Par Hassane Zerrouky La th�orie du complot ou de la machination a la dent dure. L�ex-pr�sident tunisien, jug� et condamn� lundi, l��voque dans une lettre rendue publique la veille de son proc�s qui a eu lieu en son absence � Tunis. Retour sur ce proc�s. Le couple Ben Ali-Le�la Trabelsi a �t� condamn� par contumace � 34 ans de prison pour trois chefs d�accusation. L�audience, qui a eu lieu en l�absence des inculp�s, n�a dur� que quelques heures. Leur proc�s ne fait en r�alit� que commencer. Car il y a 93 autres chefs d�accusation desquels le couple doit r�pondre dont 35 devant une juridiction militaire. On ne peut pas dire que la premi�re audience ait �t� �quitable. Les avocats de la d�fense, dont l�un est libanais et le second fran�ais, ne pouvaient pas s�exprimer : la loi tunisienne leur interdit de d�fendre un citoyen tunisien. De fait, Ben Ali a �t� victime des lois que son r�gime avait concoct�es sans se douter qu�un jour il allait se retrouver en personne devant un tribunal. Ce proc�s, qualifi� d��historique � par les m�dias tunisiens, n�a valu en fait que par les �explications� contenues dans la lettre rendue publique par l�un des avocats, le Libanais Akram Azouri. Ben Ali, se pr�sentant en victime, �voque �les circonstances de son d�part forc� et par la ruse� de Tunisie. �M. Ali El Siriati (alors directeur g�n�ral charg� de sa s�curit�, aujourd�hui en prison) a insist� pour que j�accompagne ma famille � Djedda pour quelques heures afin que les services de s�curit� puissent d�jouer le complot et garantir ma s�curit�, indique-t-il. �Mais apr�s notre arriv�e � Djedda, l�avion est rentr� � Tunis sans m�attendre, contrairement � mes ordres clairs�, ajoutant qu�il ne s�est donc pas enfui de Tunisie.� Selon lui, �l'objectif est de repr�senter la p�riode pr�c�dente comme le mal absolu en vue de pr�parer les Tunisiens � accepter un nouveau syst�me politique qui est �labor� � leur insu et par des extr�mistes�. L�ex-chef de l�Etat se d�fend bien s�r d�avoir �donn� l�ordre de tirer � balles r�elles sur les manifestants�, et affirme ne poss�der �aucun compte bancaire en dehors de la Tunisie�, ni �de biens mobiliers ou immobiliers en France ou ailleurs�. Or, selon Transparency International, le clan Ben Ali-Trabelsi contr�lait 3 650 entreprises, allant de la grande distribution aux h�tels haut de gamme de tourisme ! En Syrie, Bachar Al Assad s�accroche d�sesp�r�ment � son pouvoir. Lundi, il a promis des r�formes qu�il avait refus�es auparavant. Il a appel� � un �dialogue national� en vue d�une r�vision partielle ou totale de la Constitution, notamment la suppression de son article 8 qui fait du Baath le �parti dirigeant de l�Etat et de la soci�t�. Il n�en reste pas moins qu�il a de nouveau �voqu� la th�se d�un complot contre la Syrie. Justifiant la r�pression en cours, il a estim� que �les complots sont comme des microbes qu�on ne peut �liminer, mais n�cessitent que l�on renforce notre immunit�. Kadhafi et Abdallah Saleh du Y�men ont �galement brandi la th�orie du complot contre leurs pouvoirs respectifs. Une th�orie d�j� brandie chez nous pour expliquer les �meutes de Kabylie en 2001 ! En fait de machination �ourdie�, ces autocrates arabes et maghr�bins ont de tout temps complot� contre leurs propres peuples pour rester � vie au pouvoir. C�est leur obstination � s�accrocher � leur �koursi�, � emp�cher l�expression de la parole libre, � verrouiller le champ politique, � refuser le droit � la d�mocratie et aux libert�s � leurs concitoyens, qui est � l�origine des immixtions �trang�res. Non l�inverse ! Et avant ces �r�voltes arabes�, cet Occident capitaliste s�est bien accommod� de ces dictatures dans lesquelles il voyait un rempart � la menace islamiste. Le projet d�Union pour la M�diterran�e (UPM) de Nicolas Sarkozy ne reposait-il pas sur ces deux piliers qui avaient pour nom Hosni Moubarak et Zine El Abidine Ben Ali ?