'arrivée de Ramtane Lamamra en Ethiopie. Les termes de ce texte sont déjà très évocateurs de la sensibilité et de la particularité de cette rencontre. Elle englobe des enjeux «sécuritaires et politiques qu'impose la conjoncture», indique le communiqué en soulignant le rôle et «les efforts que fournit notre pays dans le but de préserver l'unité de l'organisation continentale et de la mettre à l'abri des tentatives visant à l'affaiblir et à la diviser». Des discussions bilatérales sont également au programme à la veille de ce sommet et l'Algérie ne cache pas qu'elle compte peser pour rassembler les points de vue et éviter surtout de trop grosses fissures au sein de l'organisation. Avec l'Afrique du Sud, l'Algérie a exercé de très fortes pressions pour inscrire la question de l'admission d'Israël durant ce sommet. Comme beaucoup, Alger œuvre également pour éviter une cassure trop profonde parmi les Etats africains. «Il faut espérer que le sommet marquera un sursaut salutaire d'une Afrique digne de son histoire et ne cautionnera pas une cassure irattrapable», déclarait à ce sujet le MAE algérien. «En octobre dernier, les MAE des pays membres de l'organisation africaine s'étaient déjà réunis pour débattre du sujet sensible. A son issue, Ramtane Lamamra a tenu des propos qui reflètent la gravité du moment : «Le débat de plusieurs heures que les ministres africains des Affaires étrangères viennent d'avoir sur la question controversée du statut d'observateur accordé à Israël par Moussa Faki a mis en évidence une profonde division des Etats membres de l'Union africaine», a-t-il fait savoir. Ciblé maintes fois par de vives critiques, Moussa Faki a gardé son mutisme habituel. Il est soupçonné d'avoir été actionné par les dirigeants de son pays (le Tchad) qui ont reçu au grand jour le chef du Mossad courant 2021. Ce dernier n'a pas caché l'intention d'Israël de renforcer sa présence en Afrique, considérant que sa présence au sein de l'UA était «naturelle». La «coïncidence» a voulu que le président de la commission exécutive de l'UA avalise, sans aucune consultation préalable avec les membres de l'UA, l'entrée de Tel-Aviv en qualité de pays observateur. Rabat a mené un travail de lobbying profond et acharné surtout pour parvenir à cet objectif aux côtés, bien sûr, des Etats africains avec lesquels Israël entretient de bonnes relations. Abla Cherif