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TANT QU�IL Y AURA DES BERB�RES DE RACHID EZZIANE
Histoires de d�port�s en Nouvelle-Cal�donie
Publié dans Le Soir d'Algérie le 08 - 12 - 2011

Tant qu'il y aura des berb�res. Titre que l'on ne peut trouver plus appropri� ! Par cet �crit, Rachid Ezziane nous fait revivre la trajectoire des vies g�ch�es de tous les villages ayant subi la premi�re barbarie des colons en Alg�rie sous la banni�re du slogan : libert�, fraternit�, �galit�, puis plus tard, celui de d�mocratie ou int�gration.
L�auteur, prolifique pour le bonheur de notre qu�te culturelle et historien en herbe, vient de nouveau nous conduire dans les m�andres de la vie des d�port�s en Cal�donie. Dans un livre de 175 pages, paru aux �ditions El Ma�rifa, l�auteur nous plonge au d�but dans une panoplie de po�mes significatifs de ce r�cit, qui nous fait entrevoir un pan de notre histoire. Celle de nos Berb�res. La n�tre ! Le d�but de son r�cit nous raconte la vie � combien simple et pacifique des paysans et leur plaisir de se retrouver le soir venu sous un arbre, pour s�impr�gner des souvenirs racont�s par les plus vieux. �Ils n�avaient jamais �t� ni pirates ni corsaires ! �crit l�auteur. Et pourtant, dans les cales des bateaux grouillait le monde des gens encha�n�s sous la houlette de soldats francs, impitoyables dans la vivacit� des coups de fouet s�abattant inlassablement sur le corps rabougri des gueux : nos enfants ! Savaient-ils seulement ce qui leur arrivait dans le tourbillon de cette invasion ? Ils �taient douze ; encha�n�s comme des b�tes de somme auxquelles leurs bourreaux et le s�jour en mer, dans des conditions de survie inhumaines, avaient fl�tri le corps et l'�me. M�hand, l�un d�eux, tout en se rem�morant sa belle enfance pour contrecarrer cette pitoyable travers�e, narre cette situation, �ces cha�nes� qu�il ne comprenait pas. Oscillant entre cette lugubre aventure et la r�trospective des multiples conqu�rants de l��poque transmise par leurs a�eux, M�hand nous d�crit les faits journaliers d�hommes encha�n�s dans cette cellule, dont le seul slogan �tait �Libert�. Pourtant, en ce matin de novembre 1833, les soldats fran�ais d�barqu�rent dans le village des Ath Yenni, proclamant le commandement de cette zone et ce qui s�ensuivra automatiquement : la spoliation de leurs biens, le d�shonneur par le viol de leurs femmes et leur libert� perdue. Enfin, le lieu du d�barquement de M�hand et ses compagnons est connu : la Cal�donie ! Apr�s avoir pris de court les soldats fran�ais dans leur camp, dans une attaque-surprise, les Ath Yenni, pour se prot�ger, se dirig�rent vers la montagne dans une longue procession compos�e de femmes, d�enfants et de b�tes. Le lendemain, avec une atrocit� jamais �gal�e, les maisons de leur village berb�re abandonn� furent incendi�es. Enfin, le d�barquement des bagnards prit fin dans une grande b�tisse d�labr�e : premi�re halte programm�e. Le r�cit de l�ultime ascension vers la vall�e oubli�e et les pr�paratifs de leur nouvelle installation prirent fin simultan�ment avec l�invasion massive de soldats pour la conqu�te de la terre. De nouveau les prisonniers furent embarqu�s vers l�Iledes- Pins dans un vieux bateau sale et naus�abond. Dans le village naissant, les activit�s vont bon train et les soldats envahisseurs ne purent les retrouver nulle part. Un jour, l�imam leur apprit qu�une conjugaison commune de tous les villages avoisinants sous la houlette du chef de tribu Abdelkader s�imposait pour combattre l�ennemi. Enfin, les prisonniers arriv�rent au bagne o� les �ventuels fuyards ne pouvaient rencontrer que des requins avides de sang. Dans une r�union, Abdelkader finit par convaincre les plus r�calcitrants de la n�cessit� d�arr�ter l�avanc�e des impies sur le sol de leurs anc�tres. L�auteur, dans une dext�rit� exemplaire, nous replonge dans le r�cit de �Oued N�si� o� les Ath Yenni voulaient en d�coudre avec l�ennemi, tandis qu�Abdelkader simultan�ment affrontait aussi le camp des villageois hostiles � sa d�marche. Entre-temps, quatre ann�es pass�rent au bagne o� les prisonniers �taient pris entre l�enfer du fouet et l�engrenage des travaux ext�nuants, o� seul l�amour de M'hand pour Rosa et les m�lodies de Omar att�nuaient cet enfer. Apr�s dix ans de bagne, M�hand et ses compagnons furent d�log�s de la prison mais pas de l��le ; avec comme instruction de fructifier des lopins de terre aride. Dans le village, le vieux Mouloud, responsable de la destin�e des siens, devait trouver une solution � une famine qui avait tiss� ses tentacules depuis belle lurette et dont la t�nacit� imposait un verdict d�finitif. Tout � coup, les deux fils de Mouloud se manifest�rent accompagn�s d�un prisonnier fran�ais. Dans l��le avoisinante du bagne, M�hand et ses compagnons s�organis�rent pour construire leurs maisons, d�fricher et planter sur leurs lopins de terre l�olivier et le figuier : symboles de la m�re patrie. Puis M�hand demanda la main de Rosa... Le vieux Mouloud r�unit les habitants du village pour leur faire part de la prise d�otages d�un jeune fran�ais par ses deux fils. M�hand, apr�s avoir construit en catimini une maison, demanda la main de Rosa dans un climat d�insurrection inattendu de plusieurs �les, o� des prisonniers furent contraints de participer. Enfin, le calme r�gna de nouveau... Le vieux Mouloud d�cida de lib�rer le prisonnier fran�ais et de l�accompagner aux confins de sa caserne. Dans l��le maudite, le mariage de M�hand et Rosa rassembla tous les prisonniers des alentours. Le vieux Mouloud et le prisonnier fran�ais march�rent jusqu�� la tomb�e de la nuit ; quand le soldat fran�ais, de par sa discussion avec le vieux Mouloud, comprit l�absurdit� d�une guerre que les habitants n�ont pas cherch�e ; quand malheureusement ils tomb�rent sur des soldats. Le vieux Mouloud finit par rendre l��me sous les s�vices de ses tortionnaires qui voulaient conna�tre le lieu de son village. L�avanc�e des soldats fran�ais devenait in�luctable et il devenait impossible aux tribus des villages de juguler cette possession de leurs terres, l�une apr�s l�autre. D�autres mariages furent c�l�br�s dans l��le. Pourtant, malgr� la reddition de l�Emir Abdelkader, la France coloniale refusa la libert� aux d�port�s alg�riens : arabes et kabyles. Akli, le fils du vieux Mouloud d�c�d�, laissa � son tour son fils devenu grand s�occuper du village et partit rejoindre les autres fr�res pour en finir avec les hordes fran�aises. Le drame des habitants du village se perp�tua dans le m�me proc�d� barbare des soldats fran�ais et beaucoup de Kabyles furent soit d�port�s, soit morts par le fer et le feu. Un recit historique que chacun de nous devrait lire. Rachid Ezziane a su combiner dans un seul livre deux histoires. Celles-ci ont trait au patrimoine kabyle de par les �v�nements de l��poque et la souffrance morale ou physique qu�ont subies les d�port�s et les villageois Aksouh

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