Coup d'arrêt au processus de validation du statut d'observateur d'Israël au sein de l'Union africaine. La belle affaire ! Tel-Aviv est déjà membre à part entière de l'UA. Wakha moulay ! Un moment, je me suis dit en mon for intérieur, en mon for très intérieur, «il faut te soigner !». Sauter le pas et aller enfin consulter un psy. Faut vous dire que je me soupçonne de souffrir de paranoïa sévère. Prenez cette histoire qui m'a replongé douloureusement dans ma pathologie : le moindre tag, la plus petite croix gammée barbouillée sur une tombe israélite, des fois même pas par des groupuscules néo-nazis, non, mais juste par un SDF, poivrot et en burnout, et hop ! C'est le branle-bas de combat. L'artillerie des chaînes d'info continue se déchaîne, les warnings sont allumés pleins phares et les sirènes de la République en danger trouent les oreilles. Et là, presque accidentellement, en parallèle invisible, j'apprends qu'une stèle dédiée à l'Emir Abdelkader, sur le point d'être inaugurée, a été vandalisée. Silence radios. Silence Télés. Silence papiers. Silence-silence ! Je fouille, je farfouille, je cherche, je dissèque même les podcasts et ... toujours rien ! Vous comprenez alors mon désarroi ! Si ! Si ! C'est moi, le grand malade qui voit des trucs louches un peu partout et cherche la petite bête vicieuse sous la statue ! Chez moi, à la maison, compatissants et tout de même inquiets de mon état, les miens ont, eux aussi, cherché dans les J.T, scanné la toile, et je n'ai dû mon salut mental à leurs yeux que lorsqu'ils sont tombés sur cette déclaration de l'ambassadeur d'Algérie en France qui a dénoncé la dégradation du monument Emir Abdelkader, évoquant sans ambages un acte d'une «bassesse inqualifiable». Faut-il alors que Mohamed Antar Daoud consulte lui aussi un psy ? Plus largement, tous mes compatriotes qui ont croisé accidentellement cette information sont-ils fous à lier, des délirants schizophréniques, tout juste bons à interner ? Ça va faire du monde sur le divan ! Ce qui, en soi, est une bonne nouvelle pour la corporation des psys, mais une moins bonne pour les chiffres de la folie en Dézédie. Sommes-nous tous fous d'établir ce parallèle entre les traitements différenciés du vandalisme des sépultures israélites ou bouddhistes et celui d'une stèle-hommage à une figure historique algérienne, l'Emir, fondateur - quoi que puissent en penser Manu et Eric - de l'Etat moderne d'Al-Djazaïr ? Plus je réfléchis à mon planning de demain, et à la nécessité d'y caler un rendez-vous chez le médecin, plus je prends peur. Pour peu que mon praticien soit sur le point de quitter l'Algérie, de rejoindre les berges de Fafa, ne risque-il pas de m'accuser de faire dans la «rente mémorielle» avec cette histoire de l'Emir ? Consterné par cette perspective, je biffe alors rageusement sur mon agenda la ligne mentionnant ma séance psy et me résigne à une petite vengeance ? Sur vous, amis lectrices et lecteurs ! Allah ghaleb ! Vous êtes et serez condamnés à me supporter encore en l'état, moi le parano invétéré, rongé par l'aigreur et n'ayant rien d'autre à faire de mes journées que de jauger les vandalismes en fonction de leur «popularité» et de leur droit d'accès, ou pas, au prime-time de l'Histoire. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L .