Quels lendemains attendent la Libye � pr�sent que Mouammar Kadhafi est mort ? Les questionnements surgiront d�s qu�aura refroidi cette actualit� li�e aux circonstances de sa mort. In�vitablement. Sofiane A�t Iflis - Alger (Le Soir) - N� sous une tente b�douine en 1942 dans le d�sert de Syrte, Mouammar Kadhafi a p�ri jeudi 20 octobre dans cette m�me ville o� il s��tait r�fugi� apr�s la chute de Tripoli le 23 ao�t dernier. Le Tyran, �g� de 69 ans, a vraisemblablement �t� ex�cut� par les combattants du Conseil national de transition (CNT) qui l�ont captur� alors qu�il �tait terr� dans un canal d��vacuation. Celui qui s��tait affubl� du titre de guide de la r�volution libyenne, d�chu depuis la prise de Tripoli par les combattants du CNT, est pass� de vie � tr�pas de fa�on violente, dans sa ville natale, Syrte, qui a soutenu un si�ge long d�un mois. Sa mort a �t� confirm�e et attest�e par des images et des vid�os film�es � l�aide de t�l�phones mobiles par des combattants du CNT. N�anmoins, les circonstances de cette mort restent impr�cises, ceci m�me si les images diffus�es en boucle par les t�l�s du monde entier laissent soup�onner une liquidation sommaire. Mouammar Kadhafi a �t� extrait vivant du tunnel o� il s��tait cach�, apr�s que sa tentative de fuir Syrte au milieu d�un convoi de 4x4 eut �t� avort�e par une intervention a�rienne de l�Otan. Il aurait d�abord �t� livr� au lynchage des insurg�s surexcit�s avant d��tre achev� par balles. Dans sa version des faits, le Premier ministre libyen, membre du CNT, Mahmoud Jibril, a �voqu� une mort �dans une fusillade entre ses gardes et des combattants du CNT�. Cette fusillade serait intervenue au moment o� Kadhafi, bless� � la jambe, allait �tre transf�r� � l�h�pital. �Aucun ordre de le tuer n�a �t� donn�. Il a �t� touch� d�une balle dans la t�te et il est d�c�d� avant son arriv�e � l�h�pital�, a affirm� encore Jibril. Cependant, cette version ne semble pas avoir convaincu grand monde. Le Haut Commissariat de l�Onu aux droits de l�homme a estim� qu�une enqu�te sur les circonstances de la mort de Kadhafi est n�cessaire. �Les circonstances de sa mort restent obscures. Une enqu�te est n�cessaire �, a estim� jeudi � Gen�ve le porte-parole du Commissariat onusien, Rupert Colville. En attendant que la v�rit� soit �tablie sur cette fin violente du tyran, le Conseil national de transition semble avoir d�j� programm� de passer � autre chose. Et il compte proclamer, aujourd�hui samedi, la lib�ration de la Libye, �tape qui devra poser les jalons d�un processus politique � l�issue vraiment incertaine. Qui du militaire ou du politique influera sur le processus ? Si, aid� par les forces de l�Otan, le Conseil national de transition libyen est parvenu, apr�s 7 mois de combats et des milliers de morts, � �liminer Mouammar Kadhafi, apr�s avoir fait chuter son r�gime, il lui reste � parachever sa �r�volution� par la mise en branle effective du processus de reconstruction politique. Ce n�est pas chose ais�e dans cette Libye o� la tradition institutionnelle n�existe pas et o� les cr�pitements des armes ont par moments �t� plus sonores que les la�us politiques. In�vitablement, dans pareille situation, l��quation politico-militaire s�offre avec ses variables mais surtout ses inconnues. D�j�, � mesure qu�approchait la fin devenue in�luctable de Kadhafi, des tensions se sont fait sentir entre les �baroudeurs� et les politiques. Celles-ci pourraient s�exacerber lorsqu�il s�agira de d�gager l�encadrement du processus politique mais aussi de trouver un successeur � Kadhafi. La guerre de 7 mois n�a pas laiss� �merger de figures politiques pouvant drainer consensus. Les Mustapha Abdeljalil et Mahmoud Jibril sont peu certains pour jouer un tel r�le. En ce moment m�me, ils doivent faire face � une pouss�e des chefs militaires qui auraient bien � c�ur de tirer les dividendes d�une victoire qu�ils c�l�brent comme d�abord la leur. Leur complication viendra �galement du fait que la Libye n�a jamais �t� un Etat au sens institutionnel du terme. Les sept mois d�insurrection ont mis � la lumi�re du jour trois grands p�les : la Tripolitaine, ayant comme centre n�vralgique Tripoli, la Cyr�na�que, � l�est et autour de Benghazi et enfin Misrata. La forte tradition tribale n�est donc pas pour faciliter le processus de construction politique. Ajoutez � cela les r�les que joueront les Occidentaux, notamment la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis d�Am�rique qui ont grandement contribu� � la chute de Kadhafi et de son r�gime. C�est dire que la Libye a pris d�sormais rendez- vous avec l�incertitude.