Ligot�e par le pacte social qu�elle a paraph� et sa compromission ind�niable avec le pouvoir politique, la Centrale syndicale s�est englu�e au fil des ans dans une scl�rosante atonie. Cons�quemment, le monde du travail s�est affranchi de sa tutelle handicapante, la laissant lov�e dans sa seule existence formelle. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir) - Pour in�dite qu�elle a �t�, la contestation sociale de ces derniers mois a mis � mal l�Union g�n�rale des travailleurs alg�riens (UGTA), r�duite � assister aux grognes de rue successives depuis les �tages sup�rieurs de la Maison du peuple. M�me le gouvernement, apeur� par l�ampleur de l�agitation syndicale organis�e et men�e par les syndicats autonomes, ne s�en est pas servi comme d�un accoudoir. Pourtant, que de fois a-t-il recouru � la disponibilit� de la Centrale syndicale pour se pr�munir contre les protestations socioprofessionnelles. Cette ann�e, l�organisation de Madjid Sidi Sa�d n�a pas eu le loisir, comme de coutume, de jouer le r�le de la soupape. Sevr�e de r�le dans la haute vague de contestations sociales, elle s�est mur�e dans un silence qui cache mal sa d�route. Les acquis sociaux de ce d�but d�ann�e ont �t� l�apanage des entit�s professionnelles non arrim�es � la Centrale syndicale. Que Sidi Sa�d revendique une participation discr�te � ces conqu�tes cela n�est que maladroite tentative de tirer dividende des luttes des autres. D�ailleurs, le patron de l�UGTA a attendu la veille de la c�l�bration de la F�te internationale du travail pour s�exprimer. Ceci alors que, depuis janvier, son organisation a �t� constamment interpell�e par une situation de bouillonnement sans pr�c�dent. Mais pouvait-elle se pr�valoir d�une quelconque implication, hormis jouer au pompier, elle qui a paraph� en 2006 le pacte �conomique et social. Un pacte par lequel l�UGTA s�est engag�e � ne pas contrarier le gouvernement et le patronat et, au besoin, lui pr�ter main-forte. Habitu�e � la sollicitation gouvernementale pour �n�gocier� � la place des autres, notamment lors des fameuses tripartites, la Centrale syndicale n�a pas eu l�heur cette ann�e d�annoncer quelques �bonnes nouvelles� aux travailleurs. L�expression syndicale, sous l�impulsion du printemps arabe, a rompu avec les traditionnels piquets de gr�ve pour gagner la rue et se formuler comme exigence et non comme pr�lude � n�gociation. Face � cette nouvelle forme d�expression syndicale, le gouvernement ne pouvait user de vieux m�canismes comme se choisir les interlocuteurs qu�il veut. C�est de l� qu�est venu que l�UGTA, non convi�e � jouer son r�le traditionnel, soit rest�e en marge de l��v�nement, contrainte, du coup, � abandonner l�animation de la sc�ne syndicale aux organisations professionnelles autonomes. Conscient, assur�ment, de l�inversement de la courbe de la repr�sentativit� et de l�efficacit� syndicale au profit des syndicats autonomes, le secr�taire g�n�ral de l�UGTA composte gentiment une r�clamation tardive se rapportant � l�am�lioration du pouvoir d�achat des citoyens. Ce n�est pas trop t�t, diront tous ceux qui, depuis janvier, sont all�s aux conqu�tes sociales.