Dans un c�ble diplomatique rendu public hier par le site WikiLeaks, David D. Pearce, ambassadeur des Etats-Unis d�Am�rique � Alger, r�v�le que la mission d�observateurs de l�ONU a adress�, � Ban ki-Moon, un rapport secret sur la fraude lors de l��lection pr�sidentielle du 9 avril 2009. Un point de vue que partage le diplomate am�ricain qui �voque un scrutin parfaitement �chor�graphi�. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - WikiLeaks revient � la charge. Le site de Julian Paul Assange a publi�, hier soir, une s�rie de c�bles diplomatiques r�dig�s par les ambassadeurs am�ricains accr�dit�s � Alger. L�un d�eux, �crit par David D. Pearce, l�ambassadeur actuel, est consacr� exclusivement � l��lection pr�sidentielle du 9 avril 2009. Le diplomate am�ricain dresse, d�s le 13 avril, un tableau noir de la �d�mocratie� alg�rienne. Election �chor�graphi�e� �C�est sans surprise aucune que le pr�sident alg�rien Abdelaziz Bouteflika a �t� �lu pour un troisi�me mandat le 9 avril lors d'une �lection soigneusement chor�graphi�e et tr�s contr�l�e. Noureddine-Yazid Zerhouni, le ministre de l'Int�rieur, a annonc�, lors d�une conf�rence de presse anim�e le 10 avril, un taux de participation de 74,54% et un score de 90,24% en faveur de Abdelaziz Bouteflika. Les partis d'opposition et les autres candidats ont estim�, pour leur part, le taux de participation entre 18 et 55%, tandis que certaines ambassades ont constat� que la grande majorit� des bureaux de vote �taient vides dans la capitale et estim� la participation, tout au plus, � 25 ou 30%�, note David D. Pearce en guise de pr�ambule. Pour �tayer ses propos, l�ambassadeur se r�f�re � plusieurs sources d�information. A commencer par les d�clarations des adversaires de Abdelaziz Bouteflika. �Chacun des candidats perdants a exprim� en public des doutes sur les taux officiels de participation. Mais ils se sont r�sign�s � accepter le r�sultat. Fouzi Reba�ne a accus� le gouvernement de gonfler les chiffres de vote et a dit qu'il aurait pu facilement accepter la d�faite si les chiffres �taient �r�els�. Reba�ne a menac� de d�poser une plainte aupr�s de l'ONU et non pas aupr�s de la Commission nationale de contr�le des �lections. Il a affirm� que les institutions alg�riennes charg�es de suivre l��lection manquaient de cr�dibilit�. Djahid Younsi a qualifi� les r�sultats des �lections de �miraculeux� et a estim� le taux de participation � pr�s de 25%. Louisa Hanoune, la candidate du Parti des travailleurs, pensait r�ellement remporter au moins 30% de scrutin. Elle a d�clar� que le taux de participation officiel a fait de l�Alg�rie �une r�publique banani�re�, souligne Pearce. �Contr�le� des observateurs Mais l�ambassadeur des Etats- Unis � Alger ne se contente pas de dresser un simple constat en se basant sur les d�clarations de diff�rentes personnalit�s. En effet, les services de la chancellerie am�ricaine se sont int�ress�s de tr�s pr�s aux activit�s des membres des d�l�gations d�observateurs internationaux. Ainsi, Pearce constate qu�une mission conjointe d�observateurs de la Ligue arabe, de l�Union africaine et de l�Organisation de la Conf�rence islamique avaient, tr�s vite, d�clar� le scrutin �d��quitable et de transparent�. Par contre, la mission de l�ONU a fait l�objet d�un �contr�le� rigoureux. �M. Irfan Abdool Rahman, chef de la mission de l�ONU, a d�clar� que sa mission a �t� entrav�e par les efforts du gouvernement � contr�ler ses r�unions. Il a fait remarquer qu�un fonctionnaire du MAE a m�me tent� de participer � une r�union interne du Pnud ainsi qu�� une r�union priv�e � l'ambassade de France. Il nous a dit qu�il a �t� oblig� de lui demander poliment de ne pas y assister. Il se plaignait �galement du fait que son �quipe ait �t� forc�e d�assister � une mise en sc�ne de r�union organis�e par la soci�t� civile de Tizi Ouzou et d��couter les d�clarations sur l'�quit� de l'�lection �. Pire, les membres de la d�l�gation de l�ONU affirment avoir fait l�objet de �pressions� afin de signer une �d�claration conjointe avec l'UA, AL et l'OCI�. Pour ce qui est de la fraude, le repr�sentant de l�ONU avoue son incapacit� � en d�crire les m�canismes. �Le chef de la mission de l�ONU �tait ��persuad钒 que quelque chose n�allait pas apr�s que plusieurs partis d�opposition eurent fait part d�accusations de fraude. Mais le manque de d�tails l�emp�che de d�crire avec certitude le type de fraude et comment elle s�est produite. L�exemple le plus frappant a �t� rapport� par un employ� d�une ambassade qui affirme avoir �t� t�moin d�une communication t�l�phonique entre un agent de bureau de vote et un fonctionnaire du minist�re de l�Int�rieur. Le fonctionnaire lui a demand� de gonfler le chiffre des bulletins de vote. Lorsque le bureau a ferm�, les bulletins �taient largement sup�rieurs aux noms des �lecteurs inscrits sur le registre.� Rapport secret David D. Pearce affirme avoir conseill� aux membres de la d�l�gation d�l�gation de l�ONU de tenir secret le contenu du rapport sur leur mission en Alg�rie. Selon lui, la publication de leurs �observations� pourrait �tre �contreproductive�. �Abdool Rahman nous a pr�cis� que son �quipe r�digera un rapport qu�elle remettra au secr�taire g�n�ral de l�ONU, M. Ban Ki-Moon. Ce rapport mettrait en �vidence les probl�mes auxquels ils ont �t� confront�s ainsi que les aspects positifs de l'�lection. Nous avons conseill� � l'�quipe de l'ONU de ne pas faire de critique publique car cela s�av�rerait contre-productif. Le gouvernement (alg�rien) prendrait en consid�ration les commentaires formul�s dans un cadre priv�, m�me si les critiques ne sont pas les bienvenues. Abdool Rahman a sugg�r� que le repr�sentant des Etats-Unis � l�ONU pourrait obtenir une copie du rapport de la mission en prenant attache directement avec le Bureau du secr�taire g�n�ral des Nations unies.� L�Alg�rie sur un �volcan� En guise de conclusion, David D. Pearce s�interroge sur la mani�re avec laquelle le gouvernement alg�rien comptait �l�gitimer� un tel taux de participation. Le diplomate, qui reprend un commentaire d�un des membres de la mission de l�ONU, estime que �l�Alg�rie est assise sur un volcan�. En fait, Pearce ne fait que confirmer le constat �tabli en 2007 par son pr�d�cesseur, Robert Ford, dans un autre c�ble diplomatique rendu public hier par WikiLeaks. �Les discussions r�centes avec d'anciens responsables gouvernementaux, des leaders de l'opposition et des journalistes pr�sentent un r�gime plus fragile que jamais. Un r�gime en proie � un manque de vision, � une corruption sans pr�c�dent et � une division au sein de la hi�rarchie militaire�, �crivait alors Robert Ford.