Par le Dr Ahmed Benbitour La crise financi�re internationale vient � point nomm� pour nous rappeler le prix � payer pour les pays qui se sont laiss�s aller � vivre au-dessus de leurs moyens sans penser � l�avenir. Cette crise est la r�sultante de plusieurs d�rapages, mais retenons celui d� � l�endettement. Ces pays ont profit� de l�endettement pour se permettre un niveau de vie, de loin sup�rieur � leurs moyens de cr�ation de richesses et de mobilisation d��pargne � l�avenir. Leurs responsables politiques ayant refus� d��couter les avertissements d�experts se trouvent � faire face � une crise structurelle g�n�ralis�e � diff�rentes nations, sans moyens pour y faire face. Ils ont fait vivre leurs populations dans le leurre de la richesse import�e ! Qu�en est-il en Alg�rie ? En r�alit�, l�Alg�rie s�est install�e dans une crise structurelle grave, bien avant celle v�cue par les pays d�velopp�s. L�attention est actuellement focalis�e sur le risque que peuvent encourir les r�serves de change d�pos�es � l��tranger. Or ce qu�il faut bien noter, c�est que la source d�accumulation de ces r�serves �tant les exportations d�hydrocarbures et non l��pargne du travail des Alg�riens, ce sont des pertes d�finitives � leur naissance. En effet, nous disposons de 173 milliards US$, accumul�s � la suite d�exportation d�hydrocarbures. En clair, cela signifie que si nous retenons un prix du baril � 100 US$ (le prix affich� actuellement), c�est l��quivalent de 1,7 milliards de barils de p�trole extraits du sous sol alg�rien et d�pos�s � l��tranger. C�est l��quivalent de 20% de nos r�serves prouv�es de p�trole ! Comme j�ai eu � le dire � diff�rentes occasions, l��conomie alg�rienne se distingue par la transformation d�une r�serve non renouvelable (les hydrocarbures) en une r�serve volatile (les dollars d�pos�s � l��tranger). Chaque baril de p�trole extrait du sous-sol est, au d�part, une perte pour les g�n�rations futures. Cela deviendra un gain par la mani�re efficiente dont sont utilis�es les recettes g�n�r�es des ventes de ce p�trole. Que peut-on faire de ces 173 milliards US$ ? Les faire fructifier pour qu�ils passent de 173 � 200 ou plus. Laisser faire et les voir perdre de leur valeur ! Mais quelle cons�quence pour le d�veloppement national ? Rien. Dans l��tat actuel de l��conomie alg�rienne, la seule utilisation pouvant avoir des effets positifs sur l��conomie, c�est de les utiliser pour financer des importations d��quipements, tout en r�duisant les exportations d�hydrocarbures. Mais alors, c�est la baisse des recettes fiscales pour financer le budget de l�Etat qui d�pend � 77% de la fiscalit� p�troli�re r�alis�e sur les exportations d�hydrocarbures. Voil�, le pi�ge dans lequel se sont enferm�s les responsables de cette politique de gaspillage de nos r�serves d�hydrocarbures, non renouvelables et de d�penses publiques avec peu d�effets sur la cr�ation de richesses! Une �conomie qui ne dispose pas d�une monnaie convertible au niveau de la balance des capitaux n�a besoin de r�serves de changes que pour assurer une liquidit� suffisante pour r�aliser les op�rations d�importations de biens et de services. Lorsque le niveau de r�serves en devises couvre trois mois d�importations, c�est bien. Si c�est six mois, c�est excellent ! Mais au-del�, c�est du gaspillage ! Cette politique a plac� l��conomie dans une situation suicidaire pour aujourd�hui et meurtri�re pour demain. En augmentant de fa�on inconsid�r�e des d�penses publiques, sans effet notable, sur la cr�ation de richesses et en utilisant la fiscalit� p�troli�re comme source principale des recettes budg�taires, l�on se trouve � extraire de plus en plus d�hydrocarbures du sous-sol. Comme la fiscalit� p�troli�re qui est lib�r�e sur les exportations d�hydrocarbures couvre 77% des recettes budg�taires directement et autour de 85% indirectement, le gouvernement se trouve pour des raisons budg�taires mais non pour les besoins de la balance des paiements � extraire de plus en plus d�hydrocarbures au d�triment des g�n�rations futures. On se trouve � gonfler un niveau de r�serves de change tout � fait inutiles pour l��conomie interne, parce qu�on n�a pas de ressources alternatives pour r�aliser les investissements d�infrastructures et m�me pour payer les fonctionnaires autrement qu�en exportant le p�trole. Plus on parle de l�apr�s-p�trole plus on s�enfonce dans le p�trole ! Il faut noter que le programme d�investissement de 286 milliards US$ ne sera pas financ� par les r�serves de change. Celles-ci servent � financer les importations. Il sera financ�, dans le cas alg�rien, par des recettes fiscales p�troli�res. Lorsque nous parlons de 286 milliards US$ d�investissements, nous ne parlons pas d�une �pargne r�alis�e sur des revenus permanents renouvelables � partir de notre travail ou notre d�veloppement technologique, mais d�extraction en quelques ann�es d�un patrimoine non renouvelable que la nature a mis des centaines de millions d�ann�es pour constituer. Les r�serves de change accumul�es et les d�penses budg�taires r�alis�es sont une dette non remboursable qu�auront � payer les g�n�rations de l�apr�s-2020 ! Le pays se place dans une impasse financi�re qui d�clenchera immanquablement des �meutes non ma�trisables. J�ai appel� dans le Manifeste pour une Alg�rie nouvelle � la constitutionnalisation de l�utilisation des recettes d�exportations d�hydrocarbures. C�est le moment de s�en inqui�ter s�rieusement. Quel avenir pour les g�n�rations futures ? Des r�serves d�hydrocarbures sur la voie de l��puisement. Des constructions et des infrastructures sans d�veloppement qui vont exiger plus d�exportations de ressources naturelles pour financer leur maintenance et leurs frais d�exploitation. Un budget de fonctionnement appelant � plus d�exportation d�hydrocarbures pour combler un d�ficit tr�s �lev�. Autrement dit, un fort besoin d�exportation des hydrocarbures face � des r�serves de plus en plus rares. Y a-t-il un capitaine dans le navire qui chavire lentement mais certainement ?