Les �v�nements se pr�cipitent au Maghreb : Ben Ali a quitt� le pouvoir apr�s 23 ans de r�gne sans partage. L�Alg�rie a v�cu plusieurs jours d��meutes. La Libye et la Mauritanie ont pris les devants en annon�ant des r�ductions des prix des produits de base. Le Maroc retient son souffle. Les r�gimes maghr�bins craignent visiblement la contagion. Nawal Im�s- Alger (Le Soir)- La r�gion pourra-telle �viter l�effet papillon ? En d�pit des sp�cificit�s des pays, les d�nominateurs communs sont nombreux. Ch�mage, mal-vie et chape de plomb font le quotidien des peuples qui subissent des r�gimes totalitaires, ne faisant que de rares concessions, souvent sous la pression. Au moment o� la rue tunisienne grondait, l�Alg�rie connaissait un �ni�me �pisode d��meutes. Le mouvement de contestation a �t� rapidement contenu gr�ce � des mesures populistes sans pour autant que les questions de fond ne soient pos�es. En Tunisie, les �v�nements se sont pr�cipit�s et le mouvement de soutien au jeune qui s��tait immol� s�est transform� en v�ritable r�volution. Le bouleversement que vit la Tunisie, ankylos�e par plus de vingt ans de dictature, ne laisse certainement pas indiff�rents les r�gimes voisins. Quel impact aura le d�part de Ben Ali ? Les r�gimes en place doivent-ils craindre de vivre le m�me sc�nario v�cu en Tunisie ? Ma�mar El Khadafi aura �t� le plus r�actif. D�s lundi dernier, le gouvernement libyen annon�ait qu�il supprimait les droits de douane et toute autre taxe sur les produits alimentaires, notamment de premi�re n�cessit�, ainsi que sur le lait pour enfants. La Mauritanie a fait de m�me. Son Premier ministre annon�ait vendredi la mise en �uvre d'un programme pour la r�duction des prix des produits de premi�re n�cessit�. Il a �galement �voqu� des projets de lutte contre le ch�mage, d'embauche des jeunes et d'�radication des quartiers pr�caires de la capitale. Le pr�sident mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz avait demand� d�s jeudi au gouvernement de prendre les mesures les plus urgentes pour permettre de contenir les prix des denr�es alimentaires. La grogne sociale en Alg�rie est r�currente. Elle est contenue par des mesures temporaires par un r�gime qui affectionne la politique de la carotte et du b�ton. Au Maroc, le front social est loin d��tre calme en d�pit des efforts de la monarchie de donner une image idyllique. Les revendications sociales, la chape de plomb qui p�se sur ces pays constituent un terreau fertile qui pourrait faire traverser � la r�gion une zone de turbulence aux cons�quences insoup�onnables. Les r�gimes pourraient-ils tous �tre emport�s par des mouvements de r�volte ? Les ingr�dients sont effectivement r�unis en attendant qu�un d�tonateur ne soit actionn� faisant effet boule de neige dans le reste des pays. Leurs dirigeants savent d�sormais que m�me une dictature de plus de vingt ans ne peut r�sister � une volont� de changement. Le d�sespoir a une capacit� de mobilisation insoup�onnable et il est justement le d�nominateur commun dans plusieurs pays arabes au-del� de la r�gion du Maghreb. Il suffit d�analyser les r�actions de la rue �gyptienne qui salue ouvertement le peuple tunisien pour comprendre qu�apr�s la chute du r�gime Ben Ali, les dirigeants arabes sont certainement occup�s � revoir leurs calculs, inquiets d�un �ventuel effet de contagion dont ils savent qu�ils ne peuvent �tre � l�abri.