Du haut de son balcon d�magogique, sans oser descendre dans la rue, l�ENTV aura encore failli � sa mission de service public. D�solante, affligeante de mi�vreries r�currentes, elle aura tourn� le dos � la r�alit� du terrain pour ne s�ouvrir qu�� des imams missionn�s, qu�� un ministre de l'Int�rieur �plor�, qu�� son homologue du commerce format� en pompier de service� Le professionnalisme journalistique que de fois promis par le minist�re de la tutelle s�est encore une fois �clips� derri�re une grille de lecture sociale pourtant �vidente � l�odeur des gaz lacrymog�nes fusant de nos rues et de nos cit�s pill�es et saccag�es � l�envi. Et sans vouloir faire ici de politique, notons simplement qu�aucune justification suffisante, qu�aucune explication rationnelle ne saurait excuser l�embrigadement de cette ENTV claquemur�e et recluse, alors que les d�fiances, que les incivismes � l��gard des institutions �tatiques ont pour seule antidote l�air frais des ouvertures m�diatiques. Ailleurs, sur les signaux �trangers, cet embrigadement a donn� libre cours � mille et une interpr�tations socio�conomiques et notre communaut� install�e en France, Angleterre, Belgique ou ailleurs a eu droit � des frayeurs l�gitimes. De la guerre civile au chaos g�n�ralis�, tout le monde pouvait faire son march� sur France 24, LCI, Al Jazeera, etc. Cette derni�re, Al Jazeera, s�est m�me illustr�e par la d�sinformation en usant d�artifices �cul�s (images d�archives, notamment) et d�anciens avortons du FIS dissous pour essayer le racolage de bas �tage, l�islamisme politique ! Mais bon, nous n�avons que le traitement n�gatif que nous m�ritons tant que cette ENTV n�a pas encore compris que la bonne intelligence r�side dans le fait de s�ouvrir � la rue qui, m�me frondeuse, est porteuse de v�rit�s. Quant � ses JT qui nous ramollissent le cerveau � longueur d�ann�e, nous en avons assez soup� ! L��re o� nous avalions des couleuvres �sp�cifiques� est bel et bien r�volue et il n�est plus question de croire � un seul son de cloche puisse-t-il �tre officiel et enguirland� de promesses. L�heure est aux ouvertures et il n�est qu�� voir et entendre ce qui se trame sur internet pour se rendre compte que l�ENTV dans son format actuel est vou�e au mus�e des souvenirs dans tr�s peu de temps� Le scotch� n�est pas dupe. Film � gros guillemets Il ne l�est plus d�autant plus que le film diffus� dimanche dernier sur F2 et annonc� comme �tant un Platoon dans les Aur�s a �t� pour le commun des scotch�s un flop ! L�ennemi intime cens� �tre le film de guerre qui allait combler s�est en fait av�r� une p�le copie, un pipi de chat. Le grand spectacle, la superproduction, les stars (Albert Dupontel et Beno�t Magimel), les somptueux paysages de montagne (tournage sur le Moyen Atlas marocain), les sc�nes � couper le souffle, etc. sont � mettre entre de gros guillemets et c�est peu dire. Trop lourd, trop d�monstratif, for�ant le trait sur la mis�re d�un village kabyle en flanc de montagne, ce film esp�rait peut-�tre blouser son monde avec ce lieutenant (Magimel) d�barquant m�choires crisp�es et id�aux humanistes en bandouli�re en pleine guerre qualifi�e de �maintien de l�ordre�. Ce lieutenant BCBG, id�aliste et un tantinet romantique avec sa gueule de jeune premier �lev� au lait pasteuris� (il ne fume pas, ne boit pas d�alcool, etc.) aurait voulu laisser un �fellaga� s��chapper au moment de sa mise � mort. Ce fellaga (Mohamed Fellag, dans le r�le) sera quand m�me abattu par un �compatriote� �harki�, fier d�avoir combattu pour la France (et donc la libert�) lors de la Seconde Guerre mondiale. Tout un programme, tout un drame dont on ne verra pas la fin puisque las de trop de clich�s, on aura zapp� Fric, krach et gueule de bois On aura donc zapp� F2 en ce soir du dimanche mais, incorrigibles, l�on s�est retrouv�s sur le m�me wagon deux jours apr�s, s�duits par le Fric, krach et gueule de bois, relatif au �roman de la crise�. L�acteur Pierre Arditi, l��conomiste Daniel Cohen et le romancier Erik Orsenna, �a ne se refuse pas quand on veut comprendre un tant soit peu le pourquoi et le comment qui se posent derri�re une crise �conomique. L��conomie n�appartient pas aux seuls sp�cialistes et nos histoires d�huile et de sucre subventionn�s peuvent trouver r�ponse, sait-on jamais� Le croisement de sujets m�lant images d�archives ou d�actualit�, extraits de films, clips musicaux et sports publicitaires, c�est grand public et c�est tentant. Notons qu�il y a de cela une vingtaine d�ann�es, Antenne 2 avait programm� aux n�ophytes que nous �tions (les premi�res paraboles collectives�) un exercice d'�conomie-fiction du m�me tonneau intitul� �Vive la crise !�, Yves Montand et son message n�olib�ral nous avait �tonn�s, mais au sortir de notre �socialisme sp�cifique�, on �tait pr�t � avaler toutes les couleuvres� Cette fois-ci donc, la triplette Arditi-Cohen- Orsenna remet le couvert pour une d�marche inverse : r�sumer cinquante ans de d�rives lib�rales. Forc�ment, �a nous pla�t mais certains croisements incongrus nous auront laiss�s sur notre faim, car que vient faire l�ascension de Bernard Tapie (les ann�es 80) avec la toute r�cente crise des subprimes ? Un bourrage de cr�ne de plus et au sortir de ce Fric, krach et gueule de bois, c�est le scotch� lambda qui n�aura pas eu le temps de devenir sp�cialiste �conomiste� Notre Benbada peut �tre tranquille. Ce n�est pas demain la veille que l�on comprendra sa �strat�gie� pouvant nous valoir un pouvoir d�achat digne de ce nom. Pas plus que l�ENTV, France 2 ne mettra jamais le doigt sur les faveurs syst�miques et syst�matiques faites aux puissants lobbies et ce, au d�triment des salari�s, de ceux qui sont au seuil de la pr�carit�. Le monde est comme �a, avec ou sans gueule de bois� Le juif d�origine berb�re� Et la gueule de bois, Eric Zemmour, le journaliste pol�miste de F2 (�On n�est pas couch�) d�it�l� (��a se dispute�) et de RTL (�Z comme Zemmour�) r�unis risque de l�avoir aujourd�hui. Devant la justice depuis mardi, il aura son verdict et l�on estime dans son entourage imm�diat qu�il ira arroser �a, d�o� la gueule de bois� Rappelons juste ici que ce trublion du PAF est issu d�une famille juive alg�rienne et qu�il se d�finit lui-m�me comme �juif d�origine berb�re�. Cela ne l�emp�chera pas de tenir de dr�les de propos sur les Noirs et les Arabes (d�o� le proc�s en correctionnelle) chez Ardisson (�Salut les Terriens� Canal +) en mars dernier. �Les Fran�ais issus de l�immigration sont plus contr�l�s que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes�, avait-il ass�n� avant d�avoir affirm� quelques heures plus t�t, sur France �, que les employeurs fran�ais avaient le droit de refuser Arabes et Noirs� Fort de caf�, le Zemmour �aux origines modestes� qui va certainement trinquer ce soir � la sant� de la justice fran�aise qui l�aura �pingl� mais pas condamn� comme il se doit. Assimiler l�origine des personnes et la d�linquance, pestifier la discrimination raciale, c�est rien. Pourvu qu�il y ait de l�audimat ! Et pour mieux s�en rendre compte, rendez-vous est pris au soir du mardi 1er f�vrier sur Arte. L�, �le myst�re� Silvio Berlusconi y est d�crypte. Seize ans apr�s son �lection, �Il Cavaliere� du haut de ses 74 ans contr�le toujours les m�dias et tr�ne sur les tribunaux et les services secrets. De nombreux scandales, une in�l�gance � toute �preuve et une r�putation d�homme infr�quentable ne l�ont pas emp�ch� de faire voter 36 lois (!) plus invraisemblables les unes que les autres. De sa propre immunit�, il tire les ficelles de la popularit� et ses t�l�s font le reste. Deux documentaires, deux raisons de plus pour faire attention � cette t�l� qui nous fait r�ver parfois, nous fait pleurer souvent, nous fait gamberger toujours� L�embrigadement par la t�l�, c�est justement �a ! M. N. S�LECTION TV HEBDOMADAIRE Loin du paradis Un m�lodrame d�licat et d�chirant Arte, dimanche, 16 janvier 2011 � 20h 40 Dans l'Am�rique polic�e des ann�es 50, une femme � qui tout semble sourire voit son bonheur se fissurer... A la fois hommage de cin�phile et film militant, Loin du paradisjoue avec les codes des grands m�los hollywoodiens et donne � Julianne Moore l'un de ses plus beaux r�les. Une petite ville de province, dans l'Am�rique paisible des ann�es 50... Epouse id�ale, m�re exemplaire, Cathy Whitaker a toutes les apparences d'une femme au foyer mod�le. Cependant, entre la vie de famille et le babillage des voisines, il lui arrive de sentir un vide dans sa vie... Un soir, elle d�couvre son mari dans les bras d'un autre homme. Desperate Housewife Avec Loin du paradis, Todd Haynes voulait d'abord faire acte de reconnaissance : r�aliser un m�lo � la Douglas Sirk, auteur de quelques chefs-d'�uvre du genre dans les ann�es 50 (voir Le secret magnifique, Tout ce que le ciel permetou Le mirage de la vie). Son film n'est cependant pas � prendre comme un remake, mais plut�t comme un hommage � une �uvre, dont il reproduit l'atmosph�re, l'esth�tique et l'esprit. Cette histoire qui parle de conventions est elle-m�me racont�e � travers celles d'une certaine �poque et d'un certain cin�ma. C'est un film du XXIe si�cle, mais avec des d�cors qui ont l'air faux, une lumi�re tout sauf naturelle et des personnages qui agissent et pensent selon des crit�res obsol�tes... On pourrait n'y voir qu'un exercice de style, mais Loin du paradis est plus que cela, car Todd Haynes nous invite � faire la m�me exp�rience que son h�ro�ne : autrement dit, d�passer les apparences. Remarquer, par exemple, que si le r�alisateur se r�f�re aux ann�es 50, son regard, lui, est bien neuf et lui permet d'aller plus loin que ne pouvait le faire Douglas Sirk, notamment sur la repr�sentation du racisme et de l'homosexualit� ; noter surtout que cette �poque pr�tendument r�volue n'est pas si �loign�e de la n�tre, et qu'elle lui ressemble m�me beaucoup. Car les murs qui emprisonnent l'individu, semble nous dire le cin�aste, se retrouvent d'une �poque � l'autre, et seuls changent le costume et le maquillage. Cela, il le raconte de la fa�on la plus fine qui soit, son film se laissant d�guster comme un m�lodrame aussi d�licat que d�chirant. L'�tranger en moi Arte, vendredi, 14 janvier 2011 � 20h40 Quand �tre maman ne va pas de soi. Ce film aborde avec d�licatesse et justesse le th�me encore peu connu de la d�pression postnatale. Rebecca et Julian attendent leur premier enfant et se r�jouissent � l'id�e d'accueillir ce b�b�. Mais les sentiments de la jeune femme changent du tout au tout apr�s la naissance de Lukas. Paniqu�e et impuissante, elle s'aper�oit qu'elle ne ressent rien pour lui. Personne autour d'elle ne semble s'en rendre compte. Elle n'ose pas en parler par honte de ne pas �tre une m�re exemplaire. Que lui arrive-t-il ? Pourquoi consid�re- t-elle son propre fils comme un �tranger ? Ce mal-�tre indicible la ronge petit � petit, sans qu'elle parvienne � trouver une solution. Dans un moment d'�garement, elle oublie son petit � un arr�t de tramway. Ses proches prennent alors conscience de son �tat, mais ils ne le tol�rent pas. Convaincue qu'elle repr�sente un danger pour Lukas, Rebecca suit alors une th�rapie pour cr�er ce lien m�re-enfant qui lui fait d�faut. Une r��ducation lente et complexe, rendue difficile par les doutes et l'incompr�hension de son entourage... Un film �mouvant sur un sujet encore tabou, celui de la d�pression postnatale. L�adversaire France 3, jeudi 13 janvier 20h35 Un jour, Jean-Marc Faure assassine sa femme, ses enfants, puis ses parents. Il tente ensuite, sans y parvenir, de se tuer lui-m�me. L'enqu�te r�v�le que celui que tout le monde prenait pour un brillant m�decin n'a en fait jamais r�ussi les concours de l'�cole de m�decine. Toute sa vie �tait bas�e sur le mensonge. Il n'exer�ait, en r�alit�, aucune profession, et vivait d'argent emprunt� � sa famille. Pr�s d'�tre d�couvert, il pr�f�re supprimer ceux dont il ne peut supporter le regard. Frozen River ARTE, jeudi 13 janvier 2011J+1 De nuit sur un fleuve gel�, deux femmes font passer des immigr�s clandestins entre le Canada et les Etats-Unis. Un impeccable duo d'actrices, pour une touchante chronique de l'Am�rique pauvre. Une semaine avant No�l, Troy, un joueur am�rindien, quitte son �pouse Ray en emportant les �conomies du foyer. Celle-ci n'arrive plus � subvenir aux besoins de ses enfants ni � rembourser leur mobil-home. Pour renflouer ses finances, elle s'associe � Lila, une Mohawk qui fait ill�galement entrer des immigrants aux Etats-Unis, en leur faisant traverser une rivi�re gel�e situ�e � la fronti�re du Qu�bec et de l'Etat de New York. Au cours de leurs op�rations, des liens se tissent entre la femme blanche et l'Am�rindienne... Dans des paysages de glace et sous un ciel couleur d'acier, la r�alisatrice Courtney Hunt trouve le parfait �quilibre entre les n�cessit�s du suspense, de la chronique sociale et du duo d'actrices.