La wilaya de Boumerd�s, qui a subi une catastrophe naturelle en 2003, qui vit dans un climat d�ins�curit� caus� par les islamistes arm�s, �r�concili�s� ou toujours en activit�, et qui traverse une crise sociale qui frappe de plein fouet la jeunesse, ne pouvait rester en marge de la protesta nationale contre les dures conditions de vie impos�es � la population par une gestion approximative du pays. Cette protesta nationale met, par ailleurs, de mani�re tragique pour l�Alg�rie, le r�gime de Bouteflika devant ses responsabilit�s dans l�immense g�chis caus� � la nation qui a, sans aucun doute, engendr� depuis son intronisation en 1999 � la t�te du pays, 20 ans de retard dans le processus du d�veloppement r�el et probablement une perte de pr�s de 2 000 milliards de dollars. Il est ais� de tirer cette conclusion. Il suffit, en effet, d��couter les �meutiers et de se pencher sur les statistiques macabres sur la harga. �Qu�on ne nous bassine pas avec les discours habituels au sujet des manipulations et de la main l��trang�re ! Tous les clans au pouvoir ou voulant prendre le pouvoir, se valent. Ils sont responsables des malheurs de l�Alg�rie. Comme r�sultat tangible � imputer aux gouvernants de notre pays, il suffit de lire la presse ind�pendante pour prendre connaissance des dossiers impliquant les proches de Bouteflika, des pontes du r�gime et sur ce qui a �t� concr�tement d�mocratis� dans notre pays. Dans un pays aussi riche, une partie de la population ramasse dans les poubelles de quoi survivre. C�est une honte pour l�Alg�rie de Novembre�, ass�ne un universitaire de Boumerd�s. Nuit d�affrontements Pour revenir � la wilaya de Boumerd�s, faut-il rappeler que depuis l�arriv�e de Bouteflika au pouvoir, aucune des 32 communes que compte la wilaya de l�ex- Rocher-Noir n�a �t� �pargn�e par les �meutes, parfois cycliques, qui d�noncent l�incomp�tence des responsables, la corruption qui se g�n�ralise, l�ins�curit�, la hogra et les passe-droits, le ch�mage, la crise du logement, le d�labrement des villes et des quartiers, la mal-vie et m�me la salet� des cit�s. Jeudi matin, les jeunes de Bordj-M�na�el sont encore entr�s en r�bellion. Tr�s rapidement, la ville a connu un embrasement. �Pouvoir assassin !� �Ulach smah ulach !� �Baraket men el miziria ! (Assez de la mis�re)� sont les slogans habituels scand�s par les manifestants qui usent de quolibets � l�encontre du pr�sident de la R�publique et de son gouvernement. Les affrontements entre les forces de l�ordre et les jeunes, qui en ont gros sur le c�ur, ont �t� violents. Et pour cause, en plus des probl�mes de chert� de la vie, de ch�mage, des mauvaises conditions de logement qui leur empoisonnent la vie au quotidien, les citoyens de Bordj-M�na�el voient leur ville, livr�e aux islamistes du MSP, s�enfoncer dans la salet� et l�anarchie. Aucune autorit� n�assume la gestion de cette ville, devenue un d�potoir � ciel ouvert. Une ville d�figur�e par les constructions anarchiques o� des �lus empi�tent sur les trottoirs pour construire en toute ill�galit� des villas. Lors de ces affrontements, le tribunal, inaugur� r�cemment, ainsi que l�agence locale de la Cnep, mitoyenne au tribunal, ont �t� saccag�s. Des pierres ont �t� lanc�es contre la brigade de la Gendarmerie nationale situ�e en face du tribunal. Les affrontements entre jeunes et brigades anti�meutes se sont propag�s aux quartiers et cit�s populaires � une heure tardive de la nuit. Une source hospitali�re de Bordj-M�na�el nous a signal� le d�c�s d�un homme apr�s inhalation d�une grande quantit� de gaz lacrymog�ne. La m�me source pr�cise qu�une vingtaine de policiers ont �t� soign�s � l�h�pital et que les civils bless�s l�ont �vit� de peur de subir une arrestation. Les �meutes se sont poursuivies jusqu�� tard dans la nuit. Dans l�apr�s-midi, ce sont les jeunes de la ville des Issers qui sont descendus dans la rue pour manifester. Ils ont �t� suivis par ceux du chef-lieu de la wilaya o� les affrontements ont �t� extr�mement violents. Au niveau de la cit� populaire dite des Coop�ratives de Boumerd�sville, une �cole primaire, implant�e face � la cit� universitaire des filles, a �t� malheureusement compl�tement saccag�e par les �meutiers. Au niveau de la commune de La�ziv, � l�extr�me Est de la wilaya de Boumerd�s, les manifestants ont ferm� la RN12 (Th�nia Tizi-Ouzou). A l�exception des villes de Dellys, Th�nia et A�t-Amrane qui, selon nos informations, n�ont pas �t� touch�es par cette vague de protestation, les agglom�rations les plus importantes de la r�gion, comme Khemis-El- Khechna, Ouled Moussa, Boudouaou, Chabet-El-Ameur, Baghlia, Tidjelabine Corso ont v�cu une nuit agit�e. Hier matin, un calme pr�caire r�gnait dans toutes les communes de la wilaya de Boumerd�s. Cependant, tous ceux que nous avons questionn�s s�attendaient � un retour des �meutes dans l�apr�s-midi.