Par Hassane Zerrouky C�est en fait la question sur laquelle a planch� mardi � Londres le �groupe de contact�, rassemblant les 40 chefs de diplomatie, dont la secr�taire d�Etat am�ricaine Hillary Clinton et les ministres des Affaires �trang�res des pays membres de l�Otan, de l�UE, de certains pays arabes (mais sans l�Alg�rie et l��gypte), et de repr�sentants de l�ONU. L�apr�s-Kadhafi �tait peut-�tre en train de se jouer dans la capitale britannique. Lundi, dans une d�claration conjointe, Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique, � l�origine de cette rencontre, avaient plus ou moins cherch� � en d�finir le cadre. Estimant avec retard que �l�action militaire n�est pas un objectif en soi�, ils s��taient prononc�s pour �une initiative franco-britannique pour une solution politique �, avant de r�it�rer leur exigence de d�part imm�diat du dictateur libyen. D�cod�, les deux dirigeants pr�naient en r�alit� un changement de r�gime que le mandat onusien n�autorise pas. Une solution � laquelle la Turquie et l�Allemagne s�opposent. Ces deux pays soup�onnent, sans le proclamer publiquement, le duo franco-britannique de tenter de contourner la r�solution 1973 de l�ONU. Londres et Paris savent, en effet, que cette r�solution autorisant une zone d�exclusion a�rienne sur la Libye limite leur intervention : ils ne peuvent ni envoyer de troupes au sol ni d�experts militaires pour encadrer les insurg�s libyens. D�autant que ces derniers ont lib�r� des villes sans tirer un coup de feu, sinon en l�air pour manifester une victoire militaire � laquelle ils n�ont pris aucunement part, et qu�ils doivent plus aux bombardements a�riens qu�� leur engagement sur le terrain. M�me Barack Obama, dont le pays est pourtant en pointe dans l�intervention en Libye, assurant plus de la moiti� des frappes a�riennes, s�est montr� sceptique. �Evidemment, il ne fait aucun doute que la Libye et le monde se porteraient mieux si Kadhafi n��tait plus au pouvoir (�) Mais �largir notre mission pour y inclure un changement de r�gime serait une erreur�, a-t-il d�clar� lundi lors d�une allocution t�l�vis�e. Citant l�exemple de l�Irak, le pr�sident am�ricain a ajout� que �le changement de r�gime l�-bas a pris huit ans, co�t� des milliers de vies am�ricaines et presque 1 000 milliards de dollars. Nous ne pouvons pas nous permettre de r�p�ter cela en Libye� ! �Un changement de r�gime est tr�s compliqu�, pr�venait son secr�taire d�Etat � la d�fense Robert Gates. Alors que l�ancien chef de la diplomatie allemande, Franck walter Steinmeier, assurait dans la presse de son pays qu�il n�a �jamais vu� dans sa �carri�re une d�cision d�intervention militaire aussi influenc�e par les int�r�ts nationaux d�un Etat�. Soup�onnant �la France, qui entretenait des relations �troites avec la Libye et Kadhafi� de ressentir �le besoin de couvrir ses agissements par une intervention militaire� ! De ce fait, autant dire que la suite des op�rations s�av�re d�licate. Et que la pr�sence du Conseil national de transition libyen (CNT) � Londres, que seule la France et le Qatar ont reconnu � ce dernier a m�me sign� un contrat d�exploitation p�troli�re avec lui � mais sans �tre autoris� � si�ger autour de la table, n�a pour seul et unique but que de convaincre les pays r�ticents � adh�rer � la solution d�un changement de r�gime en Libye inscrite en filigrane dans la d�marche franco-britannique. Le CNT, dont on sait peu de choses, sinon que son pr�sident, l�ancien ministre de la Justice, Mohamed Abdeljalil, �tait en 2007 l�un des plus acharn�s � refuser la lib�ration des infirmi�res bulgares accus�es d�avoir inocul� le virus du sida � des enfants libyens, s�est prononc� pour �l��tablissement d�une soci�t� libre et d�mocratique � ! A voir ! En attendant, alors que sur le terrain les choses se compliquent � nouveau pour les insurg�s, Mouammar Kadhafi, qui promettait la d�faite aux forces occidentales, a appel� � cesser les frappes a�riennes.