Par Ali Mabroukine, professeur d�universit� �Les mauvaises intentions sont comme les billets de banque, il faut les poss�der soi-m�me pour les pr�ter aux autres.� (Jean de La Rochefoucauld) Mohamed Ma�rfia s�efforce tout au long de son article de relativiser les m�rites du colonel Boumedi�ne dans la r�organisation de l�arm�e, apr�s l��chec du COM/Est, notamment en indiquant que ce sont les collaborateurs de Krim qui avaient con�u � l�origine les projets de restructuration de l�ALN. Ceci correspond � la v�rit� historique. Mais il oublie seulement de rappeler deux ordres de circonstances qui seront d�terminants dans le succ�s de l�EMG : l�unification des rangs des moudjahidine autour de Boumedi�ne, alors que les luttes que se livrent K. Belkacem d�un c�t�, Abdelhafid Boussouf et Abdallah Bentobal, de l�autre, ne cessent de d�courager les djounoud. Ensuite, la mise en application des projets concoct�s par les collaborateurs de Krim n�aurait jamais �t� possible, sans le charisme, le savoir-faire et l�expertise de H. Boumedi�ne. Il faut, sans doute, sans pr�tendre � l�exhaustivit�, exposer les principales raisons pour lesquelles le colonel Boumedi�ne s�est impos� � la t�te de l�ANP, raisons qui justifient largement la th�se selon laquelle sa l�gitimit� historique n�avait absolument rien � envier, � rebours des arguments invoqu�s par certains historiens professionnels, � celle des chefs historiques qui ont surv�cu � l�ind�pendance. 1. Le colonel Boumedi�ne a �t� d�sign� comme adjoint d�A. Boussouf en 1957. Cette d�signation a �t� adoub�e par le regrett� Larbi Ben M�hidi, contraint de quitter la direction de la Wilaya V pour entrer au CNRA ; elle n�a jamais �t� accept�e par les autres chefs militaires, dont le colonel Ali Kafi, pour la seule raison que H. Boumedi�ne n�avait que 25 ans � cette �poque. Le successeur de Boussouf, dou� d�une haute �l�vation de pens�e, n�en tiendra jamais rigueur au patron de la Wilaya II dont il fera un ambassadeur, au cours de l�ind�pendance. Le colonel Boumedi�ne avait d�j� l�envergure d�un chef politico-militaire et transcendait culturellement et politiquement tous les clivages traditionnels qui furent � l�origine des d�saccords entre les responsables du FLN/ALN. 2. Le GPRA �tait min� par les luttes au sommet. A. Boussouf, B. Krim et A. Bentobal tiraient, chacun de son c�t�, la couverture � eux ; un spectacle affligeant pour les milliers de djounoud plong�s � nouveau dans l�incertitude des lendemains, alors que partout sur le territoire national, la r�sistance des wilayas de l�int�rieur face � l�arm�e fran�aise, � laquelle le GPRA �tait profond�ment indiff�rent, s��tiolait inexorablement. A l�ouest, vers 1959-1960, le capitaine Zoubir entre en dissidence contre toute la haute garde du FLN/ALN, �v�nement gravissime, s�il en est, qui sollicitera un peu plus tard, dans une premi�re phase, l�arbitrage des autorit�s marocaines, par ailleurs uniquement soucieuses d�aider la r�sistance alg�rienne. Le capitaine Zoubir sera finalement ex�cut� en juillet 1960 par l�EMG. Mais il convient de prendre les choses d�un peu plus haut. Une nouvelle fois, c�est la direction du GPRA (mais plus pr�cis�ment le Comit� interminist�riel de la guerre, compos� des 3 B) qui fera pression sur Boumedi�ne pour que soit sanctionn� de fa�on exemplaire le capitaine Zoubir. Le colonel Boumedi�ne n�aurait jamais d� c�der aux exigences du CIG dont l�audience aupr�s de l�ensemble des troupes de l�ALN �tait devenue voisine de z�ro. L�argument invoqu� par A. Boussouf et A. Bentobbal, � l�adresse de l�EMG, selon lequel les services fran�ais feront leurs choux gras de la dissidence du capitane Zoubir pour continuer � affaiblir les bases arri�re de l�ALN, �tait parfaitement sp�cieux. Il est �videmment regrettable que le colonel Boumedi�ne se soit laiss� circonvenir par la m�me camarilla de colonels, alors que l�EMG disposait d�j� d�une totale autonomie � l��gard du GPRA, n��tait pas tenu de rendre compte au CIG et n��tait, en d�finitive, responsable que devant le seul CNRA. 3. Le COM/Est confi� au colonel Sa�d Mohammedi (Si Nacer) est en train d�aller � vau-l�eau. C�est un navire en perdition pilot� par un dirigeant fantasque et inepte. Le colonel Houari Boumedi�ne, qui est en contact permanent avec ses hommes, prend la mesure de la perte vertigineuse de cr�dibilit� des colonels de l�ALN aupr�s de leurs hommes, et entreprend, alors, de r�organiser en profondeur le COM/Est qui fusionnera avec le COM/Ouest pour donner l�EMG, au cours du CNRA de Tripoli 1 (16 d�cembre 1959-18 janvier 1960). 4. Les m�thodes de gestion des finances de l�ALN seront rendues transparentes, alors que pr�valaient jusqu'� l�arriv�e de H. Boumedi�ne, pr�varication, concussion, contrebande, rackets, d�tournements de fonds. La rigueur morale de H. Boumediene vient de loin. Il cherchera plus tard, au moment de l�ind�pendance, � l�imposer aux clans et aux factions avec lesquels il �tait oblig� de composer pour exercer le pouvoir et diriger le pays. 5. Il est peu contestable que le colonel Houari Boumediene a apport� � l�ANP l�efficacit� et la coh�sion qui lui faisaient encore grandement d�faut. N�en d�plaise � Mohamed Ma�rfia, ni Krim et encore moins Mohammedi n��taient des chefs militaires capables de mettre en �tat de marche une arm�e solide, homog�ne et nationaliste. Abane, lui-m�me, ne leur reconnaissait aucun savoir-faire, en ce domaine, si ce n�est l�aptitude � ob�ir. Quant � Boussouf, sa pr�dilection pour le pr�torianisme et l�exercice de la police des consciences qui �taient sa marque de fabrique ne le qualifiaient gu�re pour nouer un dialogue avec une arm�e issue des profondeurs de la nation. A cet �gard, que l��minent historien fran�ais Gilbert Meynier veuille bien me pardonner si je qualifie de contre-v�rit� historique et m�thodologique fondamentale son affirmation selon laquelle l�EMG �tait une force de r�serve pr�torienne (Voir Histoire int�rieure du FLN - 1954-1962, Casbah Editions, 2003, 812 p, p.317 et suiv.). Qu�il le veuille ou non, elle �tait la l�gitime h�riti�re de l�ANP, apr�s l��crasement des wilayas de l�int�rieur par la 4e puissance militaire du monde. Au risque de vouloir en remontrer � plus comp�tent, l�EMG aurait �t� une force pr�torienne si, d�une part, sa cr�ation, son fonctionnement, son mode d�organisation et ses activit�s n�avaient pas tendu � la seule mise en �uvre des d�cisions prises par une instance souveraine qui n��tait autre que le CNRA, et si, d�autre part, son objectif n�avait pas �t� de mettre en application le contenu de la D�claration du 1er novembre 1954 et m�me celui de la Plate-forme de la Soummam. G. Meynier raisonne comme si l�exercice des responsabilit�s politiques et militaires, ainsi que la prise de risque, dans le contexte historique le plus troubl� et le plus incertain qui soit, ressortissaient de l�Immacul�e conception ; il n�y a pas d�un c�t� des purs, des id�alistes, et de l�autre, des cyniques et des opportunistes. La circonstance qu�un des fid�les compagnons d�Abane, Sa�d Dahleb, mit toute son autorit� morale, politique et intellectuelle pour que Boumedi�ne f�t intronis� � la t�te de l�EMG souligne � l�envi la perception qu�avaient de lui les militants les plus insoup�onnables de la cause nationale. 6. La remise en selle de Krim qui pr�sidera la d�l�gation alg�rienne aux n�gociations d�Evian, � partir du 20 mai 1961, e�t �t� compromise, n��tait la reprise en main de l�ALN par le colonel Boumedi�ne, ce qui donnera ainsi l�occasion � Krim de ressusciter politiquement. Tout cela pour dire que l�ascension du colonel Boumedi�ne jusqu�au sommet de l�ALN n�est pas due au hasard. Le seul chef politico-militaire capable de s��lever au-dessus des clivages partisans, des querelles de s�rail, des affinit�s r�gionales et claniques et des d�rives client�listes et n�potiques �tait Houari Boumedi�ne. Apr�s la mort de Larbi Ben M�hidi et celle de Ramdane Abane, aucune personnalit� du FLN/ALN ne pouvait rivaliser avec le colonel Boumedi�ne. Pour le surplus, d�s 1959-1960, il expose � des milliers de djounoud �bahis, sid�r�s m�me par une telle prescience des �v�nements, sa vision de l�Etat alg�rien ind�pendant : un Etat r�alisant la justice sociale, mettant l��cole � la port�e des plus humbles, modernisant son agriculture, �difiant des universit�s et des centres de recherche, construisant des complexes industriels, exploitant lui-m�me et pour son compte ses richesses naturelles. La coll�gialit� au Conseil de la r�volution Ce serait une contre-v�rit� que d�affirmer que les d�cisions les plus importantes prises entre 1965 et 1978 portent l�empreinte du Conseil de la r�volution, en tant qu�organe coll�gial. Le concepteur principal en �tait le pr�sident Boumedi�ne. La question n�est pas de savoir si, ce faisant, il pi�tinait le principe de coll�gialit� qui e�t impos�, pour devenir r�alit�, que tous les membres du Conseil de la r�volution fussent consult�s sur les questions relatives � la gestion des affaires de l�Etat et ult�rieurement associ�s � leur �laboration. Il est int�ressant de savoir ce qu�aurait �t� l�Alg�rie, si Houari Boumedi�ne s�en �tait remis aux membres du Conseil de la r�volution, non pas seulement pour gouverner l�Alg�rie, mais pour �laborer un projet de soci�t� capable de la projeter dans la modernit� et la prosp�rit�. Aurait-il pu engager la r�volution agraire, la gestion socialiste des entreprises, la m�decine gratuite, la d�mocratisation de l�enseignement, la r�cup�ration des richesses naturelles, le lancement d�un processus industriel destin� � faire de l�Alg�rie le Japon de l�Afrique, s�il avait nou� des palabres avec des chefs de guerre �minemment estimables, tous baroudeurs t�m�raires de leur �tat, mais �galement prisonniers (malgr� eux) d�une vision �triqu�e de la gestion des affaires publiques, p�n�tr�s de la culture du clan et l�esprit de �of,et la plupart demandeurs de terrains � b�tir, de fonds de commerce et de licences d�importation que H. Boumedi�ne finira par leur accorder g�n�reusement (n�avaient-ils pas contribu� � faire passer l�Alg�rie des t�n�bres de la colonisation aux lumi�res de l�ind�pendance, m�me si celle-ci ne devait �clairer, au final, qu�une minorit� d�Alg�riens). Est-ce avec ces hommes-l� que Houari Boumedi�ne pouvait construire l�Alg�rie ? A chaque fois qu�il mettait en d�bat, au Conseil de la r�volution, une question vitale pour le d�veloppement du pays, un silence assourdissant lui r�pondait. En dehors d�Ali Mendji, Ahmed Ka�d et Ahmed Mederghri, l�ensemble des autres membres du Conseil de la r�volution (� commencer par son successeur imm�diat) affichaient une telle indiff�rence � la gestion des affaires du pays, un tel d�tachement � l��gard de choix fondamentaux sur lesquels H. Boumedi�ne aurait souhait� engager la discussion la plus large, que lui-m�me finit par en concevoir une profonde amertume qui ne s�apaisera que du jour o� il d�cidera de ne plus r�unir le Conseil de la r�volution. Cette d�cision �tait sage et salutaire ; elle lib�rait le chef de l�Etat d��changes de propos st�riles avec des troubadours incultes qui consid�raient que leur participation � la lutte de lib�ration allait �tre transform�e en une rente de situation viag�re et inconditionnelle. La seule personnalit� politique que H. Boumedi�ne aurait d� �couter et m�me suivre, c��tait Ahmed Medeghri. Cet homme �tait d�un courage exemplaire, dou� d�une personnalit� peu commune, travailleur acharn�, ayant un sens aigu du bien public (quelques mois avant sa mort, il avait d�cid� la cr�ation d�une �cole sup�rieure des cadres dont le rayonnement devait s��tendre � toute l�Afrique). C��tait un homme d�exception. Il ne partageait pas les options socialistes du pr�sident Boumedi�ne, bien qu�il f�t, autant que lui, un �tatiste. Il s��tait plusieurs fois inscrit en faux contre les conditions de mise en �uvre de la r�volution agraire, contre l�arabisation dans laquelle il voyait un danger mortel pour l��cole alg�rienne ; il d�sirait par ailleurs obtenir le d�part d�un certain nombre de membres du gouvernement avec lesquels il �tait en d�saccord (par exemple, Sma�l Mahroug, alors ministre des Finances). Houari Boumedi�ne refusa de lui donner satisfaction sur quelque point que ce soit, estimant ses dol�ances d�raisonnables et peu compatibles avec le caract�re irr�versible d�un certain nombre de r�formes. Atteint d�une grave d�pression nerveuse (psychose maniaco-d�pressive), il mit violemment fin � ses jours le 10 d�cembre 1974. Cela dit, il serait inexact d�affirmer ou de laisser entendre que le pr�sident Boumedi�ne n��coutait pas. Il �tait tellement hant� par l��chec de ses projets, qu�il consultait tout le spectre des sp�cialistes, des experts et des technocrates, ce qui lui sera souvent reproch�. Quant aux r�formes qu�il avait engag�es avec une rare opini�tret�, �liminant politiquement (mais jamais physiquement) tous ceux qui avaient os� s�y opposer, c��tait des r�formes voulues par les p�res fondateurs de la R�volution alg�rienne et qui toutes s�inscrivaient dans la perspective trac�e par la D�claration du 1er novembre 1954, la plate-forme de la Soummam et le Programme de Tripoli. Le pr�sident Boumedi�ne �tait id�ologiquement et moralement l�otage d�options dont la concr�tisation constituait la raison d��tre m�me du combat contre le colonialisme. Mohamed Ma�rfia, plut�t que de c�der � l�ironie facile, aurait gagn� � relire les pages d�histoire consacr�es � l��tat de la soci�t� alg�rienne au lendemain de l�ind�pendance. Il aurait alors compris que la construction d�un Etat jacobin, centralis�, despotiquement �clair�, (celui-l� m�me dont voulait ardemment Abane), �tait le pr�alable � l�instauration de la d�mocratie et celle d�un v�ritable pacte social interne qui n�est m�me pas encore dans les limbes, 50 ans apr�s l�ind�pendance. Le souci de Boumedi�ne, au-del� du respect d�un principe formel, celui de la coll�gialit� � l��gard d�une corporation surann�e de colonels en retraite, �tait d�unifier les rangs disparates des populations alg�riennes qui n�avaient jamais pu coexister sous la forme d�une nation homog�ne, ainsi du reste que le constatait, avec sa lucidit� coutumi�re, le premier pr�sident du GPRA, Ferhat Abbas. Quel jugement porter sur le bilan de Houari Boumedi�ne ? Je ne peux que m�attrister des propos de Mohamed Ma�rfia en guise de conclusion : �Beaucoup de cadres en seront traumatis�s [il s�agit de la tentative de putsch du 14 d�cembre 1967]. Terribles seront les cons�quences pour l�Alg�rie. Le d�lestage du Conseil de la r�volution d�une mani�re aussi radicale permettra � H. Boumedi�ne d�asseoir d�finitivement sa dictature sur le radier massif de la police politique pour pouvoir monologuer pendant longtemps, face � son miroir, � mille lieux des r�alit�s du pays.� Ce faisant, l�auteur participe ainsi d�une vaste conspiration post mortem contre le pr�sident Boumedi�ne. Cette conspiration prend sa source dans un projet plus vaste destin� � ternir l�image de l�ancien pr�sident de la R�publique aupr�s des jeunes g�n�rations, d�j� passablement recrues de sornettes et de gal�jades sur le r�le historique de telle ou telle personnalit�. Le moment est bien choisi. Il correspond � l�affleurement d�un sentiment de nostalgie pour la p�riode 1965-1978 qui ne fut pourtant pas un �ge d�or et pas seulement pour les adversaires politiques du pr�sident Boumedi�ne. Beaucoup d�Alg�riens ressentent confus�ment que si les successeurs de H. Boumedi�ne avaient sauvegard� l�esprit dans lequel il avait d�cid� de r�former en profondeur la soci�t� alg�rienne, l�Alg�rie serait aujourd�hui une puissance �mergente rayonnant sur l�ensemble de l�espace euro-m�diterran�en. Quels que soient le respect et la consid�ration que l�on peut avoir pour le colonel Zbiri et les autres membres du Conseil de la r�volution, la v�rit� historique et le respect des faits bruts, tels qu�ils sont av�r�s apportent un d�menti cinglant aux assertions diffamatoires et mensong�res de Mohamed Ma�rfia. Si le pr�sident Boumedi�ne avait, si peu que ce soit, engag� un dialogue avec des membres du Conseil de la r�volution, il n�aurait rien entrepris ni rien con�u. A qui fera-t-on croire, � qui peut-on faire croire que le colonel Tahar Zbiri �tait porteur d�une alternative cr�dible au projet de H. Boumedi�ne ? C�est uniquement par �gard � leurs �tats de service pendant la R�volution que H. Boumedi�ne avait cherch� � associer quelques colonels de l�ALN � l��laboration des grands chantiers de l�Alg�rie ind�pendante. Encore e�t-il fallu qu�ils se fussent int�ress�s � ces chantiers et qu�ils en eussent eu les capacit�s intellectuelles. Reste l�interrogation ultime. Quelle situation le pr�sident Boumedi�ne va-t-il laisser aux Alg�riens ? On ne peut ici que r�sumer. Entre 1965 (mais surtout � partir de 1967) et 1978, la planification des investissements gr�ce � la valorisation des hydrocarbures permet d�assurer le d�veloppement industriel du pays et pr�pare les conditions de la modernisation de l�agriculture. L�augmentation de la croissance et sa diversification ont un impact imm�diat sur les niveaux de l�emploi, ce qui induira automatiquement une am�lioration notable des revenus, de la consommation, bref du niveau de vie des Alg�riens. A la mort de Boumedi�ne, l�Alg�rie disposait d�une base industrielle qui constituait �un �l�ment fondamental de la strat�gie de la production et de l��volution technologique de l��conomie alg�rienne� (A. Benachenhou, 1988). L�ensemble des branches composant le secteur des services (transports, assurances, distribution, etc.) se transformaient graduellement. Des milliers d�Alg�riens, toutes cat�gories sociales confondues, sont envoy�s � l��tranger pour se former ou se perfectionner. Certes, le pr�sident alg�rien n�avait pu trouver, en 13 ans, la solution � tous les probl�mes du pays ; il n��tait pas omniscient. Et sans doute, a-t-il, non pas sous-estim�, certains contraintes objectives, mais plut�t retard� leur traitement � plus tard, qu�il s�agisse de la contrainte d�mographique qui devenait de plus en plus lourde (ce n�est du reste que vers la fin de l�ann�e 1984, que l�on enregistrera une baisse du taux de f�condit� des m�nages), de la ma�trise locale des transferts de technologie (c�est la raison pour laquelle il d�cidera d�augmenter en valeur absolue, chaque ann�e, le budget de l�enseignement et celui de la recherche) et surtout du co�t global du d�veloppement. A cet �gard, le passage d�une �conomie de rente � une �conomie de production (qui suppose une autonomie relative du proc�s de travail et du proc�s de production), si elle constituait bien une condition sine qua non du d�veloppement, absorbait trop de devises. Le pr�sident Boumedi�ne en �tait conscient qui prit la r�solution en d�savouant son ministre de l�Industrie et de l�Energie de l��poque qu�il r�trograda opportun�ment au poste de ministre des Industries l�g�res, de ne plus mobiliser pour la croissance d�aussi importantes ressources ext�rieures. D�autres ajustements allaient suivre, que ce soit dans le domaine institutionnel, de la vie politique (l�galisation du PAGS, dans un premier temps), l�obligation faite � certains hi�rarques de choisir entre la politique et les affaires, la r�conciliation avec le fr�re marocain afin d�entamer, enfin, la construction d�un grand Maghreb, la sortie de l�Alg�rie de son isolement international, etc. L�ensemble de ces r�formes �tait inscrit dans l�agenda du Pr�sident et devait �tre r�alis� � partir de 1979, � l�occasion du 4e congr�s du FLN. Le destin en d�cidera autrement. Aujourd�hui, pr�s de 33 ans apr�s sa mort, plut�t que de faire le compte des errements commis par ses successeurs et de les soumettre � une analyse sans concession, Mohamed Ma�rfia et d�autres pr�f�rent charger le pr�sident Boumedi�ne de tous les p�ch�s de l�ind�pendance, � seule fin de tromper la religion des jeunes g�n�rations. Ne leur en d�plaise, ce valeureux combattant de l�ALN qui a su se hisser au niveau des plus grands hommes du XXe si�cle restera une l�gende vivante et une in�puisable source d�inspiration pour tous les Alg�riens.