L�ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour a fini par se rendre � l��vidence et admettre que l�Alliance nationale pour le changement (ANC), qu�il avait tent� de structurer avec notamment le parti islamiste El Islah, est un �chec d�sormais consomm�. Globalement, l�invit�, hier, du Centre d��tudes strat�giques du journal El Chourouk a not� l�incapacit� des �lites nationales � piloter le changement en Alg�rie. Sofiane A�t Iflis - Alger (Le Soir) - Mais � quoi est due, si l�on suppose que l�assertion soit vraie, l�absence des �lites nationales dans la conduite du changement en Alg�rie ? L�exercice est visiblement laborieux pour Ahmed Benbitour qui, pour les besoins de la d�monstration, a replong� dans l�histoire de la guerre de lib�ration, �poque � laquelle il situe le d�passement des �lites d�alors par la dynamique r�volutionnaire du Comit� r�volutionnaire pour l�unit� d�action (Crua). L�ancien chef du gouvernement a consid�r� que, depuis, les �lites ont connu la m�me mauvaise fortune. �La marginalisation des �lites et le sacrifice de la d�mocratie et des contre-pouvoirs trouvent leur racine dans le processus de lutte de lib�ration nationale du syst�me colonial�, a-t-il soutenu. Autrement dit, la situation des �lites d�aujourd�hui n�est autre que le prolongement d�une situation ant�rieure. D�crivant la nature du r�gime en place, Ahmed Benbitour l�a d�sign� par le vocable d�autoritaire et de patrimonialit� qui use de la rente pour corrompre. Et pour lui, le syst�me se maintient par l�utilisation de l�embellie financi�re pour s�acheter la paix civile, la faible mobilisation citoyenne pour imposer le changement. �La majorit� des organisations agr��es de la soci�t� civile servent les int�r�ts de groupes pour qui le statu quo est mat�riellement protecteur et r�mun�rateur ; m�me lorsqu�elles le qualifient dans leur discours de moralement r�pr�hensible et c��tait tr�s net durant les derni�res campagnes �lectorales et en ce moment d�anticipation d�un �ventuel changement.� Ahmed Benbitour fait bien de noter cela, puisque l�on voit les organisations de la soci�t� civile accourir chez Bensalah, cautionnant de fait le processus de �r�formes� que le pouvoir a mis en branle pour �viter le changement r�clam�. D�ailleurs, il a rappel� qu�il ne s�est pas rendu aux consultations puisqu�il s�inscrit, lui, dans une optique du changement de syst�me et non de r�formes. �La priorit� doit aller au changement du syst�me de pouvoir et � la refondation du syst�me de gouvernance.� Mais alors que faire pour parvenir au changement, d�autant que, a constat� Benbitour, l�Etat d�j� d�faillant d�rive vers un Etat d�liquescent ? L�ancien chef du gouvernement pense que les �lites doivent parvenir � se regrouper et se constituer en p�les influents, penser institutions et �laborer des strat�gies d�alliances pour le changement. Toute une feuille de route, en somme.