De notre bureau de Paris, Khedidja Baba-Ahmed Les propos de Charles Millon tenus devant le juge sur l�affaire Karachi sont un v�ritable s�isme. La droite, m�me celle aux affaires aujourd�hui, et y compris le chef de l�Etat sont �voqu�s dans le rebondissement de cette affaire qui aurait conduit � l�attentat contre des Fran�ais. C�est une v�ritable lev�e de boucliers de la part des familles de victimes et de l�opposition qui demande la lev�e du secret d�fense sur cette affaire, qui n�a pas encore livr� tous ses secrets. Charles Millon, l�ancien ministre de la D�fense de Jacques Chirac, a fait de fracassantes et graves r�v�lations au juge qui enqu�te sur les attentats de Karachi : il s�est dit �intimement convaincu de l�existence de r�tro-commissions dans le contrat de vente de sous-marins fran�ais au Pakistan, sign� en 1994. Une affaire pas tr�s simple, des soup�ons nombreux, la mort de Fran�ais en repr�sailles, dit-on. Sur quels faits repose cette affaire ? Pour faire bref, le 8 mai 2002, une op�ration kamikaze fait 15 morts, dont 11 Fran�ais. Les victimes fran�aises �taient des ing�nieurs ou techniciens de la direction des constructions navales et travaillaient � la fabrication de trois sous-marins Agosta vendus par la France au Pakistan pour un montant de 850 millions d�euros. Dans une premi�re phase, cet attentat a �t� attribu� � Al- Qa�da, d�autant qu�il intervenait huit mois � peine apr�s ceux du 11 septembre aux Etats-Unis. Avec l�arriv�e en 1995 de Chirac au pouvoir, le nouveau pr�sident avait alors demand� � Charles Millon, son ministre de la D�fense de mai 1995 � juin 1997, de proc�der � la r�vision des contrats d�armement en mettant fin aux commissions et de v�rifier s�il existait des indices sur des r�trocessions en faveur d�hommes politiques fran�ais, dans la passation de ces contrats. En 2008, des perquisitions au si�ge de cette direction des constructions navales auraient permis de trouver des documents faisant �tat de commissions vers�es en marge de contrat de vente d�armes, alors que la pratique avait �t� abandonn�e ; mais mieux encore, la justice s�interroge, depuis, sur l�existence de r�tro-commissions li�es � la vente de sous-marins au Pakistan et qui auraient �t� destin�es au financement de la campagne pr�sidentielle d�Edouard Balladur en 1995, campagne dont Nicolas Sarkozy �tait le porte-parole en m�me temps qu�il occupait le portefeuille du budget dans le gouvernement Balladur. En fait, la fin des commissions et r�tro-commissions promises au Pakistan par Edouard Balladur et arr�t�e sur ordre de Chirac aurait sonn� le glas : en repr�sailles, le Pakistan et tout ce qu�il compte comme barrons arros�s du syst�me et bras arm�s islamistes ou pas aurait commis l�attentat de Karachi pour se venger de l�arr�t de leur d�. �Un d�p�t d�argent liquide de 10 millions de FF avait effectivement �t� effectu� sur le compte de campagne de Balladur, mais ce dernier et ses services auraient expliqu� que ce serait l� le produit de ventes d�articles publicitaires, ce qui n�avait convaincu personne et en premier lieu les familles des victimes de l�attentat et les juges qui enqu�tent encore sur cet attentat. Les rapporteurs du Conseil constitutionnel, qui avaient propos� de rejeter les comptes de campagne de Balladur, n�avaient pas �t� suivis par le Conseil, pr�sid� alors par� Roland Dumas et qui adopta ces comptes. Jean-Louis Debr�, actuel pr�sident de ce conseil, a lui aussi toujours refus� au juge le contenu des d�lib�rations sur ces comptes, au motif �qu�elles sont soumises au secret des d�lib�r�s �. Or, depuis mercredi, la donne a chang� et au lieu de soup�ons, les faits, au plus haut niveau, semblent se pr�ciser : �Pour le contrat de Karachi, au vu des rapports des services secrets et des analyses qui ont �t� effectu�es par les services du minist�re de la D�fense, on a eu une intime conviction qu�il y avait r�tro-commissions�, a d�clar� au juge mercredi Charles Millon, et ajoute : �Des traces de ces r�tro-commissions avaient �t� retrouv�es en Espagne, en Suisse, � Malte et au Luxembourg.� �Dominique de Villepin, alors secr�taire g�n�ral de l�Elys�e, �tait tenu r�guli�rement inform� des investigations effectu�es alors�, explique-t-il encore. Face � cette v�ritable bombe, les familles comme l�opposition demandent la lev�e du secret d�fense en relation avec cette affaire. Elles demandent en plus que le pr�sident Sarkozy, qui ne peut ignorer tous les dessous de cette affaire, puisqu�il assurait la pr�sidence de la campagne de Balladur, puisse �tre entendu en tant que t�moin. Cette demande a peu de chance d�aboutir, le pr�sident �tant couvert par l�immunit� pr�sidentielle, pouvant tout � fait l�galement refuser d��tre entendu.