De violents affrontements ont eu lieu hier � Triolet entre les habitants du quartier Beaufraisier et les agents de l�ordre public. Trois bless�s parmi les manifestants et trois autres parmi les policiers. Les habitants sont sortis dans la rue pour manifester leur m�contentement de l�op�ration de relogement entreprise pas la wilaya d�Alger. Ne figurant pas dans les listes des b�n�ficiaires, ils d�noncent la �hogra� et se disent �prioritaires�. Wassila Zegtitouche - Alger (Le Soir) - Place Triolet. Neuf heures quarante minute. Un important dispositif de s�curit� est mis en place. Des dizaines de policiers anti�meutes sont aux aguets. La route est coup�e � la circulation. Des d�bris de verre et des pierres jonchent la route. �Evitez d�aller plus loin�, nous conseille Samir, officier � la S�ret� de la da�ra de Bab El Oued. Des affrontements ont eu lieu entre policiers et une trentaine de jeunes protestataires, habitant de Beaufraisier d�s 8h30, explique Samir. A une centaine de m�tres plus loin, des cris retentissent. On est � la ruelle qui monte vers Beaufraisier. Une quarantaine de jeunes brandissent des sabres et autres battes en scandant divers slogans puis ont barricad� la route nationale. Des pneus usag�s sont en feu. �Nous nous sommes soulev�s pour d�noncer la hogra. Nous vivons dans des conditions lamentables depuis des ann�es et personne n�a daign� r�pondre � notre cri de d�tresse�, lance, exc�d�, un p�re de famille. Ammi Derradji, comme l�appellent les habitants, s�exprime avec beaucoup de ranc�ur. �Cela fait plus de cinquante ans qu�on nous promet d��tre relog�s. Il n�y pas eu d�op�ration de relogement dans notre quartier, 14 chemin du Fort, depuis les ann�es soixante-dix, si ce n�est les ann�es cinquante�, vocif�re Derradji. D�autres voix s��l�vent pour raconter leurs conditions de vie dans des habitations de fortune. �Nous habitons dans d�insalubres masures dans le lit d�un oued, avec tous les d�sagr�ments caus�s par la carri�re. Par temps de pluie, c�est invivable. Des familles comptent en moyenne 6 � 7 c�libataires et vivent dans conditions d�plorables. Nous sommes entass�s les uns sur les autres. Nous ne disposons d�aucune intimit�, lance Derradji. �Nous sommes �g�s de quarante ans, nous sommes tous n�s ici�, crient � l�unisson trois hommes. Et d�ajouter que cela fait quarante ann�es qu�ils entendent les m�mes promesses. Selon Derradji, les habitants du chemin du Fort ont fait l�objet d�un recensement � maintes reprises. Le dernier en date remonte au 7 juillet 2007. 85 familles y figurent. La majorit� des manifestants �voquent le nombre de deux cents familles habitant des maisons pr�caires. Apr�s les inondations de 2001, des commissions des services du CTC se sont d�plac�es sur le site, rappellent les habitants. �Le maire nous a promis d��tre les premiers relog�s. Samedi, nous nous sommes d�plac�s � la da�ra de Bab El Oued, et c�est le maire qui nous a re�us. Aujourd�hui (hier, ndlr) personne n�a daign� nous recevoir. Tout ce que nous demandons, c�est un logement, qu�on nous fixe une date pour notre relogement�, nous explique-t-on. Ils pointent du doigt le maire de Oued Koreiche : �C�est � lui qu�incombe la t�che de recenser et d�terminer les familles qui n�cessitent r�ellement d��tre relog�es. Il est bien cens� nous repr�senter. Nous avons d�j� remis un rapport au chef de da�ra. Il nous a r�pondu qu�il connaissait bien le quartier et a, encore une fois, promis de nous reloger. En vain�, expliquent des repr�sentants du comit� du quartier. Vers 10 heures, les �meutiers se rapprochent. Une trentaine de m�tres les s�pare des policiers. Un chasse- neige fonce droit sur les protestataires. Commencent alors les jets de pierre. Samir est touch� � la t�te. Il est assist� par des policiers anti�meutes. Plus loin, le chasse-neige est toujours � l��uvre. Un jet d�eau dispersera les manifestants qui courent dans tous les sens. De nouveaux affrontements �clatent. Les jeunes ripostent. Ils multiplient les jets de pierre. Des coups de feu retentissent. Les manifestants usent de cocktails Molotov. Un autre agent de l�ordre est touch�. Bilan de cette bataille rang�e, trois bless�s parmi les policiers et trois du c�t� des contestataires. Deux jeunes sont �galement arr�t�s. Les officiers faisant preuve de sagesse �n�gocient� avec des repr�sentants du quartier, les appelant au calme. �Calmez-les pour nous permettre de lib�rer la circulation, et on vous promet que des responsables viendront s�enqu�rir de votre situation�, demandera, non sans peine, un officier. Les habitants tentent de calmer les esprits. Une courte tr�ve est marqu�e, entrecoup�e par des jets de pierre. Il est onze heures. Des officiers se rapprochent des �meutiers et tentent d�ouvrir le dialogue. Ces derniers, qui ne cessent de crier � l�injustice, d�noncent la r�pression et le favoritisme qui ont empreint cette op�ration de relogement. Et de menacer : �Nous revendiquons d��tre trait�s en humains, nous vivons comme des rats. Nous manifestions pacifiquement. Si nos revendications ne sont pas prises en compte, et s�ils ne lib�rent pas les deux personnes arr�t�es, nous mettrons le feu � la da�ra et � l�APC. Notre patience a des limites.� �N�oubliez pas que ce genre de protestation a fait tomber des chefs d�Etat. Nous nous soul�verons contre la hogra, pour le travail et pour le logement��, tient � ajouter un jeune. Vers 11h20, le calme s�instaure. Des camions de l�Asrout et de la Protection civile proc�dent au nettoiement de la chauss�e. La circulation est lib�r�e. Les insurg�s continuent � exprimer leur ranc�ur et leur mal-�tre. Dans l�apr�s-midi, des repr�sentants du quartier Beaufraisier sont re�us par le wali-d�l�gu�. Ce dernier aurait promis d�exposer les faits au ministre de l�Habitat et de leur soumettre la r�ponse dans un d�lai de 15 jours. Encore une promesse pour �touffer l�ire de la population�