Magistrale �tait la plaidoirie de Me Mokrane A�t Larbi, hier, quatri�me jour du proc�s des ex-cadres de la Cnan. Ainsi, l�avocat des pr�venus Ikhedelane et Zaoui a, cinquante-cinq minutes durant, tenu en haleine l�assistance. Sixi�me avocat � intervenir sur la douzaine assurant la d�fense des six cadres de la Cnan, Mokrane A�t- Larbi a donn� aux plaidoiries une dimension � la hauteur de l��v�nement. Abder Bettache - Alger (Le Soir) - Les plaidoiries des avocats de la d�fense entam�es en fin de soir�e de jeudi dernier ont �t� notamment marqu�es par les interventions des Mes Miloud Brahimi, Lazhar Khemkhem, Larbi Zaidi et Amara Mohc�ne. Les quatre avocats ont tour � tour battu en br�che les griefs et autres chefs d�inculpation contenus dans l�arr�t de renvoi. En effet, les premi�res plaidoiries ont donn� le ton de ce que sera la suite de l�intervention de la d�fense. L�enjeu �tait de taille : il fallait battre en br�che l�accusation et �vacuer ainsi les demandes du repr�sentant du minist�re public. Ce dernier, faut-il le rappeler, avait quelques minutes auparavant, requis la perp�tuit� � l�encontre de l�ex- Pdg de la Cnan, Ali Koudil, et quatre de ses collaborateurs. Le sixi�me pr�venu Sidi Driss en l�occurrence, a vu le repr�sentant du minist�re public requ�rir contre lui deux ann�es de prison ferme. L�intervention de celui qui est consid�r� comme le doyen des avocats de la d�fense, en l�occurrence Me Miloud Brahimi, a �t� l�un des moments forts de ce proc�s. Assurant la d�fense de l�ex-P-dg de la Cnan, Me Miloud Brahimi n�y est pas all� par trente-six chemins pour mettre � nu l�accusation. Pour lui, �les responsables de ce drame sont � chercher ailleurs�. Lui succ�dant, Me Khemkhem, consid�r� comme l�un des sp�cialistes du code maritime, a ax� sa plaidoirie sur le droit en expliquant au tribunal criminel le �r�le de chaque intervenant de la fa�ade maritime�. C�est dans cette optique qu�il a d�fini d�une mani�re pr�cise le �r�le assur� par les cadres de la Cnan poursuivis dans cette affaire�. En un mot, il dira que �ni Koudil ni les autres pr�venus n�ont le statut d�armateur�, tentant ainsi d��vacuer l�accusation telle que d�finie dans l�article 479. �Sur quelle base a-t-on prononc� le non-lieu pour l�officier des gardes-c�tes ?� M�me ton pour les avocats Zaidi et Amara. Ces derniers faisant partie du collectif des avocats de Ali Koudil ont confort� la th�se, jusque-l� cr�nement soutenue par leurs pr�d�cesseurs. En somme, tant Zaidi Larbi qu�Amara Mohc�ne ont indiqu� haut et fort que �les six cadres de la Cnan ne sont nullement responsables du naufrage du navire B�charet de l��chouage du Batna�. Mais il n�en demeure que la plaidoirie de Mokrane A�t- Larbi a �t� l�un des faits marquants de ce quatri�me jour du proc�s. Ainsi, il indiquera d�embl�e que la �probl�matique n�est pas dans le drame lui-m�me, mais plut�t dans la d�finition des responsabilit�s de ce drame�. L�avocat de Zaoui et Ikhedalene a soulev� des questions, tout en demandant � la composante du tribunal criminel de r�pondre si �les six cadres de la Cnan sont v�ritablement la cause du naufrage du B�charet de la mort des seize membres de son �quipage.� �Pourquoi a-t-on attendu 70 jours pour d�cider des poursuites judiciaires, inculper les cadres de la Cnan et les jeter en prison ? Le dossier en question a-t-il �chapp� � la justice ? Ce sont des questions que je me pose, et c�est l�gitime de ma part de soulever ces zones d�ombre�, explique-t-il. Dans la salle, le silence est total. Le pr�sident du tribunal criminel suit avec une attention particuli�re la plaidoirie de l�avocat. Ce dernier, sur qui tous les regards sont braqu�s, monte en puissance pour ajouter : �L�enqu�te administrative a �t� men�e par des personnes impliqu�es directement dans le drame. Ainsi, la question qu�il fallait poser est de savoir pourquoi il y a eu mort d�homme ? Pourquoi ne les a-t-on pas sauv�s ? Pourquoi n�a-t-on pas fait appel � l�h�licopt�re au moment opportun ?� Mieux encore, il s�est demand� �sur quelle base la chambre d�accusation a prononc� le non-lieu pour l�officier de permanence des gardes-c�tes ? Ma question est toute simple : qui a voulu attribuer la responsabilit� � Ali Koudil et � ses collaborateurs ?� �Merci � la justice de m�avoir priv� de voir mon fils Ali� L�avocat poursuit sa plaidoirie sous le regard attentif du pr�sident du tribunal criminel, de ses deux conseillers et des membres du jury. Il pousse plus loin son argumentaire et d�clare : �Le probl�me de ce drame est la d�faillance de l�ex�cutif. Et l�, il refuse de l�admettre ou d�en �voquer la situation.� Suite � �a, l�avocat a donn� comme exemple le cas de l�affaire Sider. Il rappellera au pr�sident du tribunal �la d�cision prise par le gouvernement de convoquer en tant que t�moin l�actuel Premier ministre qui �tait du chef de gouvernement au moment des faits ou encore le g�n�ral Betchine, en sa qualit� de conseiller du pr�sident de la R�publique. Il n�y avait pas le feu � la maison. Ahmed Ouyahia avait t�moign� et a indiqu� que les cadres de Sider �taient victimes du passage d�une �conomie centralis�e � une �conomie de march�. A sa sortie du tribunal, il a salu� les pr�venus. Ces derniers, en appel, ont �t� acquitt�s.� Avant de terminer son intervention, A�t-Larbi parle du P-dg de la Cnan. Il dira que �durant sa d�tention, la m�re de M. Koudil �tait mourante et � chaque fois qu�elle demandait � voir son fils on lui disait qu�il �tait � l��tranger, mais on a fini par lui dire qu�il est en prison. Deux jours avant son d�c�s, elle dit � son fils a�n� ��la justice de mon pays m�a priv� de voire mon fils Ali avant ma mort��.� Dans la salle, c�est la consternation. L�ex-P-dg de la Cnan �clate en sanglots et baisse la t�te. A�t-Larbi quitte la barre. Zoubir Allouche, Khaled Bourayou, Ali Ameziane lui succ�dent. Dans l�apr�s-midi, Ch�rif Chorfi conclut les plaidoiries. Son intervention se terminera par les applaudissements de l�assistance. La d�fense a marqu� des points et a plaid� l�acquittement. La s�ance est lev�e. Les d�bats se poursuivront aujourd�hui. Le verdict sera connu aujourd�hui tard dans la soir�e.