En pleine R�volution du jasmin, la compagnie du Familia Th��tre de Tunis, impliqu�e dans la chute de Ben Ali, joue en France la pi�ce Amnesia ou la chute d'un dictateur. Pi�ce pr�monitoire qui, apr�s des ann�es de tracasseries, elle s�ach�ve en faisant le V de la victoire. La pi�ce raconte la chute d'un responsable politique dans un r�gime autoritaire. L'homme apprend son limogeage � la t�l�vision et � travers sa descente aux enfers, les deux auteurs Fadhel Ja�bi et Jalila Baccar se livrent au �d�montage des rouages du pouvoir� dans une �r�publique datti�re �. �C'est l'oppresseur oppress�, s'amuse M. Ja�bi. Un �cho � l'actualit� �tellement juste�, commentaient vendredi soir, � l'issue d'une repr�sentation � Evry en banlieue parisienne, deux spectateurs Ga�l Octavia, 33 ans, et Luc Cl�mentin, 47 ans. La pi�ce �prend une autre dimension �, expliquait aussi Tarek Melliti, un Tunisien de 35 ans se demandant si le texte avait �t� retouch� en fonction de l'actualit�. La compagnie arrive de Tunis, o� elle a particip� aux manifestations qui ont pr�cipit� la chute du r�gime. Notamment celle du 11 janvier, durant lesquelles des artistes ont �t� violemment r�prim�s. �Nous avons eu, par le minist�re de la Culture, les excuses du chef de l�Etat (Ben Ali) pour ce qui est arriv�. Pour nous rassurer�, raconte M. Ja�bi. Sa compagne Jalila Baccar s'est ensuite vu proposer le minist�re de la Culture dans le gouvernement de transition mis en place imm�diatement apr�s le d�part du pr�sident Ben Ali le 14 janvier. Elle a refus� car �sa place est dans la rue�, poursuit M. Ja�bi. Cr��e en avril 2010, la pi�ce est �d�cal�e, en de�� de la r�alit�, reconna�t l'artiste tunisien avant d'ajouter : �Mon grand regret, c'est que le peuple soit absent dans mon coup d'Etat !� Pour jouer Amnesia en Tunisie, le minist�re de la Culture du r�gime Ben Ali avait fait patienter la troupe un mois avant de d�livrer l'autorisation. �Ils nous ont demand� des coupes (dans le texte), nous avons �t� irr�ductibles. Nous avons enlev� des petites bribes tout � fait ridicules.� Pour leur pr�c�dente pi�ce, Corps otages, le minist�re leur avait demand� de proc�der � 286 coupes. En vain. Avant de finalement l'autoriser. �On comptait sur notre auto-censure�, explique le metteur en sc�ne. �Ne pas interdire ce th��tre engag� servait de caution au gouvernement, lui permettant de faire croire � �un th��tre soi-disant libre et d�mocratique �, note-t-il encore. Autoris�e � jouer � Tunis, la compagnie avait plus de difficult�s en province, n'�tait pas non plus invit�e � la radio ou � la t�l�vision pour faire sa promotion. Alors � la fin de la repr�sentation � Evry, com�diens et metteurs en sc�ne saluent en faisant un �mouvant V de la victoire.