Le dernier des pharaons d��gypte subit l�affront supr�me : sept mois apr�s avoir �t� chass� du pouvoir, Hosni Moubarak, le tout-puissant patron du pays, leader du monde arabe et dirigeant �mod�le� et respect� par la communaut� internationale, de Washington � Paris, en passant par l�ONU, Londres ou Moscou, cet homme-l� donc comparaissait comme simple accus� dans un proc�s retransmis dans le monde entier. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - L�ex-Ra�s, ses deux fils Gamal et Alaa ainsi que son ancien ministre de l�Int�rieur Habib El Adli �taient offert, hier mercredi en �spectacle� pour les cam�ras de la t�l�vision d�Etat �gyptienne et celles des cha�nes satellitaires, et dans une posture fort pitoyable. Moubarak et les siens devront r�pondre, au plan judiciaire, des lourdes accusations d�assassinat de manifestants et de corruption pouvant leurs valoir jusqu�� la peine capitale. Cependant que, assur�ment, c�est au plan politique et symbolique que r�side tout l�int�r�t d�un proc�s � tout point de vue historique. Il s�agit d�abord, l�, du premier proc�s du genre pour un pr�sident arabe, public de surcro�t. M�me si le lieu du proc�s est l�Acad�mie de la police du Caire, la juridiction, elle, est civile. Et � travers Moubarak et ses fils, les �gyptiens jugent, en fait un r�gime, une �poque. Celle d�un r�gne sans partage du Ra�s, inaugur� par Gamal Abdenasser en 1954 apr�s avoir r�ussi � imposer son h�g�monie sur la R�volution du 23 juillet 1952 qui avait renvers� le roi Farouk. Moubarak, qui s�est empar� du pouvoir d�s 1981 � la suite de l�assassinat de Anouar Sadate a, comme tout bon dictateur arabe qui se respecte, �oubli� de le quitter, depuis. Une �omission� qui, comme toutes ses semblables, s�appuie les instruments traditionnels du pouvoir absolu : concentration excessive des pouvoirs, constitution de client�le, la bride l�ch�e aux services sp�ciaux, r�pression permanente sous toutes les formes et, vers la fin, la pr�paration en douce du successeur, de pr�f�rence dans le tout proche cercle familial. Hafed El Assad l�avait r�ussi jusqu�au bout, laissant d�ailleurs aux Syriens comme h�ritage Bachar qui a suppli� �honorablement� la disparition brutale de son fr�re a�n�, Bassel, que son p�re de pr�sident avait pr�par� pour la fonction. Jusqu�en janvier 2011, Hosni Moubarak �tait �galement en bonne voie de r�ussir une succession � tranquille � � la syrienne : Son fils, Gamal, �tait d�j� le v�ritable homme fort du pays. R�gnant sur l�ex-parti au pouvoir, le PND, il �tait �programm� pour prendre la place de son p�re, d�s cette ann�e 2011 avec les �lections pr�sidentielles qui devaient avoir lieu, n��tait la r�volte populaire de janvier dernier. D�o� toute la charge symbolique et �motionnelle du proc�s en cours, pour tous les �gyptiens qui n�imaginaient certainement pas un tel sc�nario, il y�a � peine quelques mois en arri�re. Voir en effet, et l�ex- Ra�s et son successeur d�sign� rel�gu�s au rang de vulgaires justiciables, malmen�s par un juge sans �tat d��me et une partie civile plaignante qui n�est pas pr�te de faire la moindre concessions, est, en soi, une victoire pour le peuple �gyptien. Avec l�ouverture du proc�s de Moubarak, il est autoris� d�affirmer que la r�volte populaire en �gypte est, parmi toutes les autres dans le monde arabe, la moins inachev�e pour le moment. Pour le reste, il faut attendre l�issue finale de la transition en cours. Une transition qui, en �gypte comme en Tunisie, est de plus en plus marqu�e par la r�surrection, de moins en moins contenue, des forces islamistes qui redoublent d�activisme. A tous les niveaux.