Le gouvernement alg�rien n�est pas parvenu � se pr�munir contre la grogne sociale, m�me s�il a d�, contraint par la violence des �meutes de janvier dernier, d�penser sans compter. Visiblement, la solution imagin�e est loin d��tre la bonne. Preuve en est que bien des segments professionnels renouent, apr�s un bref interm�de, avec l�agitation syndicale. Pr�s de 40 milliards de dollars de d�pens�s en un semestre sans que la paix sociale, qu�te �perdue d�un gouvernement qui s�est voulu g�n�reux sans toutefois renoncer au maniement de la matraque, soit. Le corps de l��ducation, les trois paliers confondus, a pris sur lui de chahuter en premier la rentr�e sociale. C��tait la deuxi�me semaine d�octobre. Sa gr�ve, massivement suivie, a vite fait des �mules. Les cheminots, certainement lass�s d�attendre en vain la mise sur rail d�un engagement de la direction de la SNTF, lui ont embo�t� le pas, deux semaines plus tard. Se sentant bern�s par les promesses de leur tutelle, les m�decins sp�cialistes sont entr�s hier en gr�ve illimit�e. Le m�me jour, des retrait�s ont pris d�assaut la Maison du peuple pour r�clamer une retraite d�cente, signifiant en m�me temps leur indignation face � la mesure de solidarit� pr�conis�e par le Premier ministre. Pendant ce temps-l�, dans les tribunaux et les cours de justice, les avocats, les robes noires, comme on dit, ont d�nou� leurs �pitoges en signe de protestation contre le projet de loi portant organisation de la fonction d�avocat. Un texte qui, jugent-ils, tend � remettre en cause les droits de la d�fense. Un sentiment largement partag� par les partis d�opposition. Ces derniers ont, en effet, consid�r� que le projet de loi en question, tout autant que le code communal, illustre chez le gouvernement une attitude visc�ralement r�fractaire au changement. Parall�lement � ces m�contentements qui donnent lieu � des d�brayages, les r�formes politiques promises, telles que traduites en termes de lois organiques, n�augurent pas d�un apaisement politique. Emp�tr� dans ses ruses et man�uvres, le gouvernement a manqu� de r�aliser que l�argent, m�me servi par liasses, ne garantit pas la paix sociale. Octobre qui s�ach�ve le rappelle � cette r�alit�. Sofiane A�t Iflis ILS ONT TENT� D�OCCUPER LA RUE Les retrait�s tirent � boulets rouges sur Sidi Sa�d Une vague de col�re a d�ferl� hier sur la Centrale syndicale. Des centaines de retrait�s s�y sont rassembl�s hier avant de tenter d�occuper la rue. Un important dispositif s�curitaire a �t� d�ploy� pour les en emp�cher. Les retrait�s, r�volt�s par leurs conditions de vie, ont pris pour cible le patron de l�UGTA qu�ils accusent de ne rien faire pour arracher une revalorisation des pensions de retraite. Nawal Im�s - Alger (Le Soir) - D�s neuf heures du matin, ils �taient tr�s nombreux � prendre d�assaut la Centrale syndicale pour un rassemblement qu�ils ont voulu ind�pendant de toute tutelle. Hommes et femmes �taient venus crier leur col�re, ciblant Sidi Sa�d qu�ils accusaient ouvertement de n�avoir rien fait pour arracher lors de la derni�re tripartite une d�cision en faveur des augmentations des pensions de retraite. Des slogans hostiles au patron de l�UGTA ont �t� scand�s sous le balcon de ce dernier. �Sidi Sa�d d�gage !�, ont cri� des centaines de retrait�s reprochant � la Centrale syndicale son manque d�engagement aupr�s des retrait�s avant que le signal ne soit donn� pour une tentative de franchir le portail de la Centrale. Exc�d�, un groupe de retrait�s a en effet r�ussi � convaincre les autres que seule l�occupation de la rue peut pousser les pouvoirs publics � enfin se pencher sur la situation des retrait�s. Il n�en fallait pas plus pour que, comme un seul homme, les retrait�s se ruent vers le portail. Scandant des �On est morts�, �Stop � la mis�re�, ils ont fait une tentative de sortir aussit�t avort�e par l�impressionnant dispositif de s�curit� d�ploy� autour de la Centrale syndicale. Les policiers ont en effet r�agi promptement en emp�chant les retrait�s de franchir le seuil de la Centrale syndicale. Un face-�-face in�dit entre policiers et retrait�s a dur� plus d�une heure. Des retrait�s bien d�cid�s � sortir ont �t� rudoy�s. L�un d�entre eux s�est retrouv� � terre suite � un mouvement de foule. Son �tat a n�cessit� des soins d�urgence pour lui permettre de reprendre une respiration normale. D�j� tr�s remont�s contre les repr�sentants syndicaux, les retrait�s sont entr�s dans une col�re noire en raison du dispositif policier disproportionn� d�ploy� tout autour de la Centrale syndicale. �Nous sommes �g�s et presque tous atteints de maladies chroniques, � quoi sert tout ce dispositif. Ils ne vont quand m�me pas nous frapper !� s�est indign�e une retrait�e en voyant arriv�e des camions entiers de brigades anti-�meutes. Au terme d�une heure d�un face-�-face in�dit entre policiers et retrait�s, Sidi Sa�d est finalement all� � la rencontre des retrait�s. Une rencontre houleuse puisque ce dernier a �chapp� au lynchage. Des retrait�s particuli�rement en col�re ne se sont pas retenus de lui dire tout le mal qu�il pensait de lui. La bousculade qui a suivi l�arriv�e du patron de l�UGTA a eu pour cons�quence une vitre cass�e. Sidi Sa�d a �t� forc� � rebrousser chemin pour �lire domicile dans une salle de conf�rences dans laquelle l�ont suivi des retrait�s. Il leur dira de patienter, promettant qu�en novembre des mesures seront annonc�es en leur faveur. Les retrait�s feront savoir qu�ils ne veulent pas �de mesure de solidarit� et qu�ils attendaient une v�ritable revalorisation des pensions de retraite. En attendant cette hypoth�tique augmentation, les retrait�s ont renou� avec un quotidien fait de fins de mois difficiles, de pensions les for�ant � choisir entre se nourrir ou se soigner et les condamnant � survivre apr�s avoir cotis� de longues ann�es. N. I. Rassemblement de protestation des retrait�s � Oran Les pancartes port�es � bout de bras �crites � la peinture rouge �Dignit�, respect, alignement des retraites, pas de mendicit� !�, en disaient long, hier matin, sur la situation sociale des retrait�s ayant particip� au sit-in de protestation � Oran. L�appel � cette action �manait des retrait�s du secteur de l��ducation, mais au final ce sont plus d�une centaine de retrait�s affili�s � la FNTR et issus de tous les secteurs qui se sont retrouv�s face au si�ge de la Caisse nationale des retraites d�Oran. Nombre d�entre eux ne cachent pas leur col�re en ciblant Sidi Sa�d, somm� �de rendre l�argent des retrait�s qu�il avait donn� � Khalifa Bank� ou encore les pouvoirs publics �qui s�assurent, eux, des retraites dor�es� avec parfois des phrases tr�s imag�es comme celle qui nous sera cit�e par un retrait� de la Fonction publique �Bouteflika a fait sa travers�e du d�sert, nous, nous faisons la travers�e de la mis�re !�. En fait, ces retrait�s qui manifestaient hier sont ceux qui ont le plus bas niveau de retraites variant de 6 000 � 18 000 DA au mieux. Lors de leur cessation d�activit�s, les salaires de base suffisaient pour vivre en fonction du niveau de vie de l��poque mais, ces 15 derni�res ann�es le co�t de la vie a atteint des sommets, t�moignent les retrait�s : �Le co�t de la vie a augment� de 1 000 %, ceux qui sortent aujourd�hui en retraite auront des pensions confortables mais nous qui avons pris notre retraite il y a 15 ans, nous sommes plong�s dans la mis�re et la mendicit�. Nous sommes en plus souvent malades et devons faire vivre nos familles et nos enfants sont souvent au ch�mage�, racontent nombre d�entre eux. D�o� cette revendication d�alignement des retraites et de prise en compte de l�inflation, 10% d�augmentation ne couvrant m�me pas le niveau d�augmentation des prix, nous ont-ils encore expliqu�. Les repr�sentants de la FNTR pr�sents au rassemblement ont appuy� cette action et en promettent d�autres si le gouvernement ne leur donne pas les moyens de vivre dignement et d�cemment. �Nous nous coucherons dans les rues s�il le faut�, ont promis les retrait�s.