L�Argentine ne peut se permettre apr�s 18 ans sans le moindre titre de laisser �chapper chez elle la Copa America, et encore moins au profit de son grand rival le Br�sil, double tenant du titre qui doit convaincre dans son op�ration renouvellement en vue du Mondial-2014 � domicile. Le public argentin n'a pas vraiment dig�r� la claque subie au Mondial-2010 (0-4 contre l�Allemagne en quart), et les supporters du club de River Plate viennent d�essuyer l�affront d�une rel�gation historique, entra�nant des violences. Sans compter que la finale de la Copa Libertadores a mis aux prises des formations de l�Uruguay (Pe�arol) et du Br�sil (Santos), soit les deux voisins rivaux... Surtout, l�Albiceleste n�a rien gagn� depuis la Copa America de 1993 en Equateur ! Une �ternit� teint�e m�me d�humiliations lors des deux derni�res finales continentales abandonn�es aux Auriverdes (2004, 2007), tandis que ses s�lections juv�niles se couvraient entretemps de lauriers, notamment la m�daille d�or aux JO de 2004 et 2008. Avec une interrogation lancinante en prime : comment peut-on ne pas gagner avec Messi ? Le s�lectionneur Sergio Batista a d�cid� de placer le Ballon d�Or 2009 et 2010, souvent d�cevant en s�lection par rapport � son rendement � Barcelone, dans des dispositions proches de celles du Bar�a. Un placement en pointe libre pour profiter d�un jeu de passes � ras de terre. Messi, qui avait marqu� l�unique but contre le Br�sil en amical en novembre, a pu s�exprimer dans ce sch�ma derni�rement (un but et deux passes d�cisives), mais c��tait devant une �quipe bis de l�Albanie (4-0). Batista devra trancher dans un secteur offensif tr�s riche (Tevez, Higuain, D. Milito, Ag�ero, Di Maria, Pastore, Lavezzi). Le Br�sil a effectu� une belle moisson depuis 18 ans (deux Mondiaux, quatre Copa America). Mais une d�faite y est toujours consid�r�e comme une honte nationale. Pourtant, le s�lectionneur Mano Menezes demande du temps pour son �travail de r�novation�. �Dans cette optique, nous ne visons pas seulement la Coupe du monde, mais aussi les Jeux olympiques�, a-t-il expliqu�. G�n�ration Forlan Menezes a donc rajeuni le groupe en y int�grant les jeunes stars Neymar, Ganso et Lucas en vue de l�or olympique, seul titre qui manque encore au Br�sil, et du Mondial-2014 � domicile. Mais il s�est �galement r�solu � rappeler plusieurs cadres (Lucio, Maicon, Julio Cesar) car depuis pr�s d�un an, la Sele�ao ne parvient plus � battre des adversaires de prestige, avec des d�faites contre l�Argentine (1-0 en novembre) et la France (1-0 en f�vrier) et un nul (0-0) face aux Pays-Bas au sortir duquel les Auriverdes ont �t� siffl�s. R�tablir le �jogo bonito�, pr�parer l�avenir et remporter la comp�tition, une triple t�che ardue pour Menezes. Derri�re le duo argentino-br�silien se profile l�Uruguay, qui peut d�passer l�Argentine au nombre de titres continentaux (14 chacun) gr�ce � la g�n�ration Forlan, 4e du Mondial-2010. Le groupe d�Oscar Tabarez est rest� le m�me, renforc� par la nouvelle dimension prise par Cavani (26 buts pour Naples en championnat d�Italie). Les autres s�lections, sans grand espoir de victoire finale, disent toutes aborder le tournoi dans l�optique des qualifications au Mondial- 2014, leur vrai objectif. Le Chili, s�duisant 8e de finaliste en Afrique du Sud, a une carte � jouer, notamment avec l�attaquant Alexis Sanchez (Udinese), courtis� par les plus grands clubs europ�ens. Le Paraguay aussi, toujours compliqu� � man�uvrer et qui comptera sur le buteur de Dortmund, Lucas Barrios. Le capitaine du P�rou, Pizarro, a d�, en revanche, d�clarer forfait et Farfan est incertain. Les deux s�lections invit�es, le Mexique et le Costa Rica (rempla�ant le Japon, qui s�est d�sist� apr�s le tsunami du 11 mars), viendront diminu�es : elles disposeront d��quipes form�es majoritairement de jeunes, apr�s avoir disput� la Gold Cup (tournoi nord-am�ricain remport� samedi par le Mexique). ARGENTINE River Plate, la descente aux enfers Pour la premi�re fois de son histoire, River Plate, g�ant argentin et rival historique de Boca Juniors, vient de descendre en deuxi�me division, entre les pleurs de ses joueurs et la furie de ses supporters : 68 bless�s, 50 arrestations et des magasins d�truits. Les deux grands quotidiens d�Argentine Ole et Clarin s�accordaient sur le m�me �pith�te pour d�crire la premi�re descente du club argentin le plus titr� et fond� en 1901 : �Historique�. Pour ce �club des millionnaires �, qui n�h�sitait pas � casser sa tirelire pour s�offrir les meilleurs joueurs � Alfredo di Stefano, Hernan Crespo, Gabriel Batistuta, entre autres y sont pass�s � le choc est rude. Comme pour les supporters de l��quipe �� la bande rouge�, qui ont laiss� �clater leur col�re dans la capitale apr�s la rencontre. Les autorit�s argentines avaient pourtant d�ploy� un dispositif de s�curit� sans pr�c�dent pour un match domestique entre clubs avec 2 200 policiers mobilis�s autour du stade Monumental � Buenos Aires. Le sc�nario sportif � et celui des incidents qui pouvaient en d�couler � �tait pr�visible : dans un barrage vital pour sa survie, River Plate s��tait inclin� � l�aller 2 � 0 sur le terrain de son adversaire Belgrano (D2). Au match retour, dimanche soir, dans son Monumental, River n�a pu que conc�der le nul (1-1) et constater les d�g�ts : descente en deuxi�me division pour la premi�re fois en 110 ans d�existence et incidents. Les vitrines bris�es (magasins, pharmacies, etc.) par les fans de River ivres de rage offraient un paysage de d�solation sur l�Avenida del Libertador, un des principaux axes de la capitale argentine. �Les pieds devant� La match � marqu� notamment par un penalty rat� de Pavone pour River � la 70e minute � fut conclu par l�arbitre avant son terme, le directeur de jeu pr�f�rant siffler la fin du match � la 89e minute avant que les incidents, d�j� nombreux dans un stade rempli par 50 000 personnes, ne d�g�n�rent encore davantage. Les images de la fin de la rencontre n�ont pas fini de faire le tour du monde. Apr�s le coup de sifflet final, les joueurs de River sont rest�s de longues minutes sur le terrain, bras dessus bras dessous, en pleurs, en cercle, eux-m�mes encercl�s par des stadiers assurant leur s�curit�. Autour d�eux : le chaos. Des pompiers avaient sorti les lances � incendies pour tenter de calmer � grands renforts de jets d�eau les supporters de River � emmitoufl�s dans leurs blousons et �charpes, car c�est l�hiver austral en Argentine � en train d�hurler leur d�sespoir et de jeter toutes sortes de projectiles sur les joueurs de Belgrano quittant la pelouse. A l�ext�rieur du stade, des policiers furent pris � partie par des fans de River finalement dispers�s par canons � eau et police mont�e. Parmi les 68 bless�s, il y a une vingtaine de policiers, dont deux dans un �tat grave en raison de traumatismes cr�niens g�n�r�s par des projectiles. Les dirigeants et joueurs de River n�ont pu finalement quitter le stade que trois heures apr�s la fin de la partie sous bonne escorte, les fans r�clamant la d�mission du pr�sident du club, ancien international, Daniel Passarella.