Par rapport � l�article �Les questions linguistiques sont complexes� de M. M. A�t Ouahioune, paru dans Le Soir d�Alg�rie du 11 octobre 2010, je voudrais faire deux observations : I- L�auteur de cet article souligne le r�le de la langue maternelle dans l�acquisition des langues secondes, mais sans l�expliquer. La langue � l��cole a fait l�objet de plusieurs articles en Alg�rie, rappelant (vainement donc) la mission de l��cole. Cette mission consiste en l�acc�s � l��crit, afin de pouvoir aller plus loin. L�acquisition de toute langue maternelle, l�oral, contribue, outre l�exp�rience, � pr�parer l�enfant � l�acquisition de l��crit, quelle que soit la langue consid�r�e. En Alg�rie, une g�n�ration a poss�d� la langue fran�aise sans l�avoir apprise comme langue maternelle. Les th�ses d�acquisition et du d�veloppement cognitif ne distinguent pas l�enfant par sa nationalit� ni par son niveau socio�conomique et culturel. Qu�il soit Chinois, Alg�rien ou Russe, qu�il soit issu d�un milieu instruit ou analphab�te, riche ou pauvre, l�enfant se d�veloppe de la m�me fa�on et il est capable, si on le lui permet, d�acc�der � n�importe quelle langue �crite et avec engouement. Les r�gles de l��crit (le texte d�auteurs consacr�s), que l�enfant est pr�t � recevoir � l��ge scolaire, sont elles-m�mes d�ordre cognitif : argumentation, coh�rence, coh�sion, discursivit�, implicite, redondance� C�est � ce titre que les psycholinguistes expliquent que lorsque ces r�gles sont ma�tris�es dans une langue, il y a transfert des comp�tences cognitives, par-l� acquises, vers toutes les autres langues. Le probl�me se situe donc au niveau de l�objectif de l��cole alg�rienne, lequel n�est pas l�acc�s � l��crit. Ce qui est enseign�, c�est un oral pr�-fabriqu� et non la langue �crite, comme cela se fait dans toutes les �coles du monde. Il est donc clair qu�il s�agit d�une discrimination que de vouloir maintenir l��colier alg�rien dans sa langue orale, alors que, physiologiquement, il est pr�t � �voluer et � recevoir autre chose, une chose diff�rente de ce qu�il poss�de d�j�, une chose plus complexe. La langue �crite porte la science. Les revues scientifiques, les romans � ne sont pas �crits en langue orale. Il faut donc bien acqu�rir cet �crit un jour et selon des th�ories universelles ! Sinon, est-ce que M. Eliman (cit� comme auteur majeur dans l�article) a lui-m�me �tudi� � l��cole le �maghribi� pour acqu�rir son niveau d��criture ? Voudrait-il bien nous proposer sa th�se en maghribi, afin que nous jugions sur pi�ces ? Ne serait-il donc pas plus judicieux de voir en quoi la p�dagogie scolaire alg�rienne diff�re des p�dagogies des autres pays ? II- Le crit�re neuropsychologique rel�ve, lui aussi, d�une question de sp�cialistes. L�h�misph�re mineur g�re non pas l�acquisition des langues secondes, mais tout ce qui ne se verbalise pas (exemples : espace, reconnaissance des visages). La motricit� du langage oral est log�e dans l�h�misph�re gauche. L��crit, lui, est log� dans les lobes occipitaux. En 1900, les anatomistes comme l�iconoclaste Pierre Marie ont commenc� � r�viser cette cartographie neurologique, selon laquelle chaque aire corticale commanderait une fonction cognitive particuli�re. L�associationnisme devint alors relativis�. En 1915, le neurologue John Hughlings Jackson a ouvertement unifi� le r�le du cerveau dans la gestion de nos cognitions. Nous avons nous-m�mes contribu� � cette th�orie unificatrice en introduisant la crit�riologie de la psychologie cognitive, dans notre approche des troubles du langage acquis suite � une l�sion c�r�brale (1986) et aujourd�hui les neurosciences mettent en avant le connexionnisme. N. Z. Biographie Nacira Zellal, professeur des universit�s, expert international en neurosciences, d�partement de psychologie, des sciences de l'�ducation et d'orthophonie, facult� des sciences humaines et sociales, directrice de recherches fondatrice-directrice du Laboratoire sciences du langage - neurosciences cognitives - communication (Slancom), universit� d'Alger 2.