Le ministre des Travaux publics a �t� auditionn� en qualit� de t�moin dans le cadre du scandale politico-financier de l�autoroute Est-Ouest. Dans sa d�position, Amar Ghoul nie en bloc les accusations port�es contre lui par plusieurs personnes impliqu�es dans cette affaire. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Amar Ghoul a bien �t� auditionn� par le juge d�instruction de la 9e chambre du P�le criminel sp�cialis� du tribunal d'Alger, le magistrat en charge de l�affaire de l�autoroute Est-Ouest. Selon des sources proches de ce dossier, l�audition s�est d�roul�e par �crit au courant de l��t� dernier. Ghoul a d� r�pondre � une quinzaine de questions traitant de diff�rents aspects de ce dossier. Le questionnaire porte essentiellement sur des accusations prof�r�es � son encontre par les principaux pr�venus. Le magistrat instructeur aurait demand� au ministre de s�expliquer sur la nature de ses relations avec ces personnes qui ont jou� un r�le central dans l�attribution du projet de l�autoroute Est-Ouest aux groupements chinois et japonais. Falcone, Addou et Nahnah �Ghoul a rejet� les accusations du businessman Sid Ahmed Addou selon lesquelles il a eu des contacts directs avec l�homme d�affaires fran�ais Pierre Falcone et un de ses collaborateurs, Nacereddine Boussa�d. Il a d�menti avoir invit� Falcone et Boussa�d, au si�ge de son d�partement, afin de prendre part au Conseil interminist�riel restreint qui a regroup� Mohamed B�jaoui, alors ministre des Affaires �trang�res. Ghoul s�est content� de rappeler que les Conseils interminist�riels sont pr�sid�s par le Premier ministre, qu�il est seul habilit� � en d�finir l�ordre du jour et � arr�ter la liste des participants�, indiquent nos sources qui ont requis l�anonymat. Mieux, Ghoul aurait �t� cat�gorique en affirmant que Pierre Falcone et Nacereddine Boussa�d n�ont aucune relation avec le projet d�autoroute Est- Ouest ni avec l�Agence nationale des autoroutes. Pour ce qui est de Sid Ahmed Addou, le ministre des Travaux publics aurait expliqu� ne l�avoir rencontr� �qu�une seule fois�, lors d�une c�r�monie de mariage � laquelle il avait assist� en compagnie de Mahfoudh Nahnah. Cette seule et unique rencontre serait donc ant�rieure � 2003, ann�e du d�c�s du leader du Mouvement de la soci�t� de la paix (MSP). Pourtant, Addou se pr�sente luim�me comme �tant tr�s proche du ministre des Travaux publics. Dans sa d�position au magistrat instructeur, il a d�clar� avoir �t� charg� par Ghoul de rencontrer, � Paris, les responsables de l�entreprise fran�aise EGIS Route � Scetauroute afin de n�gocier des commissions. L�argent, qui aurait �t� remis � un certain Tayeb Kouidri de Chlef, aurait permis � EGIS de remporter la ma�trise d��uvre du tron�on ouest du projet. Un contrat de plus de 60 millions d�euros. �Dans ses r�ponses au magistrat instructeur, Amar Ghoul a qualifi� Sid Ahmed Addou de menteur dont la mission principale �tait de pr�fabriquer des faits pour lui porter pr�judice. Pour ce qui est d�EGIS, Ghoul a d�clar� que seule l�Agence nationale des autoroutes est habilit�e � entretenir des relations directes avec l�entreprise EGIS. Le ministre a �galement affirm� n�avoir jamais rencontr� Tayeb Kouidri�, soulignent nos sources. Il est important de rappeler que Sid Ahmed Addou, un des personnages-cl� dans le scandale de l�autoroute Est-Ouest, a finalement �t� remis en libert� apr�s 13 mois de d�tention pr�ventive. Un projet sur�valu� Il semblerait que le magistrat instructeur se soit int�ress� de tr�s pr�s aux relations qu�entretenait le ministre des Travaux publics avec Mohamed Khelladi. Il faut dire que les deux hommes se connaissent tr�s bien, Khelladi ayant �t� un proche collaborateur de Ghoul lorsqu�il �tait � la t�te du minist�re de la P�che et des Ressources halieutiques. Khelladi sera, par la suite, nomm� responsable de la direction des nouveaux projets de l�Agence nationale des autoroutes (ANA). Ancien officier de gendarmerie, il est consid�r� comme �tant celui qui a fait �clater le scandale de l�autoroute Est-Ouest. Au d�but de la phase d�instruction, alors qu�il �tait cit� en qualit� de t�moin, il a affirm� que le co�t du projet d�autoroute avait �t� sur�valu�. Selon lui, le bar�me international du kilom�tre d�autoroute avec l�ensemble des �quipements �tait, � l��poque, �valu� � 6 millions de dollars. Dans le cas du projet alg�rien, le co�t du kilom�tre d�autoroute sans �quipements a d�pass� les 8 millions de dollars. Pour Khelladi, la diff�rence aurait permis de payer les commissions aux diff�rentes parties impliqu�es dans cette affaire. �Faux�, aurait r�pliqu� Ghoul dans sa r�ponse au juge d�instruction de la 9e chambre du P�le criminel sp�cialis� du tribunal d'Alger. Ses arguments seraient les suivants : le co�t du projet a �t� approuv� par la Commission nationale des march�s et le gouvernement alg�rien lors de conseils interminist�riels pr�sid�s par le Premier ministre. Par ailleurs, l��tude financi�re a �t� jug�e conforme par deux bureaux d��tude internationaux. �A la lecture des r�ponses du ministre, on constate qu�il met souvent en avant la responsabilit� du Premier ministre. C�est notamment le cas dans les aspects li�s aux d�penses financi�res effectu�es par les groupements chinois et japonais pour prendre en charge, � l��tranger, les personnels de son d�partement et de l�Agence nationale des autoroutes. Dans ses r�ponses, Ghoul pr�cise que tous les fonctionnaires ont �t� pris en charge par l�Etat alg�rien et que les ordres de mission �taient vis�s par le Premier minist�re�. Sur un autre plan, Amar Ghoul d�ment avoir �t� tenu au courant des d�penses effectu�es par les deux groupements pour assurer la location de biens immobiliers, l�achat de v�hicules et d�autres frais annexes au profit de l�ANA et de la direction des nouveaux projets. Il s�inscrit donc en faux contre les d�clarations de Mohamed Khelladi. Selon lui, l�ANA est une structure totalement �ind�pendante� et est seule habilit�e � g�rer les relations avec les entreprises impliqu�es dans ce projet. Pourtant, le t�moignage de Jiangsheng Wang, le pr�sident-directeur g�n�ral de l'entreprise chinoise CITIC, tente de prouver le contraire. En effet, le responsable de la CITIC a pr�cis� que l�ensemble des d�penses financi�res �tait inscrit dans le cadre du contrat programme au chapitre du �cahier des conditions administratives particuli�res�. Amar Ghoul, en sa qualit� de ministre des Travaux publics, est cens� �tre au courant du contrat programme dans ses moindres d�tails. Sous-traitance et corruption Amar Ghoul confirme, n�anmoins, avoir re�u une correspondance de Mohamed Khelladi dans laquelle il lui demande d�installer une commission d�enqu�te interne pour faire la lumi�re sur l�octroi des march�s de sous-traitance au profit de certaines entreprises alg�riennes. Le ministre aurait pr�cis� que cette correspondance avait �t� renvoy�e �sur-le-champ� vers la direction g�n�rale de l�Agence nationale des autoroutes, seule habilit�e � prendre une telle d�cision en sa qualit� de tutelle de la direction des nouveaux projets. Par contre, Ghoul aurait ni� les propos de Khelladi selon lesquels il lui aurait fait part de cas de corruption flagrants impliquant, notamment, l�homme d�affaires Chani Medjdoub. �Tout n�est que mensonges et pure invention�, aurait-il pr�cis� au magistrat instructeur. En fait, plusieurs �zones d�ombre� persistent encore sur la relation entre Amar Ghoul et Mohamed Khelladi. Durant son passage � la direction des nouveaux projets de l�ANA, Khelladi �tait l�homme de confiance du ministre, puisque ce dernier lui a accord� le pouvoir de signature au nom de la direction g�n�rale de l�Agence nationale des autoroutes. Mais il semblerait que Amar Ghoul n�ait souffl� mot sur ce �d�tail� dans sa d�position �crite. T. H. D�POSITION PAR �CRIT DU MINISTRE DES TRAVAUX PUBLICS Une mesure particuli�re pr�vue par le code de proc�dure p�nale L�audition du ministre des Travaux publics par le juge d�instruction en charge du dossier de l�autoroute Est-Ouest s�est d�roul�e dans le cadre d�une mesure particuli�re pr�vue par l�article 542 du code proc�dure p�nale. �Pour recevoir le t�moignage d�un membre du gouvernement, la juridiction saisie de l�affaire peut : soit adresser directement au membre du gouvernement concern� des demandes et questions se rapportant aux faits sur lesquels le t�moignage est requis, soit faire entendre le membre du gouvernement concern� par le pr�sident de la cour d�Alger. Le t�moignage ainsi re�u est communiqu�, sans d�lai, au minist�re public ainsi qu�aux parties � la proc�dure. Il est lu publiquement et il est soumis aux d�bats lorsqu�il s�agit de la proc�dure de jugement�, stipule cet article. Dans le pr�cis, Amar Ghoul a �t� destinataire d�un questionnaire auquel il a r�pondu, point par point, par �crit. Notons que ce m�me article pr�voit une autre proc�dure � travers laquelle le ministre concern� peut �tre entendu � t�moigner � �titre personnel �. Mais cette proc�dure n�cessite l�autorisation du chef de l�ex�cutif.