Par Boualem A�ssaoui, producteur-r�alisateur Le Pr�sident vient de terminer un long t�te-�-t�te avec son homologue d�un pays de la rive nord de la M�diterran�e autour de dossiers strat�giques li�s � la coop�ration bilat�rale et � des questions internationales, notamment aux derniers cas de d�colonisation dans le monde. Accompagn� de son invit�, le Pr�sident p�n�tre dans la salle de conf�rences, salue d�un mouvement de la t�te les journalistes de la presse nationale et internationale accr�dit�s aupr�s des services de la Pr�sidence, esquissant un l�ger sourire lorsque son regard croise des figures m�diatiques connues. Apr�s avoir laiss� la courtoisie � son invit� pour r�pondre en premier aux questions de l�assistance, le Pr�sident, droit devant le pupitre, sans notes, r�pond sans emphase et sans d�tours, aux interrogations directes qui lui sont adress�es. Parmi les journalistes pr�sents, des v�t�rans de la presse nationale publique et priv�e peinent � se rappeler les temps o� le premier magistrat du pays accompagnant ses invit�s tous statuts confondus, jusqu�au perron de la Pr�sidence, sans doute par une courtoisie qui puise dans les pures traditions arabes, restait silencieux, le regard lointain, les poings serr�s, �coutant jusqu�� l�accolade finale des propos o� la politesse tenait lieu de communication. Aujourd�hui, le Pr�sident, lorsqu�il ne se plie pas volontairement � l�usage des conf�rences de presse au terme d�entretiens importants avec des chefs d�Etat et des monarques en visite officielle dans notre pays, re�oit avec autant de courtoisie des ambassadeurs et des envoy�s sp�ciaux, transf�rant cependant � son protocole et � ses ministres concern�s le soin d�accompagner ces derniers invit�s jusqu�� la pelouse de la Pr�sidence o� ils sont mis en contact avec la presse �crite et audiovisuelle. Alors que son programme d�action est entr� dans sa troisi�me phase, le Pr�sident a pr�vu de recevoir cette semaine la presse nationale, d�sireux d�inaugurer ainsi une nouvelle tradition dans les relations entre �la presse et le pouvoir� qui ont �t� pour le moins heurt�es ces derni�res ann�es. Il r�pondra � un panel de quatre journalistes choisis par les r�dactions de quatre institutions de presse importantes, un journaliste repr�sentant la cha�ne publique de t�l�vision, un journaliste repr�sentant la nouvelle cha�ne de t�l�vision � capitaux mixtes dont les programmes sont globalement d�di�s � la jeunesse, un journaliste de la presse �crite publique et un journaliste de la presse priv�e. Dans un salon mitoyen � son bureau, sobrement d�cor�, o� tr�nent les symboles de la R�publique, et qui inspire le respect d� � la plus haute institution du pays, dans une ambiance s�rieuse et d�tendue, le Pr�sident r�pondra avec la franchise, la diplomatie et la courtoisie qu�on lui conna�t � des questions dont il n�a eu connaissance, rappelons-le, que des th�mes majeurs auxquels elles se rapportent. Au bout d�une heure et demie d�un entretien diffus� en direct par les deux cha�nes de t�l�vision nationales repr�sent�es � cette rencontre, le Pr�sident remercie les journalistes pour la pertinence de leurs questions et pour leur connaissance des dossiers, avant que l�image de la pr�sidence de la R�publique, avec en surimpression l�embl�me national, ne vienne occuper l��cran et laisser place peu apr�s aux �missions-d�bats des r�dactions, qui mettent c�te � c�te des repr�sentants de partis politiques, d�associations et bien s�r des experts des dossiers qui ont domin� l�entretien t�l�vis� du pr�sident de la R�publique. Demain, le Pr�sident tiendra un Conseil des ministres qui devrait endosser le projet de loi de finances pour l�ann�e prochaine, avant sa transmission aux deux Chambres, selon l�usage constitutionnel. La grande table de la salle o� se r�unit habituellement le Conseil des ministres a �t� chang�e derni�rement par les services du protocole instruits sans aucun doute par le Pr�sident qui a souhait� tenir d�sormais ses Conseils des ministres, dont la dur�e a �t� r�gl�e � deux heures sauf �v�nement exceptionnel, autour d�une table pleine sans l�immense espace vide qui s�parait le Pr�sident de ses ministres et ces derniers les uns des autres, afin de donner de fa�on fort symbolique plus de coh�sion � l��quipe gouvernementale, l�ancienne table de travail offrant beaucoup plus l�image d�une rencontre internationale o� les personnalit�s devraient �tre s�par�es selon la coutume protocolaire, que celle d�une s�ance de travail officielle � caract�re national. Un dossier international d�une extr�me gravit� attend le pr�sident de la R�publique qui doit se rendre quelque part en Afrique pour en d�battre avec ses pairs. Il a d�cid�, et l�information devrait �tre rendue publique, que d�sormais, en pareille circonstance, il recevrait pour informer ou r�it�rer la position de l�Alg�rie sur le dossier et recueillir bien s�r leurs avis, les pr�sidents des partis repr�sent�s aux deux chambres. Le Pr�sident consid�re, et il l�a fait savoir � des visiteurs �trangers, que les positions de l�Alg�rie sur les grandes questions internationales sont � la fois conformes � son h�ritage historique, � ses int�r�ts bien compris dans lesquels se reconnaissent, par adh�sion directe ou par consensus, tous les acteurs de la soci�t� alg�rienne et qu�il �tait vain de vouloir par calcul politique �personnaliser � l�attitude de l�Alg�rie � l��gard de telle ou telle situation, f�t-elle g�ographiquement la plus proche de ses fronti�res. D�s son retour de mission � l��tranger, poursuivant l�action de promotion des libert�s publiques inscrite dans son programme de r�formes, le Pr�sident sait qu�il aura � trancher sur un dossier qui risque de lui valoir des r�sistances, ou tout au moins des incompr�hensions. En effet, le Pr�sident se propose d�affecter par une proc�dure r�glementaire d�urgence l��difice occup� actuellement par la centrale syndicale (appel�e � construire son propre si�ge et � compter d�sormais avec l�action grandissante des syndicats autonomes reconnus par la loi), qui tire, certes, sa l�gitimit� de l�histoire contemporaine du pays, aux associations de la soci�t� civile et de transformer l�immense terrain qui l�entoure en espace d�expression o� les citoyens organis�s viendraient donner de la voix pour attirer l�attention des pouvoirs publics sur leurs conditions de vie, leur besoin accru de justice sociale, de d�mocratie et de bonne gouvernance. Maintenant que l��tat d�urgence est lev�, laissant place en raison du contexte particulier du pays � une loi sur la s�curit� nationale sans effet sur les libert�s publiques, le droit d�organiser des marches est reconnu, r�glement� et encadr� comme dans toutes les capitales du monde � la grande satisfaction des syndicats, des associations et des partis politiques agr��s dont certains ont d�ailleurs fusionn� sur la base des connexions de leurs programmes, pendant que d�autres ont simplement disparu faute de militants ou de repr�sentation locale, r�gionale et nationale. Le Pr�sident ne s�arr�te pas l� dans les actions destin�es � donner au pluralisme politique tout son sens dans la construction et le d�veloppement d�mocratique de la soci�t� alg�rienne. En effet, il vient d�instruire le Premier ministre, re�u en audience et interrog� comme de coutume � la sortie du bureau du Pr�sident par la presse accr�dit�e � la Pr�sidence, que d�sormais la nomination aux postes de dirigeants des grandes entreprises de l�Etat y compris les t�l�visions publiques ferait l�objet d�appels � candidature dans la plus grande transparence. D�ailleurs, en parlant de t�l�vision, et le Premier ministre vient de le confirmer, un groupe de t�l�visions sera incessamment cr�� pour encadrer les cha�nes publiques traditionnelles et le bouquet des cha�nes th�matiques nouvellement mis en service. Le premier magistrat du pays a demand� par ailleurs que la loi sur l�audiovisuel ayant permis d�j� la cr�ation d�une t�l�vision � capitaux mixtes soit rapidement �largie, qu�une instance ind�pendante de r�gulation repr�sentative soit mise en place, et que le cahier des charges pour l�ouverture de l�audiovisuel au secteur priv� professionnel soit all�g� sans tarder, les acteurs de l�activit� audiovisuelle nationale publics et priv�s pr�alablement consult�s comme le sugg�re les conclusions de la commission nationale sur la r�forme du secteur audiovisuel mise en place il y a quelques mois, conclusions qui �cartent toute cr�ation de cha�ne priv�e � caract�re religieuse, r�gionale, partisane ou associ�e au capital �tranger. Le Pr�sident a demand� �galement au Premier ministre de h�ter l�expertise de gestion de la premi�re t�l�vision publique, unique durant de longues ann�es, de faire prononcer par la voie r�glementaire les sanctions positives ou n�gatives qui s�imposent au terme des contr�les de gestion qui ont �t� diligent�s, de faire r�paration aux cadres ou partenaires injustement �cart�s, de veiller strictement � ce que des int�r�ts priv�s sous des d�guisements divers ne viennent s�enrichir de fa�on directe ou indirecte sur le dos du t�l�spectateur, c'est-�-dire du contribuable et des gens du m�tier, de valoriser les comp�tences internes et de promouvoir de nouvelles comp�tences compte tenu des d�fis et des enjeux sur le plan national et international. L�id�e �ditoriale du Pr�sident reste de favoriser l��mergence d�une nouvelle �race� de managers par les effets attendus du pluralisme audiovisuel qui donnerait plus de cr�dibilit� aux t�l�visions publiques trop longtemps par elles-m�mes ou contraintes, enferm�es dans le discours unique et qui devraient travailler d�sormais � la promotion de l�Etat de droit, un Etat juste et fort, et non l�inverse comme proclam� ici et l�, car pour �tre fort un Etat doit �tre d�abord juste, au respect de la chose publique, en suscitant des d�bats contradictoires et constructifs dans leurs grilles des programmes, en un mot � contribuer avec professionnalisme � l��mergence d�une soci�t� d�mocratique enracin�e avec intelligence et s�r�nit� dans ses rep�res identitaires et fortement ouverte sur le progr�s et la modernit�, loin de tout dogmatisme et extr�misme. Pour le pr�sident de la R�publique, dans le nouveau paysage audiovisuel national, une cha�ne de t�l�vision publique doit �tre exemplaire notamment en mati�re de service public. Dans sa d�termination � donner de l�Alg�rie l�image d�un pays fier justement de ses comp�tences nationales, le Pr�sident re�oit, lorsque son agenda le permet, des hommes de culture et de l�art, des hommes et des femmes de m�dias connus pour leur grand professionnalisme, des chercheurs, de grandes figures du sport, comme il n�h�site pas � confier � d�anciennes personnalit�s nationales, chefs de gouvernement, ministres ou ambassadeurs, des missions d�information, de consultation ou de repr�sentation sur des questions d�int�r�t strat�gique en Alg�rie et � l��tranger. Le Pr�sident est d�cid� � gagner la bataille de la communication commenc�e avec la r�organisation des services concern�s de la Pr�sidence qui faisaient plus dans l�apparence que dans l�action, r�duite le plus souvent � la gestion de l�image du Pr�sident avec les cons�quences que l�on sait sur l�opinion publique qui ne comprenait pas toujours ce regard excessivement s�v�re du premier magistrat du pays, alors que l�image qui devrait �tre renvoy�e au public devrait �tre une image rassurante et sereine m�me s�il est vrai que la fonction de pr�sident de la R�publique impose dans nos pays un train d�enfer � celui qui l�occupe jusqu�� se faire ressentir, par moment malgr� lui, dans ses traits. Le pr�sident de la R�publique �tant en permanence en repr�sentation sociale, la nouvelle politique de communication institutionnelle veillera � donner en toute circonstance une image positive du Pr�sident, l�expression du premier magistrat du pays � l�occasion des grandes rencontres avec la jeunesse dont il a �t�, rappelons, le ministre � l��ge de vingt-cinq ans ; renseignant � elle seule, pour peu que l�on d�crypte les images diffus�es par la premi�re t�l�vision publique lors d�une grande f�te de football, autant sur ses dons naturels que sur ses capacit�s � accorder avec talent le port solennel de la fonction � l�esprit du moment. Pour donner du rang � la fonction pr�sidentielle et pour responsabiliser davantage les membres du gouvernement, le Pr�sident a donn� instruction pour que son nom ne soit plus cit�, sauf lorsqu�il s�agit d��v�nement exceptionnel, dans le parrainage des manifestations qui servent souvent � promouvoir l�image de leurs initiateurs, �tant entendu qu�une fois �lu ou r��lu, toutes les actions engag�es par le gouvernement sont cens�es mettre en �uvre le programme du Pr�sident, programme endoss� par le gouvernement et approuv� apr�s d�bat par les deux chambres y compris les programmes de logement ou de relogement, la construction des autoroutes, des universit�s, des a�roports, en un mot les grands chantiers de son mandat dont il lance, selon la tradition, officiellement la mise en �uvre, et qu�il aura naturellement � inaugurer. S�agissant des membres du gouvernement, le pr�sident de la R�publique vient de rappeler qu�ils sont responsables de leurs secteurs, qu�ils ont l�obligation d�engager dans le respect de l�expression syndicale des n�gociations sociales p�riodiques avec leurs partenaires afin de pr�venir tout conflit pr�judiciable � l��conomie, au service public et � la paix sociale, qu�ils sont tenus de r�pondre aux dol�ances des citoyens et aux questions de la presse et qu�ils sont justiciables de leur gestion m�me apr�s leur fin de fonction. Le Pr�sident qui ne demeure pas moins extr�mement vigilant lorsqu�il s�agit de la gestion de l�Etat, de son train de vie et de celui de ses agents, quels que soient leurs grades, remarque que les affaires de d�tournement et de corruption n�occupent plus le devant de la sc�ne depuis que les dossiers qui ont entach� la vie �conomique et politique ces derni�res ann�es et l�image ext�rieure de l�Alg�rie ont �t� assainis soit par de tr�s lourdes condamnations qui doivent donner � r�fl�chir, soit par des non-lieu et des r�parations morales et mat�rielles ; l��mergence d�une nouvelle g�n�ration de managers comp�tents et patriotes, et l�introduction de nouveaux m�canismes de contr�le, loin de la p�nalisation de l�acte de gestion d�sormais abolie, donnant du sens � la lutte permanente contre toutes formes de corruption. Par ailleurs, depuis que les paiements par ch�que et carte bancaire ont �t� syst�matis�s, signant la chute des grands barrons de l�informel, le dinar a gagn� en valeur et tout le monde a observ� qu�il y a d�sormais moins de monde devant les guichets de banque, et que les changes � la sauvette qui occupaient ill�galement et insolemment des espaces mitoyens avec des �difices officiels ont disparu, laissant place � des bureaux de change install�s dans des endroits appropri�s de la capitale, notamment dans les centres commerciaux et les art�res commer�antes. Revenons au secteur de la communication et notons que les minist�res de souverainet� ont �t� instruits pour d�signer des porte-paroles de haut rang, tenus de rencontrer la presse dans des espaces am�nag�s � cet effet dans leurs d�partements, chaque fois qu�un �v�nement national ou international majeur venait � l�exiger. C�est ainsi que le porte-parole du minist�re des Affaires �trang�res renseigne maintenant r�guli�rement la presse et r�pond � ses questions dans une ambiance professionnelle d�contract�e chaque fois qu�un invit� officiel rencontre en audience le ministre, et que celui du minist�re des Finances pr�sente aux journalistes la loi des finances et explique dans les d�tails ses constantes et ses variables ; le minist�re de la Communication ayant quant � lui disparu de l�organigramme du gouvernement pour laisser place d�finitivement � un minist�re de la Communication jumel� avec le celui de la Culture, la Haute Autorit� de r�gulation de l�audiovisuel veillant d�sormais � ce que les cha�nes de t�l�vision publiques et les cha�nes priv�es jouent pleinement leur r�le dans l�information du citoyen dans le strict respect de leurs cahiers des charges. Dans la composition du nouveau gouvernement de la derni�re �tape de son mandat, et dont le plus �g� ne d�passe la cinquantaine, faut-il rappeler que le Pr�sident, au-del� des comp�tences requises pour le choix des ministres, a port� une attention particuli�re au casting de certains responsables de minist�res, notamment ceux destin�s � �tre en contact avec la jeunesse, les sports, la solidarit� pour ne citer que ces secteurs d�activit�, dont les titulaires doivent pr�senter dor�navant un certain charisme et jouir d�un sens aigu de la communication, loin de tout b�gaiement ou populisme. Dans la m�me lign�e, le Pr�sident a souhait� lors de ses derni�res rencontres avec les patrons de la presse publique et priv�e, re�us � l�occasion de la c�r�monie de la c�l�bration de la Journ�e Internationale de la libert� de la presse, qu�une presse parlementaire voit le jour afin de rendre compte avec davantage de pr�cisions des travaux des deux Chambres dont les membres, dans le cadre de leur mandat national, devraient recevoir r�guli�rement leurs �lus dans leur propre circonscription et informer sans restriction et sans d�magogie l�opinion publique de leurs activit�s r�gionales. D�ailleurs, lors de son dernier d�placement dans une ville du nord du pays, le Pr�sident a invit� avec force les autorit�s locales, en pr�sence de d�put�s et de s�nateurs originaires de la r�gion, � am�nager de meilleures conditions d�accueil de la population dans les diverses administrations publiques, � r�pondre s�rieusement aux pr�occupations des jeunes en cr�ant des espaces commerciaux r�glement�s r�duisant peu � peu jusqu�� les faire dispara�tre les march�s anarchiques et informels, � d�velopper les activit�s sportives, culturelles et artistiques, � susciter la cr�ation d�emplois massifs dans le secteur de l�environnement afin de donner une meilleure image de nos cit�s o� l�absence d�hygi�ne, le d�labrement des voies publiques, le manque d�espaces verts et d�aires de jeux devraient �tre rapidement rang�s parmi les mauvais souvenirs du citoyen, rappelant � l�occasion que les jeunes ont besoin, au-del� de la r�ponse � leur attente l�gitime imm�diate, d�un grand projet national ou r�gional dans lequel ils se reconnaissent, s�investissent et investissent leurs passions ; l�environnement et le cadre de vie �tant des d�fis majeurs dans nos villes et nos campagnes. Le Pr�sident n�a pas h�sit� � dire � cette occasion que si l�urgence d�un sursaut national en bon ordre devant les enjeux et les d�fis du contexte actuel int�rieur et ext�rieur venait � manquer et que si la bonne gouvernance devait passer par le recours � des �lections g�n�rales anticip�es � tous les niveaux de la repr�sentation nationale, il n�h�siterait pas � franchir le pas. En parcourant comme chaque matin la presse nationale et internationale, et en s�attardant cette fois-ci sur les articles consacr�s aux derniers changements intervenus dans un pays arabe, le Pr�sident, qu�une longue carri�re diplomatique lui a appris � contenir ses r�actions, rel�ve le commentaire inhabituel de son conseiller de presse �qui s�interroge sur la position d�une puissance mondiale connue par ailleurs pour l�usage massif de la violence dans les affaires internationales et la �d�mocratisation� de la possession des armes � feu au sein de sa propre population, qui agit d�sormais comme un parti unique plan�taire et qui n�h�site pas � appeler sans scrupules � �la retenue�, avant d�applaudir au transfert du pouvoir civil � l�arm�e, alors que sa doctrine fondamentale affich�e de longue date, invitait plut�t au contraire !�. Dans le m�me registre, que dire de ceux qui appellent au respect des libert�s alors qu�ils ont �t� les champions de leur confiscation, qui continuent d�ignorer le droit des peuples � l�autod�termination, de fermer les yeux devant la plus grande trag�die du si�cle, celle v�cue par le peuple palestinien depuis plus de soixante ans, de contingenter la libre circulation des personnes sur leur territoire, et s��riger �� partir du ciel� en d�fenseurs des populations civiles et de leur aspiration au changement souvent l�gitime � mais expos� � toute forme de manipulation ou d�appropriation � apr�s avoir conclu d��normes contrats de ventes d�armes avec leurs gouvernants devenus soudain infr�quentables ! Poursuivant la lecture de la revue de presse matinale, le Pr�sident observe que les sujets trait�s sont vari�s, touchant sur le plan national aux questions de l�enfance, de la ma�trise de la croissance d�mographique, du sport, des arts plastiques, de la musique et du cin�ma � l��cole, � la vie litt�raire, � la construction de nouveaux complexes cin�matographiques et de nouveaux th��tres dans les grandes villes du pays, � la tourn�e brillante de l�Orchestre symphonique national dans les principales capitales europ�ennes, et au plan international au dernier round des n�gociations sur l�autod�termination imminente du Sahara occidental qui augure de la grande r�conciliation maghr�bine, les termes de r�conciliation et de concorde �tant si chers dans sa pens�e et son action. Le Pr�sident apporte les derni�res retouches � son message annuel � la nation qu�il prononcera comme ses derni�res ann�es, la veille du 5 juillet, F�te de l�ind�pendance et de la jeunesse ; le pays ayant renou� avec la tradition du d�fil� militaire du 1er Novembre, date du d�clenchement de la lutte de Lib�ration nationale victorieuse, d�clar�e �F�te des forces arm�es�, manifestation qui fait la fiert� des Alg�riens toutes g�n�rations confondues qui se tient d�sormais dans un grand boulevard de la capitale, la fameuse avenue de l�ALN devenue inad�quate, depuis la mise en service d�autoroutes et de leurs bretelles � l�entr�e de la capitale. L�int�r�t croissant que portent de plus en plus les jeunes aux technologies nouvelles mises au service des forces arm�es et de la d�fense de la patrie, remarqu� � l�occasion des salons et journ�es ouvertes organis�s par l�ANP, a emport�, dit-on, la d�cision du premier magistrat du pays de r�habiliter la revue militaire du 1er Novembre. Quelques ann�es apr�s, en tout cas avant la fin de son mandat, incognito, le Pr�sident se promenant dans le centre de la capitale, dans les quartiers populaires, observait avec �motion qu�il allait enfin pouvoir laisser en h�ritage un pays apais� apr�s de tragiques �preuves, un pays au travail, un pays propre, une nation digne et fi�re, maintenant plus forte et plus riche, d�sormais pr�munie contre les d�rives int�rieures et les dangers ext�rieurs gr�ce � une arme de pr�vention et de d�fense massive, la d�mocratie, � la construction et � la consolidation de laquelle avec les forces vives de la nation, avec les partis rest�s fid�les � leurs principes, m�me dans leur opposition constante au mode de gouvernement et de gouvernance en place, et demeur�s attach�s � l�alternance pacifique dans la gestion des affaires du pays ; il a consacr� les derni�res ann�es de son mandat. Il est d�autant plus �mu qu�il note en son fort int�rieur que si la g�n�ration de Novembre a rempli globalement sa mission durant la guerre de Lib�ration nationale et pris r�guli�rement part dans des conditions diverses, parfois controvers�es, � la gestion du pays depuis le recouvrement de l�ind�pendance nationale, les historiens s��tant saisis � juste titre des �volutions, des bilans et des convulsions ; les valeurs de libert� et de dignit� sont plus que jamais vivantes au sein de la soci�t� alg�rienne et, dans la jeunesse qui �tudie, qui travaille et qui revendique, il y a certainement, sans crainte aucune, des hommes et des femmes patriotes capables de porter son destin avec ambition et loyaut� envers les �constantes� de la nation au sens bien compris de ce terme. Alors, est-ce faire dans la nostalgie, dans la r�gression, dans �un optimisme b�at� pour reprendre une formule ancienne qui connut de beaux jours, que de dire, pour peu qu�on int�gre bien s�r dans un patrimoine commun avec honn�tet� intellectuelle toutes les p�riodes v�cues par notre pays sans reniement mais avec un esprit critique et autocritique permanent, que l�Alg�rie �des t�ches de l��dification nationale� au lendemain de l�ind�pendance ch�rement reconquise, l�Alg�rie de �la charte nationale� qui a vu son peuple d�battre avec passion de son pr�sent et de son avenir dans l�id�ologie dominante d�alors et sous le sceau d�un unique parti omnipr�sent, l�Alg�rie des �grands chantiers de volontariat � m�me encadr�s en ces temps-l� de �l��tre collectif�, l�Alg�rie des r�sistances et des oppositions id�ologiques, l�Alg�rie des mouvements de lib�ration africains et des causes justes � travers le monde, l�Alg�rie des contestations populaires parfois tragiques qui ont ouvert la voie au pluralisme politique et � la libert� de la presse �crite, l�Alg�rie des terribles ann�es de la d�cennie qui a failli emporter l�Etat et le citoyen, l�Alg�rie du d�sendettement et des premi�res �tapes de l��mergence �conomique, l�Alg�rie r�concili�e en grande partie avec elle-m�me et soucieuse avant tout de paix sociale m�me lorsque des cris de r�volte l�gitime se font entendre, que l�Alg�rie riche de toutes ses p�riodes historiques, douloureuses ou heureuses, que l�Alg�rie toujours jalouse de sa souverainet� et de sa libert� de g�n�ration en g�n�ration, saura maintenir ses pas, volontaire ou rappel�e � l�ordre par ses propres enfants, dans le sens de la marche de l�histoire. A cet instant pr�cis, le lecteur se surprend � penser, avant de refermer son journal, qu�il suffit en d�finitive de peu, sans heurts et sans malheurs, pour que la fiction qui se d�roule sous ses yeux, se transforme en une bienheureuse r�alit�.