De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed N��tait-il pas plus �d�mocratique� d�arr�ter Ben Laden, de le pr�senter � une justice internationale plut�t que de le tuer ? C�est la question que se posaient de tr�s nombreux Fran�ais hier � l�annonce de la mort du terroriste international sur plusieurs radios de l�Hexagone. Interrogation r�currente qui faisait suite aussi aux r�actions officielles fran�aises qui, elles, se f�licitent de �la remarquable op�ration de commando am�ricaine� et qui consid�rent que pour les victimes du 11 Septembre justice est faite�. Quelques heures apr�s l�annonce par le pr�sident Obama de la mort du chef d�Al Qa�da suite � une op�ration commando am�ricaine, l�Elys�e a r�agi par un communiqu� dans lequel le pr�sident Sarkozy qualifie cette �remarquable� op�ration de commando am�ricaine au Pakistan �d��v�nement majeur de la lutte mondiale contre le terrorisme� et salue �la t�nacit� des Etats-Unis qui le recherchaient depuis 10 ans�. Mais la satisfaction de voir le cerveau de cette association internationale terroriste abattu dans cette op�ration ne fait pas oublier � l�Elys�e que m�me si �le fl�au du terrorisme subit un �chec historique, ce n�est toutefois pas la fin d�Al Qa�da. Le combat contre les criminels qui s�en r�clament doit se poursuivre sans rel�che et rassembler tous les Etats qui sont victimes de ses crimes�. L�on est bien conscient du c�t� des dirigeants fran�ais que Ben Laden est mort mais le terrorisme est toujours l�. C�est l�avis aussi du ministre des Affaires �trang�res, Alain Jupp�, qui d�clare : �Nous serons plus vigilants que jamais. La menace terroriste est �lev�e, on l�a vu h�las encore � Marrakech il y a quelques jours�. Ce que ne disent ni le communiqu� de l�Elys�e ni les d�clarations d�Alain Jupp�, le ministre de la D�fense, G�rard Longuet qui consid�re que la mort de Ben Laden �est un �v�nement consid�rable pour le monde entier�, estime que cette mort �peut jouer positivement pour les deux journalistes fran�ais, otages en Afghanistan�. Il n�explique, cependant, pas pourquoi ni comment, et beaucoup craignent justement que ces otages en Afghanistan ou ailleurs dans le monde (au Sahel notamment) ne subissent le courroux des lieutenants de Ben Laden ou de tous les groupements qui lui ont fait all�geance comme Aqmi, par exemple. Si pour le Parti socialiste une �page se tourne aujourd�hui pour le monde� avec cette disparition, il d�clare savoir �que le terrorisme ne s��teint pas avec sa disparition� et, partant, qu�il �doit �tre combattu avec la plus grande fermet� � l��chelle internationale�. Dalil Boubekeur, recteur de la Mosqu�e de Paris, n�est pas en reste et s�est fendu d�une d�claration grandiloquente, voyant m�me dans cette mort du premier terroriste une �grande victoire de la d�mocratie� et plus encore �un tournant de notre perception des rapports entre l�Orient et l�Occident, un tournant du rapport entre la d�mocratie et le terrorisme international�. S�il est int�ressant de voir le responsable de la plus grande mosqu�e en France se r�jouir de la mort du plus grand barbare, il est regrettable cependant de constater qu�il le fait avec aussi peu de discernement et de mesure. Plus mesur�s justement ont �t� les propos du Premier ministre, Fran�ois Fillon, qui souligne dans un communiqu� : �Au moment o� un vent de d�mocratie se l�ve dans les pays arabes, nous devons nous rappeler que les musulmans sont les premi�res victimes de ceux qui se r�clament d�Oussama Ben Laden�. On aurait naturellement aim� entendre ces propos de la bouche de celui cens� repr�senter ces musulmans de France. Justice, d�mocratie et droits de l�Homme est le triptyque d�velopp� par de tr�s nombreux auditeurs des stations de radio. Si pour la majorit� d�entre eux, Ben Laden constitue un terroriste barbare aux mains macul�es du sang de milliers d�innocents, ils ne comprennent pas que les Etats-Unis, qui repr�sentent l�Occident et les contr�es civilis�es, ne se soient pas limit�s � capturer Ben Laden et � le livrer � la justice devant le monde entier. Pour certains d�entre ces auditeurs, les Etats-Unis ont utilis� les moyens qu�ils reprochaient � Ben Laden et � ses acolytes d�utiliser.