A peine la déception de l'échec à la CAN-2021 consommée, les Verts se projettent sur le prochain rendez-vous, tout aussi capital, qu'est la qualification au Mondial du Qatar qui passe par le «barrage» face Cameroun, en mars prochain. Une échéance qui se prépare aussi bien par les acteurs que par les...spéculateurs de tout bord plus intéressés par le contenant que par le contenu. Belmadi doit-il changer sa méthode ou les hommes qui «pratiquent» sa méthode ? La question est posée dès lors que le groupe Algérie, champion d'Afrique il y a à peine trente mois et invincible depuis un peu moins de quarante-six mois s'est sabordé au sortir d'une campagne camerounaise autour de laquelle beaucoup de zones d'ombre persistent. Un tournoi africain qui a mis à nu des carences déjà présentes lors des différentes étapes positives traversées par les camarades de Mahrez. Aveuglés par les résultats positifs, Algériens que nous sommes avions fermé l'œil. Par correction envers une équipe qui continuait à gagner, certainement par euphorisme et beaucoup plus par crainte d'écorner un sélectionneur qui n'acceptait pas toutes les critiques. Et qui a fini par défendre un groupe qui ne répondait même pas à ses aspirations, ses attentes. Aujourd'hui, la gifle essuyée, il est peut-être temps de se réveiller et se dire que pour s'améliorer, il faut changer. Pas forcément en révolutionnant la méthode, probablement en effectuant quelques aménagements sur la composante. Une composante au sein de laquelle des compétences existent et par conséquent, il n'est pas si nécessaire d'aller piocher dans d'autres jardins ce qu'on peut cueillir dans son potager. C'est là où l'on trouve des solutions plus académiques car, chercher des « fusibles » de rechange ailleurs peut endommager la mécanique... Belmadi qui a préservé ses troupes et conservé ses troupeaux peut bien se passer d'un Slimani ou Bounedjah le temps d'un match, il ne pourra tirer que très peu de profit s'il venait à creuser des viviers qui ne fleuriront qu'après-coup. D'anciens «soldats» à rappeler ? Méthodique, Belmadi n'a pas joué le Don Quichotte aussitôt l'issue du match face à la Sierra Leone soldée. Il pouvait bien changer ses pions dans certains postes comme tenter le «coup de poker» Ammoura. Il ne l'a pas fait car il savait qu'une telle option pouvait détruire un investissement «longue durée». Le natif de Jijel a tout l'avenir pour lui et son intégration dans l'échiquier formé par Belmadi est un processus qui prendra le temps qu'il faut. Le propos du sélectionneur à son égard au sortir de la CAN a été défiguré de son sens, Belmadi n'a pas jugé Ammoura inapte pour les matchs de ladite compétition mais, en défendant son choix, il a protégé un joueur qui découvre peu à peu ce qui est le football de haut niveau. Quel que soit son niveau de jeu, l'ancien buteur de l'ES Sétif est en période d'apprentissage du nouveau monde qu'il a à peine découvert quand il a disputé ses premiers matchs africains avec le maillot de l'Aigle Noir. Lui faire comprendre qu'il est l'alternative immédiate au poste d'attaquant de pointe chez les Verts, à la place de Bounedjah ou Slimani, est une œuvre qui peut le détruire même si le coup d'essai peut s'avérer un coup de maître... C'est ainsi que Belmadi voit les choses. Mis à part les joueurs qui faisaient partie des effectifs régulièrement convoqués par ses prédécesseurs, dont certains ont été rapidement écartés de ses calculs, Belmadi a agi de cette manière pour insuffler le fameux souffle nouveau chez les Verts. Le cas du gardien Medjadel et avant lui ceux des défenseurs Bedrane, Touba et Helaïmia ainsi que des médians Boudaoui, Zorgane et Zerrouki illustrent parfaitement sa philosophie en la matière. Ce sont des éléments qui ne manquent pas de talent mais qui doivent savoir attendre. Aujourd'hui, Belmadi a certes besoin de nouvelles cartouches qui peuvent atteindre la cible. Mais celles-ci doivent disposer d'un certain vécu sur les terrains d'Afrique et sous d'autres cieux. Elles sont peu nombreuses, admettons-le. L'actualité récente des Verts d'Europe, et faute d'alternatives sérieuses et solvables sur le plan local, nous mène vers ce regain de forme d'Ishak Belfodil et de Nabil Bentaleb au sein de leurs clubs. Mais est-ce marquer un but et faire une passe D sont des garanties suffisantes pour que Belmadi opte pour le come-back de ce duo qui n'a plus réapparu sous le ciel des Verts depuis trois ans ? Cette question est aussi valable pour ceux qui répondent que la solution aux problèmes de la pointe de l'attaque algérienne est le retour de Delort que Belmadi a banni de ses listes à partir du moment où le néo-niçois a fait le choix de privilégier sa carrière en club. Le grâcier ouvrerait la voie à des turbulences que tout le monde connaît mais que personne d'autre que Belmadi n'assumera. Un Belmadi qui a clairement fait savoir qu'il mourra avec ses idées, et que tant qu'il n'est pas mort, il y a de l'espoir. M. B.