L�installation d�un syndicat UGTA au sein du m�gacomplexe papetier Tonic de Bou- Isma�l a pu se faire suite � un paquet de correspondances et de rappels entre l�union locale de Kol�a et Mourad Khobzi, le directeur g�n�ral par int�rim, fra�chement d�sign� par l�Etat. �La quasi-totalit� de ces d�marches se sont effectu�es dans la transparence totale� nous a d�clar� Djamel Kadri, le secr�taire g�n�ral de l�union de wilaya UGTA de Tipasa, en pr�sentant des ampliations des correspondances adress�es � la centrale UGTA, au wali de Tipasa et � notre r�daction M. Kadri �voque en termes path�tiques le parcours des syndicalistes de ce complexe en vue de l�installation d�une section syndicale : �C�est le 12 juillet 2011, � l�issue de trois rappels adress�s au DG de ce complexe et suite � un mouvement de protestation des 1 600 travailleurs syndiqu�s qu�une section syndicale de l�entreprise fut install�e�, affirme notre interlocuteur. Mais au-del� de ce parcours du combattant des syndicalistes UGTA de Tonic, une nouvelle donne vint se greffer. En effet, en date du 19 juillet 2011, soit une semaine apr�s l�installation de cette section syndicale, il est fait �tat d�un �v�nement nouveau : �Nous travailleurs de Tonic Industrie annon�ons la cr�ation d�un syndicat autonome appel� syndicat national autonome des travailleurs de l�industrie de transformation du papier et emballage�, a d�clar� � la presse M. Arkat Rachid, qui se pr�sente en qualit� de secr�taire g�n�ral de ce syndicat autonome. Nos sources ont r�v�l� qu��un dossier d�agr�ment a �t� d�pos� le 14 juin 2011 au niveau du minist�re du Travail, de l�Emploi et de la S�curit� sociale et que dans l�attente du r�c�piss� d�agr�ment, ce syndicat active au sein du Complexe Tonic�. Ainsi, voil� que l�activit� syndicale de ce m�ga-complexe papetier est anim�e par plusieurs syndicats, dont les revendications sont salariales, organisationnelles et s�curitaires : �Le probl�me de gestion de la protection humaine et mat�rielle reste pos�, notamment la lutte contre plusieurs foyers d�incendie qui ont failli d�vaster les soci�t�s du complexe�, nous d�clare un des fondateurs de ce mouvement syndical. Mais le d�nominateur commun de ces syndicats reste �videmment �le devenir et la gestion de ce complexe lanc� en 1998 et compos� de 11 soci�t�s (Sarl), qui a fonctionn� jusqu�� 2005, date � laquelle Abdelghani Djerrar, son ancien P-DG, fut incarc�r� pour des probl�mes de surendettement et incapacit� � rembourser des emprunts contract�s aupr�s de la BADR� nous pr�cise un syndicaliste de Tonic. �Les 2 500 travailleurs de ce complexe gardent toujours en m�moire l�ann�e 2005, o� Tonic employait 4 000 travailleurs et affichait une capacit� de production de 300 000 t/an de produits finis�, nous confie Ali M., qui ajoute qu��en 2004, le chiffre d�affaires �tait de 12 milliards de dinars et qu�� la suite de la d�signation successive de deux responsables du s�questre en 2007, par le tribunal de Blida, ce chiffre a �t� r�duit � 2 milliards de dinars, suivi d�une mise en faillite de Tonic et de ses 10 soci�t�s prononc�e le 22 d�cembre 2009�. Nonobstant ce passif, la question que se posent certains observateurs et �conomistes avis�s se pr�cise comme suit : �Est-ce que ce complexe, qui souffre des s�quelles de sa mauvaise gestion, des d�g�ts subis par ses outils de production, ainsi que des accusations port�es par les anciens propri�taires contre la dilapidation des �quipements par les responsables du s�questre en 2007, peut r�sister � ces demandes insistantes de r�vision salariales ?� Certains associ�s pointent toujours du doigt ces responsables du s�questre. �Depuis la d�signation de ces derniers, la production a chut� de 5 000 t par mois en 2005 et de 1 000 t par mois durant les ann�es suivantes.� Un quinquag�naire, appel� affectueusement Da Ali, employ� dans cette soci�t� depuis sa cr�ation, �voque tristement le d�marrage de ce fleuron de l�industrie papeti�re, qui faisait la fiert� de Bou Isma�l et de l�Alg�rie : �Tonic devait recycler 500 t/jour de d�chets de papier collect�s, cr�er des milliers d�emplois indirects, et employer plus de 4 000 travailleurs permanents. Mais cette immense soci�t� est destin�e au pire. Prenez l�exemple de la situation de l�usine de dessalement de l�eau de mer de Tonic. Elle a �t� mise au rebut par ces responsables du s�questre, qui ont bloqu� toute initiative pour sauver notre gagne-pain. Aujourd�hui, Tonic utilise pr�s d�un million de litres d�eau par jour, amen�es par des citernes � des prix mirobolants, � partir de forages destin�s aux fellahs. La responsabilit� de ceux qui ont mis fin � l�investissement de cette usine de dessalement pay�e en devises fortes est un crime�, clame notre interlocuteur. Sa r�action n�est pas isol�e, certains membres du Forum des chefs d�entreprises (FCE) estiment que �la cascade des �v�nements qui a affect� Tonic n�est pas uniquement son surendettement � en soulignant dans ce cadre que �Tonic peut atteindre un chiffre d�affaires annuel de 15 milliards de dinars et peut assurer l�autosuffisance de l�Alg�rie en emballage et papier, et probablement exporter, autant de motifs pour provoquer des convoitises nationales et internationales. Le FCE a propos� � ce titre de sauvegarder Tonic-Emballage en misant sur un partenariat avec le priv� alg�rien�. Aujourd�hui, l�Etat a mis� sur une gestion directe de Tonic par le biais du directoire de la Soci�t� de gestion des participations de l�Etat (SGP), le Ghephac (chimie-pharmacie). Plusieurs observateurs nationaux estiment que les r�centes revendications salariales sont l�gitimes, tout en �mettant des r�serves. Le niveau de l�activit� actuelle peut-il faire face � des augmentations salariales des 2 500 travailleurs, dont la plupart per�oivent le SNMG ? Dans le pass�, certains gestionnaire avaient propos� un plan de travail partiel au profit d�une partie des travailleurs, au cours duquel ces travailleurs seront r�duits � travailler 15 jours sur 30 sans contrepartie salariale, cela en vue de r�duire les charges�. Rappelons que la dette de Tonic lors de sa mise en faillite a �t� �valu�e � 6 300 milliards de centimes. D�autre part, le colossal investissement de Tonic, une entreprise familiale compos�e de 11 soci�t�s, r�alis� � Cha�ba et Bou-Isma�l sur une superficie de 25 ha fut le fruit d�un fabuleux et historique cr�dit de 80 milliards de dinars, la BADR ayant d�bloqu� 65 milliards de dinars. Un cadre de banque nous pr�cise � ce titre qu��il s�agit d�un cr�dit bancaire jamais consenti � une entreprise alg�rienne. La mise sous s�questre de Tonic puis sa faillite prononc�e par voie judiciaire, et enfin sa nationalisation et sa gestion par le Ghephac furent autant de t�moins d�une gestion hasardeuse dont plusieurs centaines de travailleurs pay�rent le prix fort, avec des licenciements et des plans de redressement qui font craindre le pire pour le devenir des 2 500 travailleurs en poste actuellement�. La plateforme de revendications pr�sent�e au cours des derniers mois par les travailleurs de Tonic traduit le malaise de ces travailleurs. �Nous revendiquons une augmentation du salaire de base qui avoisine 18 000 DA, une augmentation des primes et indemnit�s, l�augmentation de la prime de nuisance, le doublement de l�actuelle prime de panier pour atteindre 300 DA.� Ils demandent aussi �l�arr�t des licenciements abusifs, d��carter les retrait�s au profit des jeunes, d�enqu�ter sur la d�signation de certains directeurs en poste, la titularisation des personnels contractuels, l��laboration d�une convention collective et l�am�lioration des conditions de travail�. Un syndicaliste du secteur de l�enseignement affirmera � ce propos qu��il convient de rappeler que le passage de Tonic du statut de soci�t� priv�e � celui d�entreprise d�Etat est un fait nouveau et caract�ristique pour les milliers d�entreprises alg�riennes o� les structures syndicales ne sont ni install�es ni op�rationnelles�.