Le match Alg�rie-Cameroun n�a pas finalement eu lieu. Une histoire de (mauvaise) intendance a �t� invoqu�e par les responsables de la F�cafoot pour expliquer le �dribble� qui fait d�sordre. La FAF, qui a r�uni les conditions optimales pour la tenue de cette premi�re entre les deux s�lections sur le sol alg�rien, est en droit de r�clamer r�paration. Mohamed Bouchama - Alger (Le Soir) - De toute �vidence, cette rocambolesque histoire d�annulation du rendez-vous Alg�rie-Cameroun ne livrera pas de sit�t ses secrets. C�est un match tout ce qu�il y a d�ordinaire, m�me s�il faut rappeler que c�est la premi�re fois que les Lions indomptables du Cameroun venaient en Alg�rie. L�organisation a �t� annonc�e lors de la conf�rence de presse de coach Vahid pr�c�dant le dernier match des �liminatoires de la CAN 2012 le 9 octobre dernier � Alger, contre la RCA. Aucune information n�a �t� fournie par la FAF concernant les modalit�s d�organisation de cette joute amicale. La seule certitude semble �tre les intentions affich�es avant ce stage entam� mardi dernier � Sidi Moussa par le s�lectionneur national. Celui-ci a confi� qu�il comptait aligner son �quipe de base devant le Cameroun, laissant aux r�servistes le soin d�affronter la Tunisie. Des informations avaient circul� laissant entendre que c�est l��quipementier Puma qui serait derri�re l�id�e d�une telle opposition. Ce qui engendrerait des incidences financi�res non n�gligeables au profit des joueurs dont certains, aussi bien dans le camp alg�rien que camerounais, ont des contrats avec d�autres �quipementiers. Par exemple, Messi n�est plus l�ambassadeur pour l�Europe de la firme allemande depuis son transfert en Russie. Lors de la c�r�monie, organis�e la semaine derni�re � Londres, Eto�o arborait le nouveau maillot des Lions indomptables confectionn� par Puma. Une pr�sence toute symbolique tant le Camerounais semblait refroidi par la d�cision prise, fin septembre dernier, par son �quipementier d�opter pour Cesc Fabregas comme nouvel ambassadeur de la firme en Europe. Le d�part pr�cipit� d�Eto�o de Marrakech en direction de Barcelone avait-il un lien avec cette histoire ? De nombreuses autres interrogations li�es � l�organisation de ce test amical m�ritent des r�ponses. Ce n�est pas l�avis de la F�d�ration alg�rienne qui a pondu, l�espace de quelques heures, deux laconiques communiqu�s sur son site. Le premier pour dire que le partenaire camerounais n�a pas adress� la moindre correspondance annon�ant le forfait de sa s�lection et un second, en milieu de soir�e, confirmant le report officiel de la rencontre : �Le pr�sident de la F�d�ration camerounaise de football, Mohamed Yia (Iya, ndlr), a inform� ce soir (lundi) � 21h la F�d�ration alg�rienne de football de l�impossibilit� pour son �quipe nationale de se d�placer � Alger pour le match amical Alg�rie-Cameroun pr�vu depuis longtemps pour le mardi 15 novembre 2011.� C�est donc par t�l�phone que le patron de la F�cafoot a annonc�, depuis Kigali (Rwanda) o� il officiait comme commissaire au match de la rencontre Rwanda- Erythr�e (qualifications du Mondial 2014), la nouvelle � la FAF et son pr�sident Mohamed Raouraoua. L��nigme Ribeiro L�app�tit des Lions indomptables est singulier tant il n�a jamais �t� assouvi par les instances dirigeantes du football et du sport au Cameroun. Invit�s � livrer un match amical contre les Verts de Vahid Halilhodzic, hier � Alger, les Camerounais, qui venaient de remporter la 17e LG Cup, ont fait faux bond. A cause d�une �prime de pr�sence� que les camarades de Samuel Eto�o r�clamaient depuis le d�but du stage de Marrakech, il y a une semaine. Le Cameroun n�est pas � son premier contre-pied. Avec ce rendez-vous manqu� contre l�Alg�rie, le Cameroun avait manqu� � ses engagements en annulant cette ann�e, et pour diverses raisons, ses matches contre la Chine (f�vrier), le Gabon (mars), le Salvador (ao�t), et le Mexique (septembre). Mieux, la programmation, en Alg�rie, de ce 1er rendez-vous entre deux s�lections �limin�es sans gloire de la 28e phase finale de la CAN 2012, est le fruit de l�annulation du match Cameroun-C�te d�Ivoire. Une d�cision qui a �t� prise suite aux offres faites � la F�cafoot par le manageur FiFA, Alexandre Ribeiro. L�agent portugais sollicit� par Mohamed Iya, pr�sident de l�instance du football camerounais, avait, au lendemain du dernier match des �liminatoires de la CAN entre le Cameroun et l��le Maurice, annonc� aux m�dias locaux son nouveau plan. �La p�riode la plus importante pour moi, c'est novembre parce qu'on a une semaine compl�te. L�, on trouve de bons matches. Je travaille pour 2012 et 2013. Je peux vous garantir que le Cameroun aura de bons matches amicaux �, avait-il dit au journal Cameroon Tribune. L�agent de match agr�� par la FIFA, sous contrat avec la F�cafoot, a fait valoir la prime cons�quente � engranger lors du tournoi de Marrakech (60 000 dollars pour le vainqueur) et la prime de pr�sence pour le match amical face aux Alg�riens (dont le montant n�a pas �t� r�v�l�), pour convaincre la partie camerounaise. Pr�sent au Maroc, Alexandre Ribeiro s�est montr� impuissant, en tout cas peu convaincant, devant les exigences de Song, Kameni et Eto�o. La star de l�Anzhi Makhatchkala, qui a quitt� le Palmeraie Golf Palace de Marrakech juste apr�s la rencontre face au Maroc, �tait le premier � l�cher la bombe � la face des responsables de la d�l�gation camerounaise pr�sents au Maroc. Iya affaibli Dans une d�claration � la CRTV (Radio T�l�vision camerounaise), il avait d�s vendredi dernier, jour du match Cameroun- Soudan (3-1), allum� la F�cafoot en r�v�lant cette histoire de primes � allouer aux joueurs aussi bien pour le tournoi LG que pour le match d�Alger. D�ailleurs, aussit�t le tournoi fini, les joueurs montaient au cr�neau pour conna�tre la teneur du contrat sign� par la F�cafoot avec Alexandre Ribeiro s�agissant du match de ce 15 novembre en Alg�rie. L�agent portugais, qui a tent� de jouer le m�diateur, a �t� tout simplement largu� par les repr�sentants des joueurs (Song, Makoun et Kameni). Ces derniers, qui avaient exig� d�abord de toucher la prime (1 million de francs CFA) avant de s�envoler vers Alger semblaient revenir � de meilleurs sentiments en fin d�apr�s-midi de lundi. Mais, apr�s une s�ance de d�crassage effectu�e dans une salle du complexe sportif de Marrakech, ils font savoir aux responsables de la F�cafoot qu�ils n�ont plus envie de jouer le match contre les Verts, encore moins de toucher ladite prime. Ils r�digent un communiqu� dans lequel ils expliquent les raisons de leur refus de se rendre � Alger. �Consid�rant l'absence de prime de pr�sence, prime qui est une institution � chacun de leurs regroupements� et �consid�rant que le probl�me de paiement de la prime a �t� pos� depuis une semaine et qu'aucune solution n'y a �t� apport�e�, les joueurs ont d�cid� de ne pas se d�placer � Alger pour rencontrer l�EN d�Alg�rie. Inform�, le pr�sident de la F�cafoot a tent�, vers 19h30, une derni�re injonction. En vain. Press� par son homologue alg�rien de conna�tre le nouveau planning, Mohamed Iya a appell� Mohamed Raouraoua pour lui annoncer, vers 21h, l�impossibilit� d�honorer ses engagements. Le match Alg�rie-Cameroun est alors officiellement annul�. Les Lions indomptables, c�t� cour(s)� Le coup difficile � dig�rer par le public alg�rien n��tait pas le premier du genre dans le football camerounais, en Afrique en g�n�ral. Les �quipes africaines ont souvent agi de la sorte que ce soit au niveau des clubs ou par rapport aux s�lections. Sur le double plan local et international. L�histoire retiendra particuli�rement les d�m�l�s des internationaux camerounais � la veille de la participation du Cameroun � sa premi�re phase finale du Mondial 1982. A cette �poque, Roger Milla et ses comp�res �taient mont�s au cr�neau vis-�-vis de la F�cafoot pour exiger le paiement de leur d� des �liminatoires et les retomb�es du Mondial espagnol. La m�me rengaine a pr�valu durant les cinq suivantes participations des Lions indomptables aux phases finales de la Coupe du monde, mais aussi � l�occasion des Coupes d�Afrique des nations. A chaque fois, l�Etat, par le truchement du Minsep (minist�re des Sports) ou bien du chef de l�Etat, Paul Biya, �tait intervenu pour d�nouer la crise. En clubs, de nombreuses �quipes ont d�cid� de boycotter les comp�titions locale ou continentale � cause des revendications de leurs joueurs. Au Cameroun mais �galement partout en Afrique. C�est presque une constante que d�assister � ce type de marchandage dans un continent o� la pratique du football est financ�e � 99 % par les pouvoirs publics. Seuls quelques clubs, � l�image du Ahly du Caire, l�ES Tunis ou le TP Mazembe (depuis l�intronisation du milliardaire Mo�se Katumbi) peuvent subvenir � leurs besoins et �viter de tels d�rapages. Chez nous, outre les pitreries commises par la FAF durant l��re Haddadj (souvenons-nous du match Alg�rie-RD Congo jou� au stade de proximit� de Goussainville) ou bien le report de derni�re minute, en novembre 2010, du match amical Alg�rie-Tunisie, ces types d�affaire existent. A l�exemple de ces deux �quipes du MCO qui se sont pr�sent�es � Sidi Bel-Abb�s, ou bien ce m�me MCO qui a jou� le m�me jour un match de Coupe arabe � Tunis et un autre de Coupe d�Afrique � Oran avec deux groupes distincts de joueurs, sans oublier les mouvements de gr�ve des seniors qui se font remplacer au pied lev� par les juniors. C�est comme dirait l�autre l�Afrique. Que fera la FAF ? Mena�ante, la F�d�ration alg�rienne l�a �t� avant l�officialisation du forfait des Camerounais. Aussit�t, le communiqu� f�d�ral laissait entendre que la FAF saisira �les organismes concern�s pour d�fendre ses int�r�ts et le grave pr�judice caus�, et compte aussi interpeller la FIFA�, d'autant que ce match amical co�ncidait avec les dates de l'instance mondiale. En tout �tat de cause, les sanctions seront financi�res. Le Cameroun d�Issa Hayatou, le boss de la CAF, ne risque rien sur le plan sportif. D�ailleurs, l�instance africaine a mis au parfum ses relais qu�elle ne sanctionnerait pas sportivement les Lions indomptables. �La CAF ne peut en aucun cas sanctionner sportivement l'�quipe du Cameroun, dans la mesure o� les matches amicaux ne sont pas r�gis par les r�glements des comp�titions �, ajoute une source proche de la FAF. Les Camerounais devront, quant � eux, rembourser les frais engendr�s par l�organisation de cette joute amicale et �ventuellement des bonus li�s aux recettes esp�r�es par la partie alg�rienne d�s que la FAF remettrait un dossier de r�clamation. Cette derni�re fera-t-elle le pas d�aller exiger ces droits au niveau des instances internationales (CAF et FIFA). Une source proche du pr�sident de la FAF, rest� injoignable depuis l��clatement de l�affaire, �carte cette hypoth�se, laissant entendre que �Raouraoua n�ira pas jusqu�� accabler son ami Mohamed Iya (le pr�sident de la F�cafoot). Ils sont tellement amis que je vois mal notre pr�sident entreprendre des actions r�pressives � l�encontre de la F�d�ration camerounaise�, a-t-il confi�. Un ancien pr�sident d�une f�d�ration olympique s��tonnera, quant � lui, de l�attitude �molle� des responsables de la FAF concernant cette affaire. �Moi, � la place de Raouraoua, je n�aurais pas attendu que la partie camerounaise m�annonce son incapacit� de g�rer la situation, ensuite l�annulation du match. J�aurais pris mes devants en demandant aux Camerounais de ne pas se d�ranger. Dans ce cas de figure, Raouraoua aura fait coup double : remettre les Camerounais � leur place et brasser l�estime de l�opinion sportive nationale. Peut-�tre que Raouraoua a ses raisons� �, explique-t-il. L�affaire qui ne fait que commencer sera-t-elle �touff�e ?