La controverse autour de la personnalit� et des r�alisations du pr�sident Houari Boumedi�ne est rest�e vive, trente-deux ann�es apr�s sa disparition. Si certains lui vouent toujours v�n�ration excessive, c�l�brant en lui le �grand homme d�Etat�, d�autres, en revanche, poursuivent, certains de lui porter la critique � raison, de l�accuser de moult torts. Sofiane A�t-Iflis- Alger (Le Soir)- La parution au cours de l�ann�e 2010 du livre de Sa�d Sadi Amirouche : une vie, deux morts, un testament a fait appara�tre la controverse autour de la personnalit� de Boumedi�ne dans toute son �tendue. Thurif�raires patent�s et autres bonimenteurs nostalgiques s��taient prestement post�s en sentinelles- gardiennes de la m�moire du d�funt Boumedi�ne qu�ils jugeaient offens�e par le contenu d�un livre qui restitue le portait d�un homme d�Etat dramatiquement faillible. Le d�bat-pol�mique qui a suivi la parution de l�ouvrage fouill� de Sa�d Sadi fera date. Ali Mebroukine et Mourad Benachenhou, pour ne citer que les plus assidus � porter la contradiction � Sa�d Sadi, tenteront, au fil de leurs interventions m�diatiques, de mettre Boumedi�ne hors d�accusation dans ce qui est arriv� � la d�pouille du colonel Amirouche, s�questr�e durant plus de vingt ans dans les soussols de l��tat-major de la Gendarmerie nationale. Et, opportun�ment, l�un comme l�autre s�essaieront � f�conder l�id�e que globalement le r�gne de Boumedi�ne fut, quoi que disent ses d�tracteurs, positif. Mais ni l�un ni l�autre ne conteste le fait que la d�pouille du colonel Amirouche ait �t� s�questr�e durant longtemps, pendant que Boumedi�ne officiait en tant que chef d�Etat. V�rit� au demeurant attest�e, ils ne pouvaient, on l�imagine, l�occulter, quitte � souffrir de manquer d�arguments tangibles � opposer � Sa�d Sadi qui, lui, a accus� Boumedi�ne d��tre derri�re la mort symbolique du colonel Amirouche. Outre cette gravissime offense faite � l�un des plus glorieux h�ros de la r�volution, le pr�sident Boumedi�ne, d�c�d� le 27 d�cembre 1978, ne s�est pas vu tailler des lauriers s�agissant du r�gime politique qu�il a incarn�, encore moins de ses choix �conomiques. Ali Kafi, l�ancien pr�sident du Haut- Conseil d�Etat (HCE), qu�on ne peut pas soup�onner d�entretenir des atomes crochus avec Sa�d Sadi, est de ceux qui pensent que la gouvernance de Boumedi�ne a �t� d�sastreuse pour le pays. (�.) Celui qui a rendu l�Alg�rie malade, c�est Boumedi�ne, il nous a laiss� un h�ritage d�sastreux qui nous gouverne actuellement�, l�chait-il, sentencieux, le 7 mai 2010. Cette sentence lui valut des r�pliques enflamm�es de ceux qui estiment toujours Boumedi�ne au-dessus de toutes critiques, qui pensent que ses choix �conomiques notamment �taient salvateurs. Ceci m�me si la fameuse politique d��mulation suivie en mati�re d�industrie s�est av�r�e �tre un �chec patent. La controverse est aussi de mise autour du r�gime politique qu�il a institu�. Il y a ceux qui consid�rent que la poigne de fer et le b�illonnement de l�expression plurielle durant les ann�es de magistrature de Boumedi�ne �taient un mal n�cessaire, de surcro�t pour un pays qui venait de se lib�rer du joug colonial. D�autres, moins enclins � lui trouver des circonstances att�nuantes, n�h�sitent pas, en revanche, � l�accabler pour avoir �rig� cette dictature. Une dictature qui a vu Krim Belkacem assassin� le 18 octobre 1970 � Frankfurt et Mohamed Khider subir le m�me sort le 10 mars 1976 � Madrid. Une dictature dont ont eu � p�tir Ferhat Abbas, Benyoucef Benkheda, Hocine Lahouel et Mohamed Kheiredine, mis en r�sidence surveill�e durant une ann�e (de 1976 � 1977) pour avoir publi� un manifeste d�non�ant le pouvoir personnel de Boumedi�ne. La controverse a toujours lieu aussi � propos du renversement, le 19 juin 1965, du pr�sident Ahmed Ben Bella. Certains applaudissent encore au �redressement r�volutionnaire �, d�autres d�noncent �le coup d�Etat militaire �.