Par Hassane Zerrouky Tout le monde a applaudi la chute d�un dictateur qui, contrairement � ce qui s�est produit en Tunisie et en �gypte, est surtout le fait de l�intervention militaire occidentale. Un chiffre pour s�en convaincre : 20 652 sorties a�riennes sous le commandement de l�Otan, dont 7 635 ont donn� lieu � des violents bombardements contre les forces de Kadhafi. Et ce, sans compter, ainsi que l�a r�v�l� le New York Times, ces commandos au sol am�ricains, britanniques et fran�ais conseillant et encadrant les insurg�s libyens ! Autrement, comment une r�bellion que d�aucuns s�accordaient � qualifier d�inorganis�e, de mal arm�e, tirant sous l��il des cam�ras occidentales plus de coups de feu en l�air que sur l�ennemi kadhafiste, et sur le point d��tre an�antie, s�est-elle m�tamorphos�e en une redoutable arm�e en l�espace de trois mois ? Pour compl�ter le tableau, ajoutons qu�apr�s l�apparition de dissensions au sein de la r�bellion avec � la cl� l�assassinat dans des circonstances obscures du chef militaire de l�insurrection, le g�n�ral Abdelfateh Younes et, afin de contenir, avant qu�il ne soit trop tard, un d�but de remise en cause de la l�gitimit� des leaders du Conseil national de transition (CNT), les pays membres de l�Otan ont pris la d�cision d�en finir rapidement avec le r�gime libyen. But, parmi d�autres, de cette acc�l�ration des op�rations militaires : sauver la t�te des leaders du CNT en qui l�Occident capitaliste avait plac� sa confiance et asseoir leur l�gitimit� aupr�s des autres courants, notamment islamodjihadistes, de la r�bellion anti-Kadhafi. Quant � ce dernier et � ses fils, il ne faut pas perdre de vue que c�est leur obstination � se maintenir co�te que co�te au pouvoir, quitte � massacrer des milliers de Libyens, qui a provoqu� l�intervention militaire de l�Otan, livrant � terme les richesses du pays aux Occidentaux. Ironie tragique de cette histoire, Kadhafi et son fils Seif Al- Islam, qui avaient promis aux Libyens de ne pas quitter Tripoli et de se battre jusqu�� la mort, se sont �vanouis dans la nature sans crier gare. En outre, pure co�ncidence ou hasard du calendrier, la conf�rence de Paris sur la Libye co-pr�sid�e par Nicolas Sarkozy et David Cameron, � laquelle prennent part une trentaine de pays, a lieu ce 1er septembre, date devant marquer le 42e anniversaire de l�arriv�e au pouvoir de Mouamar Kadhafi s�il �tait encore aux affaires. L�objectif clairement affich� est d�aider la Libye car l�apr�s-Kadhafi ne sera pas une sin�cure. Les caisses de l�Etat libyen sont quasiment vides, les avoirs libyens � l��tranger sont gel�s sur d�cision du Conseil de s�curit� de l�ONU, les fonctionnaires ne sont pas pay�s depuis plusieurs mois, les services publics sont � l�arr�t� le tout dans un contexte d�explosion des prix des denr�es de base et de l�eau. En clair, pour faire red�marrer la machine, le CNT a un besoin pressant de 5 milliards de dollars ! Or, jusque-l�, seuls 1,5 milliard de dollars ont �t� d�bloqu�s. Plus encore, et c�est la raison pour laquelle le CNT, reconnu par une trentaine de pays, sera pr�sent � cette rencontre, il s�agira surtout de l�aider � s�curiser le pays, du moins cette �Libye utile� riche en gisements p�troliers. En effet, tirant les le�ons de la guerre en Irak, les pays membres de l�Otan, Etats- Unis en t�te, ne veulent surtout pas que les dissensions existantes au sein du CNT explosent et �foutent en l�air� le r�sultat de cinq mois d�intervention militaire aux c�t�s des insurg�s libyens d�autant que celle-ci a co�t� cher. Mais au-del� des belles intentions en mati�re de transition d�mocratique et de droits de l�homme qu�afficheront les vainqueurs de Kadhafi � Sarkozy escompte en tirer un dividende politique dans la perspective de la pr�sidentielle de 2012 � Paris attend un retour d�ascenseur. Son ministre des Affaires �trang�res, Alain Jupp�, a �t� sur ce point on ne peut plus clair, qualifiant l�intervention militaire fran�aise d��investissement sur le futur� ! Les Am�ricains sont d�j� sur le terrain. Les Britanniques �galement. La France, parent pauvre dans la Libye de Kadhafi, va en tout cas s�assurer de ne pas �tre oubli�e au moment du partage du g�teau de la reconstruction d�apr�s-guerre et du p�trole�