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Lettre ouverte � Bernard-Henri L�vy
Publié dans Le Soir d'Algérie le 08 - 12 - 2011


Par Badr�Eddine Mili (*)
Comme le disait Jean-Luc Godard, je savais deux ou trois choses de vous et cela ne m�indisposait pas, outre mesure, car je pr�f�rais limiter ma science de vous � ce minima, par respect � ma profession de foi �cologique. Je vous savais procureur haineux et propagandiste pro-sioniste, le propos excessif, volontairement provocateur, soigneux de votre image m�diatique jusqu�aux extr�mes limites de la stagflation narcissique. Jusqu�ici, rien qui ne soit coutumier de vos coquetteries de star de l�id�ologie � deux vitesses, vous faisiez du th��tre � qui voulait bien le suivre. Mais l�, avec les d�clarations insultantes dont vous avez accompagn� vos prestations sur les plateaux des cha�nes de t�l�vision fran�aises en pr�sentant, la semaine derni�re, votre dernier ouvrage La guerre � sans l�aimer, vous avez franchi toutes les fronti�res et toutes les bornes de l�ind�cence et de la flagornerie.
Excusez-moi, alors, de ne pouvoir demeurer impassible, en tant qu�intellectuel alg�rien porteur de valeurs nationales et universelles, profond�ment humaines, face � ce d�luge de contrev�rit�s, de contradictions et d�affirmations p�remptoires et de m�indigner, avec force, contre le bellicisme arrogant dont vous vous faites le heraut, en troquant votre costume de philosophe de salon contre celui de philosophe guerrier, �embedded� volontaire. D�s le d�part, vous prenez la pr�caution � en l�occurrence bien peu courageuse � d�invoquer l�aura morale de Malaparte qui fut d�abord fasciste, puis anti-allemand, enfin communiste et de Malraux, en rappelant que vous aviez qu�mand� la caution de l�auteur de La condition humaine, en lui �crivant, avant de partir, il y a quarante ans, au Bengladesh, votre premi�re mission command�e en terre d�Islam. Toutefois, vous feignez d�ignorer qu�Andr� Malraux a �t� rejoindre le combat d�autres clercs, comme lui, celui de Pablo Picasso et de F�derico Garcia Lorca contre le fascisme franquiste, non pas � bord de porte-avions d�arm�es r�guli�res, mais dans des �Brigades internationales�, sommairement �quip�es, seulement soucieux de ne pas trahir leur credo de libert� et de progr�s, dans la m�me posture que celle qu�emprunteront plus tard �les justes�, les anti-colonialistes, les philosophes engag�s qui avaient pour nom Jean Paul Sartre, Jean-Pierre Vidal Naquet, Merleau Ponty, Curiel, Georges Montaron, Hubert Beuve Mery, Andr� Mandouze, �les 121� et plus pr�s de nous, R�gis Debray, le compagnon de Ch� Guevara, parti soutenir les �Focos� r�volutionnaires de l�Am�rique latine brim�e. Il est, du reste, bizarre que les champs de vos batailles de pr�dilection soient, par un curieux hasard du destin et de la g�ographie, situ�s uniquement en terre d�Islam, Bengladesh, Bosnie-Herz�govine, Afghanistan, Irak, Libye, et Dieu sait quelle autre prochaine destination. En faisant mine d�embo�ter le pas � ces grandes consciences vous peinez � chausser des pointures bien plus grandes que la v�tre. Eux n�avaient jamais mesur� leur engagement � deux aunes, ne s��taient jamais r�clam�s de deux nationalit�s, n�avaient jamais t�l�phon�, au pr�alable, � Netanyahou, Lieberman et Barack pour obtenir leur verbatim, le feu vert qui vous permettait � � vous � d�embarquer, � l�aise, sur les b�timents en partance pour �la Cyr�na�que, la Tripolitaine et le Fezzan� ; l� o� vous dites avoir �t� rattrap� par les fant�mes de vos a�euls �l�un, berger aux racines alg�riennes �, mort quelque part dans le d�sert, dans des circonstances que vous vous gardez bien d��lucider, et l�autre � votre p�re � qui �s��tait distingu� � Monte Cassino� et qui se serait retrouv� � Tobrouk � dans quelle arm�e ? celle de l�Anglais Montgomery, la seule � avoir bout� hors de Libye la Wehrmacht de Rommel, �le renard du d�sert� ? et sur les traces desquels vous cherchez � jouer les �h�ros�, dans une guerre que vous faites par procuration, avec � vantez-vous � pour seul uniforme votre complet noir et votre chemise blanche entour�, quelque part entre le Djebel Nafoussa et Misrata, sur les photos que vous exhibez comme butin, par des gens f�ch�s avec le rasoir. Dans le large �ventail des sensibilit�s intellectuelles fran�aises qui va de P�guy � d�Ormesson et d�Aragon � Onfray auxquels la France de l�honneur, de la R�sistance et des libert�s doit beaucoup, vous occupez avec Finkelkrault, Gluksman, Houelbecq et Zemmour, la peu reluisante place des aigris qui d�fendent bec et ongles �la grandeur� de la France, non pas la vraie, celle conquise dans les batailles pour la science et le progr�s, mais la fausse, celle arrach�e, sans gloire, dans les guerres injustes impos�es aux peuples colonis�s et achev�es dans la d�confiture et la d�b�cle de Di�n Bi�n Phu et de l�Alg�rie. Des d�faites historiques que vous entendez faire oublier en les dissolvant dans les aventures auxquelles vous vous associez, ici et l�, dans le monde musulman, � la suite d�un Bernard Kouchner et d�un Wolfowitz, les �g�ries int�gristes de George W. Bush et de Dick Cheney, responsables de la mort d�un million six cent mille Irakiens depuis dix ans. Des d�faites sur lesquelles vous voulez prendre une revanche en applaudissant au transfert des cendres de Bigeard au Panth�on et � la comm�moration de toutes les guerres, le 11 novembre, promise par les plus hautes autorit�s de l�Etat fran�ais. Que n�eussiez-vous pas montr� autant d�entrain, comme Avraham �Abie� Nathan, nagu�re, en montant � bord des bateaux de la solidarit� et de la paix partant au secours d�une Ghaza mortellement bless�e, et de dire, en toute justice, que le peuple palestinien est un peuple en danger de perdition et de d�sagr�gation � cause des voies de fait du blocus et de la famine d�cr�t�s par l�Etat isra�lien. Au lieu et place de ce que tout homme int�gre e�t pu esp�rer d�un philosophe qui se r�clame de la sagesse des Anciens Grecs, vous vous employez � enrichir le droit international en parrainant deux notions hallucinantes :
- Premi�rement, les opprim�s et les victimes, dites-vous, n�ont pas tous les droits, lisez : pas le droit de se d�fendre ou de r�sister, les armes � la main.
- Deuxi�mement �l�espace n�est plus le terme de l�esp�ce�, autrement dit le droit n�est plus d�fini par les fronti�res puisque, selon votre logique, seul le sujet, l�individu et ses libert�s comptent et l�espace et les fronti�res ne sont plus une fatalit�, les classes de Marx, les races de Gobineau et les structures de L�vi-Strauss ont �t� condamn�es par l�Histoire, et pourquoi pas prochainement les Nations aussi ; une nouvelle th�orie qui ouvre les portes � toutes sortes de pr�dations. Nous, on veut bien, � la limite, pour �suivre le menteur jusqu�au pas de sa porte�, comme dit l�adage alg�rien, � la condition que cette doctrine �mondialiste � soit valable aussi pour Isra�l.
Pourquoi alors, toute honte bue, vous fabriquez, de toutes pi�ces, une exception � votre r�gle absurde : Isra�l doit �tre reconnu dans des fronti�res s�res et garanties en tant qu�Etat th�ocratique, avec pour capitale J�rusalem ? V�rit� en de��, mensonge au-del� ? Qui pourrait, apr�s cela, porter un quelconque cr�dit � des �lucubrations dont il ne faut, cependant, pas se gausser, na�vement, car elles vous sont souffl�es par vos sponsors qui vous chargent de leur appr�ter un habillage philosophique qui fasse moderne et de les couler dans une morale la v�tre � celle du plus fort � qui sauverait les apparences et servirait d�sormais de socle � un droit d�ing�rence et d�intervention politiquement et doctrinalement consacr�. En professant de telles outrances : fin s�lective des fronti�res et de la souverainet� des Etats (comme ce fut le cas, en avril dernier, en C�te d�Ivoire), transformation du vieux �droit d�ing�rence� de votre ami Bernard Kouchner (un autre pro sioniste) en �droit international non �crit�, vous devenez un homme de confrontation, un homme dangereux, dangereux pour l�ind�pendance des peuples, dangereux pour la paix, dangereux pour le dialogue entre les cultures et les civilisations que vous conservez, malgr� tout, par devers vous, comme le grain � moudre dont vous avez besoin pour nourrir la supercherie de la M�diterran�e plurielle dont vous continuez � brandir l��tendard � pas de la m�me fa�on, malheureusement, qu�Edgar Morin � au nom de la supr�matie des valeurs gr�co-romaines et jud�o-chr�tiennes, une autre contradiction dont, vous seul, d�tenez le secret. Vous n�en �tes d�ailleurs pas � une seule pr�s. Vous vous f�licitez, ainsi, du mariage de la carpe et du lapin, cette curieuse alliance entre les islamistes et les partis du centre-gauche nou�e ces derni�res semaines dans certains pays arabes. De l� � ce qu�on vous voie prochainement discourir autour d�une tasse de th� avec Tariq Ramadhan sur un de ces plateaux que vous fr�quentez assid�ment, il n�y a qu�un pas, d�j� franchi par votre alter ego, Finkielkrault qui a montr�, il y a un mois, comment lui et le petit-fils de Hassan El-Banna pouvaient, finalement, unir les extr�mes dans de joyeuses �pousailles. Au grand dam des peuples qui voient, ahuris, les fruits de leur combat confisqu� par une imposture et une conspiration dramatiques. Le plus d�sesp�rant est que vous promenez votre cynisme dans tous les m�dias contr�l�s par vos amis sans que les journalistes tr�s complaisants qui vous interrogent ne sursautent et ne vous contredisent. C�est � peine s�ils vous rappellent timidement que Roland Gori vient de faire para�tre La dignit� de penser et que les artistes am�ricains oppos�s � la guerre d�Irak ont publi� Art and War. Si quand m�me ! Il y en avait une qui vous avait rappel� que �le bien ne fait pas de bruit et que le bruit ne fait pas de bien� allusion faite � vos gesticulations, remarque que vous avez repouss�e d�un revers de la main avec la suffisance du d�dain, preuve de la g�ne que vous ressentez, quant au bien-fond� des th�ses que vous d�fendez. Allez, Bernard-Henri L�vy tr�ve de vaines cavalcades � la recherche de la gloriole. Laissez les peuples s�occuper librement de r�gler leurs comptes � leurs �nazillons� sans interf�rer dans leur choix ni fixer de calendrier � la chute de leurs potentats. Ils sont seuls ma�tres de leur destin et de leur agenda. Et pour bien comprendre le sens du v�ritable engagement relisez Malraux, Hemingway, Chomsky et Sartre, visionnez Oliver Stone et Micha�l Moore et allez prendre des le�ons d�humilit� chez Gabriel Garcia Marquez qui disait : �Un homme n�a le droit d�en regarder un autre en bas que quand il faut l�aider � se relever.� Allez, Bernard-Henri L�vy, apr�s avoir �triomph� sans p�ril, allez regagner, pour votre repos de guerrier de poche, la superbe villa que vous partagez avec Arielle Dombasle sur les c�tes de Tanger, encore une terre d�Islam, sur laquelle l�architecte japonais des milliardaires a dessin� pour satisfaire votre gros ego, en m�lant l�eau de sa piscine aux vagues de l�Oc�an et m�ditez sur le cuisant �chec de votre engagement travesti que vous avez b�ti sur la mis�re des gens et du monde. Si toutefois vous avez encore une conscience, ce dont je doute fort. Quant � moi, je reste bien �veill�, vigilant et plein d�esp�rance, comme le personnage de mon dernier roman : �incurable parce qu�il n�avait pas l�habitude de tenir quoi que ce soit pour d�finitif, il se rappelle qu�il ne faut jamais insulter l�avenir quand on veut le construire, r�ve apr�s r�ve, avec les morceaux de peau arrach�s � la chair du temps�. Au Caf� du Bosphore, Fa�rouz chantait : �Sa narjio� yawmen ila hayina ; Nous reviendrons, un jour, dans notre rue.�
B. M.
(*) Ecrivain Auteur de La Br�che et le Rempart et Les Miroirs aux Alouettes


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