Deux visions contradictoires sur Cheikh Mohand Oul Hocine ont marqu� la fin du colloque de deux jours, organis� les 29 et 30 janvier dernier, par les �ditions le Savoir et la Direction de la culture de Tizi-Ouzou. Elles ont oppos� Abdenour Abdeslam, auteur et enseignant de tamazight, � Brahim Salhi, �galement auteur et enseignant � l�Universit� Mouloud- Mammeri de Tizi-Ouzou. Deux visions qui n�ont pas manqu� de susciter un chaud d�bat parmi l�assistance nombreuse, �galement partag�e sur la perception de ce personnage atypique parmi les autres cheikhs de la r�gion. Les s�jours du cheikh dans plusieurs zaouias et son appartenance � la Tarika Rahmania en tant que repr�sentant ou d�l�gu� (mokadem), ses po�mes permettent de penser, selon Brahim Salhi, qu�il �tait lettr� en arabe et �tait un homme de religion profond�ment impr�gn� de la culture locale. Un homme pragmatique, r�aliste et perspicace, ancr� au sein de sa soci�t�, partageant ses pr�occupations, dira, encore, en substance, le m�me conf�rencier ; notant toutefois un diff�rend avec Cheikh Ahedad, chef la Tarika Rahmania, notamment � propos de l�insurrection de 1871, jug�e pr�matur�e par Cheikh Mohand Oul Hocine, en raison du rapport de force profitable � l�occupant. �Cheikh Mohand Oul Hocine n��tait pas un homme religieux, c��tait un musulman la�que � l� image de nos parents et a�eux qui font la pri�re, r�citent des versets du Coran sans en comprendre le sens et la signification, il �tait illettr� en arabe et en fran�ais mais p�tri de culture et de sagesse kabyles�, affirme, de son c�t�, Abdenour Abdeslam qui se r�f�re au livre de Mouloud Mammeri consacr� au personnage. Des informations confirm�es et enrichies par les recherches du conf�rencier lui-m�me. Au demeurant, M. Mammeri n�est pas seulement un scientifique consacr� mais le fils d�un compagnon du Cheikh Mohand Oul Hocine, b�n�ficiant donc d�un t�moignage direct de son propre p�re. Le Cheikh n��tait pas, selon le conf�rencier, le repr�sentant d�l�gu� de la Tarika Rahmania mais il avait , gr�ce � sa sagesse et � sa vaste culture locale, la pr��minence aupr�s de la population sur Medjeb�re, d�l�gu� officiel de Cheikh Ahedad. Le titre de cheikh attribu� � Mohand Oul Hocine n�a rien � voir, selon A. Abdeslam, avec la religiosit� suppos�e du personnage, il serait d� au grand respect que la population lui vouait en raison de sa sagesse et � ses nobles qualit�s humaines. En orateur accompli et passionn�, le conf�rencier illustrait chacune de ses affirmations par des propos tenus par le Cheikh, des propos rationnels, de port�e universelle, digne de la pens�e d�Aristote, de Jean-Jacques Rousseau� La pens�e du Cheikh serait l�un des jalons de renaissance de la pens�e kabyle, selon A. Abdeslam, qui souhaite la voir enseign�e dans les �coles et les universit�s. Autre d�n�gation importante, le Cheikh n�est pas un po�te, ses propos ne r�pondent pas aux lois de la po�sie, mais seulement avec les mots auxquels il donnait une tonalit� po�tique. L�essentiel �tant, chez lui, dans l�intelligence du texte, le fond philosophique et dans l�effet saisissant sur l�imagination des auditeurs. Notons que l�orateur a, maintes fois, exprim� son �tonnement de voir certains rattacher � l�Islam, � l�Arabe, au Turc et au Fran�ais tout ce qui �merge du lot, tout ce qui est grand, g�nial et admirable comme si l�Amazigh n�avait pas pr�c�d� tout ce monde. Etait-il question du m�me personnage dans ces deux conf�rences ? A-t-on trait� de deux facettes diff�rentes du m�me personnage ou a-t-on eu � faire � des sources oppos�es ? A ces questions qui s�imposent d�elles-m�mes au terme d�un colloque de deux jours, on peut ajouter une autre qui aurait pu, si elle avait �t� pos�e, mettre tout le monde d�accord. Il s�agit de savoir si Cheikh Mohand Oul Hocine n��tait pas un musulman rationaliste, du genre moataziliste pla�ant la raison au-dessus de tout.