Des centaines d�Alg�riens et d�Alg�riennes ainsi que des touristes europ�ens ont eu la chance de dire adieu de la plus belle mani�re � l�ann�e qui s�est achev�e. Ils ont �galement v�cu le 365e coucher de soleil de 2010 de la fa�on la plus originale. Ils ont savour� chaque instant de la fin des lumi�res de l�ultime journ�e de la premi�re d�cennie du vingt-et-uni�me si�cle. Ils ont eu le privil�ge de grimper � des centaines de m�tres sur la plus belle dune au monde. Cette majestueuse dune, qui veille comme le ferait un titan, sur la pittoresque oasis de Taghit dans le sud de la wilaya de B�char, s�habille, � chaque fin de journ�e, d�un voile aux couleurs de la braise. Ce tableau sublime est la cons�quence du contraste des rayons du soleil heurtant l�immense dune et le d�but de la p�nombre dans la ville de Taghit, la palmeraie et Oued Zalfana. Tous les visiteurs qui montent sont soudainement subjugu�s par cette insolente beaut� des lieux. Ils ne cachent pas leur admiration. Dans leurs yeux �bahis scintille le plaisir. Ils go�tent au plaisir de fouler, certains pour la premi�re fois, le Sahara et de faire la f�te dans l�Alg�rie profonde. Vendredi, dernier jour de 2010, ils �taient en grand nombre � lutter contre le sable pour arriver � temps pour le coucher du soleil, au sommet de la dune. Derri�re eux s��tale sur des centaines de kilom�tres le gigantesque Erg occidental et ses dunes � perte de vue. Cet oc�an de sable est � la fois majestueux et dangereux. Il a, en effet, la r�putation d�absorber, comme le font les ogres des cauchemars, les hommes imprudents. Il inspire le respect mais aussi �veille le go�t de l�aventure. Ces Alg�riens qui sont venus de loin voir du pays, leur pays, et quelques touristes europ�ens n�ont rien � craindre : la belle Taghit si hospitali�re veille sur eux. Apr�s des efforts d�escalade, d�conseill�e aux fumeurs, et quelques instants de repos pour reprendre son souffle, le tableau qui emplit les yeux est unique et sublime. Il fait oublier la fatigue. A l�Est des grimpeurs, c�est le territoire du grand Erg occidental. Ce qui les int�resse se trouve � l�ouest. Ceux qui arrivent au sommet de la dune se tournent instinctivement vers l�ouest pour suivre le soleil qui leur dit au revoir, d�versant sa lumi�re ardente sur les cr�tes rocailleuses avant de dispara�tre. Au pied de la dune, les habitations et les vieux ksars de Taghit sont align�s et adoss�s � Oued Zalfana. Cet oued, qui serpente entre les cr�tes rocailleuses, apporte la vie. Il est entour� par des milliers de palmiers. Cette palmeraie s��tire sur plusieurs dizaines de kilom�tres. L�int�rieur de cette v�g�tation inspire la tranquillit� et donne envie de marquer une halte pour toucher cette fra�cheur. Sur la dune, nous zigzaguons entre la foule et les photographes amateurs. Tout ce qui permet de prendre une photo est alors utilis� : portable, appareil photo, cam�ra. Les grimpeurs, filles et gar�ons, sont jeunes. Les �tudiants et les lyc�ens sont majoritaires. Ils viennent de B�char, Oran, Alger, Tizi-Ouzou et d�autres wilayas. Nous avons rencontr� un groupe de 6 lyc�ens, qui est venu de Ben Aknoun. Il voyageait comme le font les globe-trotters, sans bagages � la belle aventure. Les Alg�rois et ceux venant de Kabylie sont en plus grand nombre. C�est fantastique ! Tous ceux que nous avons questionn�s �taient fascin�s par ce spectacle qu�offre g�n�reusement Dame nature. Dans les yeux de Amene, com�dienne � Alger, qui a jou� dans plusieurs films alg�riens, se lit l��merveillement. Elle ne trouve pas de mots assez forts pour d�crire ce qu�elle ressent : �C�est fantastique ! C�est pour moi une exp�rience extraordinaire. L�artiste s�inspire facilement en ces lieux.� Elle rejoint ses nombreux amis, qui entament sur la dune de Taghit la fameuse berceuse d�Idir Avava Inouva, accompagn�s d�un guitariste. Mahdi et son groupe d��tudiants d�Oran nous happent pour immortaliser l�instant en leur compagnie. Un autre groupe de jeunes ont d�ploy� leurs ch�ches pour dessiner 2011 sur le sol. Nous nous joignons � eux pour la photo. Sur le sable doux, tout le monde photographie tout le monde et tout le monde prend des photos avec tout le monde. Apr�s tout, c�est la f�te. Bonne humeur et convivialit� r�gnent en ma�tres. Le groupe d�athl�tes europ�ens qui a particip� au marathon des dunes, organis� par Sport Events International (SEI), sont presque tous sur la dune. Comme � leur habitude et comme tout M�diterran�en qui se respecte, les Italiens se font remarquer par la discussion fort anim�e. Giuseppe, 69 ans, qui a particip� � plusieurs marathons � New York, Boston, P�kin, Londres et d�autres villes, est parmi eux. Nous rencontrons un groupe d��tudiants venu d�Afir dans la wilaya de Boumerd�s. Ils souhaitent continuer jusqu�� Igli, � 60 kilom�tres au sud de Taghit. Ils veulent rencontrer les Glaouis, ces berb�res install�s depuis la nuit des temps aux abords du grand Erg occidental. Nous avons remarqu� que la grande partie de ces f�tards, filles et gar�ons, adoptent, d�s leur arriv�e en ville, le ch�che local. Vendredi, la p�nurie de ce turban est constat�e. Tous nos interlocuteurs tiennent, � chacune de nos questions, � rendre hommage aux habitants de Taghit pour leur hospitalit� et leur grande tol�rance. Pr�cis�ment, il fallait �tre d�une grande disponibilit� en cette fin d�ann�e pour prendre en charge une population probablement dix fois plus importante que celle qui y r�side habituellement. La disponibilit� et les renforts de policiers et de gendarmes n�ont pas suffi � canaliser ce flux de v�hicules et ces �norme mar�e humaine. Mais o� vont-ils dormir ? Et comment vont �tre aliment�s tous ces visiteurs en cette p�riode de froid ? Pourrait s�inqui�ter le commun des mortels. Seulement, on ne vient pas � Taghit pour dormir. Ces Alg�riens, venus de tout le pays par milliers dans cette oasis, sont l� pour partager des moments de bonheur. Qu�importent le manque de sommeil et la faim quand on est heureux ! La nuit fut ardente en ce vendredi 31 d�cembre � Taghit.