Jour de l�A�d El-Kebir. 6 h du matin pass�es de quelques minutes. La procession des premiers citoyens vers la mosqu�e du quartier a d�j� commenc�. Individuellement ou en bin�me, v�tus d�habits blancs traditionnels ou surmont�s d�un turban import�s d�Arabie saoudite, ils sont de plus en plus nombreux � cheminer ainsi vers l�accomplissement de la pri�re de l�A�d. A l�inverse, pour d�autres citoyens, il s�agit de l�heure de d�part vers leur lieu de travail, m�me en ce jour de f�te. Meriem Ouyahia - Alger (Le Soir) -Astreint de fonctionner. C�est le cas de Salah, m�decin de formation et responsable du bureau d�hygi�ne de l�une des plus peupl�es communes de la capitale, Sidi-M�hamed en l�occurrence. Pour lui, cette journ�e, il l�a vivra sur le qui-vive. Contrairement � ses voisins, les jours de f�te pour ce m�decin g�n�raliste quadrag�naire, l�A�d El-Adha plus particuli�rement, sont synonymes de travail. Durant toute la matin�e et une partie de l�apr�s-midi, il va sillonner, en compagnie d�une �quipe de v�t�rinaires, les art�res de sa commune � l�inspection des carcasses de mouton et autres abats. A quelques dizaines de kilom�tres d�ici, le Dr M. Soraya, jeune r�sidente en gyn�cologie au service maternit� d�un grand h�pital de la banlieue alg�roise, encha�ne d�j� sa neuvi�me heure de garde. Normalement, elle devrait terminer � 10h. Mais manque de peau, sa rempla�ante a averti la veille qu�elle ne viendrait pas. Astreinte � faire d�interminables gardes, Soraya doit assurer en plus la continuit� du service. �Pour moi, il est inimaginable d�abandonner des femmes sur le point d�accoucher�, nous dit-elle, d�pit�e � l�id�e de ne pouvoir �tre chez elle � l�heure du d�jeuner familial. �Avant, je n�aurais pour rien au monde rat� le traditionnel regroupement familial chez la grand-m�re. Malheureusement, depuis que j�exerce il m�arrive souvent de le vivre en diff�r�, regrette Soraya avant d�encha�ner �C�est chaque fois pareille, sous pr�texte que nous r�sidons � Alger, nous sommes astreints garantir le service pendant que les coll�gues des autres villes partent savourer les f�tes en famille�. Salah, lui, est d�j� pass� par l�. Les f�tes rat�es, il ne les compte plus. Il est bien heureux des missions d�inspection des moutons. Pire que les maternit�s, il avait v�cu, durant les ann�es 90, des f�tes en exer�ant dans le service des urgences de l�h�pital Mustapha-Pacha, dans une polyclinique au boulevard Krim- Belkacem (ex-T�lemly) et une autre � Diar El-Chems. Des journ�es extensibles � l�infini dans des services � l��poque d�pourvus et o� se d�versaient tous les exc�s des citoyens. �V�tos� et m�decins : �tat d�alerte Malgr� la multiplication des campagnes de sensibilisation ces derni�res temps, notamment pour la reconnaissance et le comportement � adopter face � la pr�sence d�un kyste hydatique, les citoyens manquent encore de discernement. Entre le p�re de famille ou le grand fr�re qui pr�f�re jouer la prudence et la maman qui ne veut pas voir son �osbane� amput� du poumon de l�agneau, l�arbitrage est souvent confi� au v�t�rinaire. El-Hadi en fait partie. Pour couper court au doute, il a vid� une bouteille de Gr�sil sur la partie soup�onn�e et a poursuivi sa �besogne� du jour devant le regard r�sign� de sa m�re qui voulait en r�cup�rer ne serait-ce qu�un morceau. Il faut reconna�tre qu�� 34 000 DA le mouton, chaque partie vaut son pesant de dinars. Les v�t�rinaires tombent aussi sur des cas amusants comme ce jeune homme, r�cemment mari� et nouveau venu au club des �sacrifieurs� qui, en tombant sur la poche d�urine, l�a prise pour un kyste. �C��tait moins une et il aspergeait sa carcasse d�urine�, rit encore Salim, v�t�rinaire relevant d�un abattoir limitrophe venu pr�ter main-forte en ce jour exceptionnel. De l�autre c�t� d�Alger, au niveau de la maternit� o� exerce Soraya, ce n�est pas tout � fait le m�me rythme. En habitu�e de ce genre de journ�e, notre interlocutrice dit s�attendre au rush en d�but d�apr�s-midi. �Ce sont les urgences qui vont gal�rer�, nous lance-t-elle en souvenir des jours de r�sidente en m�decine avant d�entamer la sp�cialisation. �En maternit�, c�est un autre rythme. Les gens ont plut�t h�te de rentrer chez eux avec le nouveau- n�. Durant la matin�e, on a sign� beaucoup de billets de sortie �, nous dit-elle. L� aussi, le constat amus� n�est jamais loin. Mlle Soraya nous fait observer que contrairement aux autres jours, durant l�A�d El- K�bir, les hommes paraissent press�s de retourner chez eux. Soraya est formelle : �Ils rebroussent chemin d�s qu�ils d�posent leurs �pouses. A croire qu�ils ont laiss� le bouzellouf sur la braise ou la douara sur le feu.� Mais, pour elle, ce n�est pas si mal car, au fond, cela leur permet de travailler dans le calme. Soraya a vu juste. 14h, des v�hicules franchissent en trombe l�entr�e de l�h�pital. Dans l�ensemble, ce sont des personnes atteintes de maladies chroniques qui ne s�astreignent pas � leur r�gime alimentaire. Diab�tiques, hypertendus mais aussi des personnes en bonne sant� qui exag�rent dans leur consommation mais le regrettent tr�s vite. Astreinte : que pour les fonctionnaires Si les associations de commer�ants, minist�re du Commerce, walis et autres P/APC ont multipli� les appels pour la continuit� des prestations de base, il n�en demeure pas moins que les seuls � s�y �tre vraiment manifest�s sont ceux �margeant � la Fonction publique. Les m�decins, les travailleurs post�s, les policiers, les v�t�rinaires� ont sacrifi� leur f�te pour assurer la continuit� du service. En revanche, comme cela est devenu coutumier, il �tait quasiment miraculeux de trouver une boulangerie, un �picier ou ne serait-ce qu�un transporteur � � l�exception de l�entreprise publique Etusa � qui garantissent les prestations n�cessaires. �J�ai un enfant asthmatique. Je viens de faire 40 km et je n�ai pas trouv� la moindre pharmacie ouverte pour acheter de la Vantoline. Heureusement que les h�pitaux travaillent�, tance un p�re, exc�d� par la d�mission g�n�rale les jours de f�te. Fay�al, lui, est rentr� au pays passer les f�tes en famille. Pris d�une rage de dent, il n�arrive pas � trouver un dentiste et l�, m�me les h�pitaux n�y peuvent rien. �On n�op�re pas les jours f�ri�s et les veilles de week-end�, lui a-t-on r�pliqu�. Deux cas parmi tant d�autres qui rappellent, si besoin est, que la probl�matique de la continuit� du service reste enti�re et encore insoluble. Mais pour le reste saha A�dkoum surtout quand il est accompagn� d�un joli long weekend. �Pont� oblige, patienter encore 48 heures avant de retrouver un rythme presque� normal.