Par Hassane Zerrouky Le r�gime syrien n�a plus le monopole de la violence depuis l�entr�e en lice de �l�Arm�e libre syrienne� qui revendique 15 000 militaires d�serteurs. Dirig�e par un colonel du nom de Riad Al Assad, disposant d�une base situ�e � cheval sur la fronti�re syroturque, sous protection cependant de l�arm�e turque, l�Arm�e libre syrienne a revendiqu� plusieurs attaques arm�es contre les forces syriennes et affirme avoir tu� plus de mille soldats et policiers. Structur�s en bataillons et en commandos, ces militaires rebelles pr�nent ouvertement �une insurrection militaire�. Ils assurent m�me la protection des d�fil�s de protestation anti-Assad � Homs et ailleurs. L�existence de ces groupes arm�s, d�nonc�e par la propagande du r�gime syrien pour justifier sa politique de r�pression, est la r�sultante de l�aveuglement du pouvoir de Bachar Al-Assad qui aurait pu, quand il �tait encore temps, ouvrir un dialogue politique avec ses opposants et d�samorcer la crise. R�pression sauvage, tergiversations, concessions politiques � dose hom�opathique ont conduit la Syrie dans un engrenage extr�me. Au point o� des pays arabes, non d�mocratiques, o� toute presse libre et toute opposition sont interdites � je parle du Qatar, des Emirats et de l�Arabie saoudite � saisissant la balle au bond, se donnent aujourd�hui le beau r�le avec pour objectif d�en finir avec l�arrogance syrienne. Pour l�Arabie saoudite, qui a donn� asile � Ben Ali avant de soutenir jusqu�au bout Hosni Moubarak, envoy� son arm�e mater les manifestations populaires de Bahrein, c�est l�heure de la revanche. Les rapports avec la Syrie des Assad ont de tout temps �t� tendus. La monarchie saoudite, alli�e strat�gique des Etats-Unis, ne fait rien sans l�aval de la Maison Blanche qui accuse la Syrie de Assad de soutenir les �terroristes � palestiniens, le Hezbollah libanais et l�Iran ! L�autre alli� de Washington, le Qatar, qui a servi de base avanc�e � l�arm�e am�ricaine contre l�Irak de Saddam, a mis au service d�une partie de l�opposition syrienne, celle qui appelle notamment � la mise en place d�une zone d�exclusion a�rienne, la cha�ne Al Jazeera pour �informer� des atrocit�s commises par le �tyran� de Damas ! Enfin, dans le jeu d�influence, qui se joue dans cette partie du monde, la Turquie, le plus puissant pays de la r�gion, qui a l�avantage � ou le d�savantage, c�est selon � d��tre frontalier avec la Syrie, ne veut pas se faire doubler par le Qatar et l�Arabie saoudite. Qui plus est, c�est le seul pays en mesure d�assurer la mise en place et la protection d�une zone tampon � ses fronti�res. Dans ce jeu r�gional trouble, avec Washington aux manettes, des pays � Alg�rie, Egypte � qui ont vot� un peu vite la suspension de la Syrie de la Ligue arabe, tentent de corriger le tir. Alger et le Caire se sont prononc�s contre toute intervention �trang�re. Il est � craindre toutefois que cela ne soit trop tard car le sc�nario libyen est en train de pointer son nez. Au nom du Conseil national syrien (CNS, domin� par les Fr�res musulmans), une des trois composantes de l�opposition au r�gime de Damas, Najib Ghadbian a appel� � partir de Tripoli en Libye (est-ce un hasard ?) � une intervention �trang�re sous forme de zone d�exclusion a�rienne ou sous forme de zone tampon � la fronti�re syroturque. L�arm�e libre syrienne a fait de m�me. Ces deux formations rejettent tout dialogue ou compromis avec le pouvoir syrien. A l�inverse, le Comit� national de coordination pour le changement d�mocratique (CNCCD, regroupement de 13 partis de gauche, kurdes et nationalistes arabes et des organisations de jeunes), pr�sid� par Michel Kilo � qui a totalis� plus de 20 ans de prison en Syrie � hostile � toute intervention �trang�re, s�est prononc� pour �un compromis historique� pour �b�tir�, dit-il, �un nouveau r�gime � menant vers la d�mocratie� et mettant fin au pouvoir du Baath. Le probl�me est que cette solution ne b�n�ficie pas du soutien de Washington et de ses alli�s arabes et occidentaux. Pour l�heure, la d�sunion de l�opposition syrienne, y compris au sein m�me du CNS, constitue la seule marge de man�uvre dont dispose Bachar Al-Assad pour gagner du temps ! Mais pour combien de temps ?