Lila Borsali et la musique se sont rencontr�es, le jour o� elle est n�e, dans une famille de m�lomanes. D�s l��ge de onze ans, elle est l��l�ve du professeur Bekka�, qui dirige une classe d�initiation � la musique, et apprend � jouer � la mandoline. Elle rejoint, ensuite, l�association Ahbab Cheikh Larbi Bensari et fera rapidement partie de l�orchestre �seniors�. Elle participe �galement � de nombreux concerts et festivals ainsi qu�� l�enregistrement d�un CD � Radio France : une nouba zidane (Anthologie de la musique arabo-andalouse,Vol.4-5, Ocora Radio France). En 1995, elle quitte Tlemcen pour Paris et devient co-fondatrice de l�association Les Airs andalous. Elle opte aussi pour la kouitra, un instrument plus traditionnel. En 2009, elle retourne en Alg�rie plus pr�cis�ment � Alger o� elle int�gre l�association Les Beaux-Arts. Elle participe avec cette association � diverses manifestations et enregistre avec son orchestre une nouba rasd. Entour�e de musiciens de l��cole d�Alger et de Tlemcen, Lila Borsali a enregistr�, en 2010, un album dans le genre hawzi intitul� Fraq Lahbab. Aujourd�hui, elle dirige l�orchestre f�minin r�gional de Tlemcen. Le Soir d�Alg�rie : vous avez chant� derni�rement � la basilique de Notre- Dame d'Afrique � Alger. Quelle impression cela fait de chanter dans ce cadre inhabituel ? Lila Borsali : Effectivement, j�ai eu cette magnifique occasion de chanter dans un lieu tout � fait inhabituel, mais tellement extraordinaire ! Dot�, en plus, d�une acoustique bien particuli�re, le lieu est dune beaut� exceptionnelle. Ce dernier impose aussi un silence qui ne pouvait que m�aider � interpr�ter mon programme dans les meilleures conditions. J�ai ressenti une r�elle osmose entre un public tr�s � l��coute et moi-m�me. Que repr�sente la musique andalouse pour Lila Borsali ? La musique andalouse repr�sente pour moi une partie essentielle de mon identit�. J�ai �t� berc�e par cette musique, et je n�ai jamais cess� de la pratiquer et cela toujours dans un cadre exclusivement culturel. Aujourd�hui, la passion d�vorante que j�ai pour elle occupe, pratiquement, tout mon temps, car j�ai une soif d�apprendre tout ce qui touche, de pr�s ou de loin, � ce patrimoine. Beaucoup d'artistes alg�riens s'installent � l'�tranger, � un moment ou un autre, de leur carri�re. L'exil est-il n�cessaire ? Chaque artiste a un parcours diff�rent. Me concernant, j�ai connu �l�exil� avant m�me de commencer ma carri�re, puisque j�ai pass� seize ann�es en France au cours desquelles j�ai pratiqu� cette musique dans un cadre associatif. Je dirai plut�t que c�est mon retour en Alg�rie qui m�a permis de me consacrer exclusivement � cet art. Donc, pour moi, l�exil n�est pas n�cessaire. Avez-vous une pr�f�rence concernant les trois �coles andalouses alg�riennes ? Je ne parlerai pas de pr�f�rence, mais plut�t d�appartenance � une �cole. L��cole de Tlemcen dite �gharnati� est mon �cole, et je ne peux que la d�fendre, mais j�appr�cie autant l��cole d�Alger (sana�) ainsi que celle de Constantine (malouf). Nous avons, en Alg�rie, la chance d�avoir ces trois �coles qui se sont, d�ailleurs, toujours nourries les unes des autres. Il est, donc, hors de question pour moi d�en pr�f�rer une, m�me si l��cole de Tlemcen reste �videmment celle que je pratique le plus. J�ai eu aussi la chance, en m�installant dans la capitale, de pouvoir pratiquer l��cole d�Alger au sein de l�association Les Beaux-Arts, ce qui m�a permis de d�couvrir davantage cette �cole. Lila Borsali a-t-elle des mod�les dans le domaine artistique ? Mes mod�les, et, je parlerai surtout de r�f�rences, sont d�abord nos anciens ma�tres. Je citerai, donc, cheikh Larbi Bensari, cheikh Redouane Bensari, cheikh Dali, cheikh Sekal et bien d�autres, sans oublier cheikha Tetma, une femme qui a su porter cette musique � une �poque o� il �tait mal vu de pratiquer cet art. Evidemment, j�ai aussi comme mod�les des gens qui m�ont beaucoup apport�, aid�e et avec qui j'ai collabor� � plusieurs reprises, que ce soit dans le cadre associatif ou pour mes projets personnels. Je citerai, en premier lieu, Abdelkrim Bensid, mon chef d�orchestre � Paris, qui m�a transmis toute cette passion pour la musique andalouse. Ensuite Abdelhadi Boukoura, chef d�orchestre des Beaux- Arts, qui m�a apport� de l�assurance et m�a d�montr� qu�il �tait possible d�aller au bout de ma passion. Et, enfin, Yassine Hammas, chef d�orchestre de l�Ensemble r�gional de Tlemcen, qui se bat pour que de jeunes artistes comme moi puissent trouver leur place sur la sc�ne artistique. Mme Beihdja Rahal fait aussi partie de mes mod�les, et je l�admire pour tout le travail artistique qu�elle accomplit. Des projets ? Pour l�imm�diat, j�attends l��dition de mon dernier CD, une nouba rasd eddil, dont je viens de finir l�enregistrement. Entre-temps, je pr�pare mon troisi�me album. Quant aux concerts, il faut savoir que pour nous, jeunes artistes, il est difficile de se faire programmer dans des salles. Donc, pour l�instant, je n�ai rien de pr�vu. A long terme, mon r�ve serait d�enregistrer un produit dans chaque nouba. J�ai aussi comme projets d�enregistrer d�autres produits dans le hawzi et le m�dih. En dernier lieu, �tant chef d�orchestre du nouvel orchestre r�gional f�minin de Tlemcen, je souhaite promouvoir cet ensemble par des concerts et pourquoi pas un enregistrement en studio.