Par M�hand Kasmi �� Les tracasseries de ce monde ne finissent point tant qu�on est sur le trottoir.� (Voltaire) �C�est le mouvement qui cr�e l�immobilisme. � Ce g�nial aphorisme attribu� � Abdelmalek Benhabyles, ancien pr�sident du Conseil constitutionnel, r�sume on ne peut mieux, par la force suggestive de son couperet sentencieux, l�atmosph�re qui pr�side cette ann�e au rituel de passage entre l�ann�e particuli�rement mouvement�e de 2011 et l�immobilisme a priori judicieusement programm� de 2012. Monsieur Benhabyles, respectueusement surnomm� �Socrate� par son entourage, avait utilis� cette proverbiale r�plique pour qualifier l�ambiance d�l�t�re qui s�installait au minist�re des Affaires �trang�res dont il �tait � l��poque le brillant secr�taire g�n�ral, chaque fois que la rumeur autour d�un �mouvement diplomatique� prenait possession des lieux. Entre 2011 et 2012, la machine � formater les ann�es qui se suivent et se ressemblent a d�j� s�vi, m�me si 2012 est d�j� pour les 37 millions d�Alg�riens que nous sommes plac�e sous le signe hautement symbolique de la c�l�bration d�un demi-si�cle d�existence en tant que citoyens d�un Etatnation, qui peine encore � parachever sa qu�te �perdue d�une identit� durable. Le nouvel espace vital des Alg�riens : entre rues sans trottoirs et trottoirs sans chauss�e �La conversation de Charles �tait plate comme un trottoir de rue�, se moquait Flaubert � la fin du XIXe si�cle dans l�une de ses �uvres litt�raires majeures, au sujet du peu de relief des propos de l�un de ses personnages. Oui, � premi�re vue, un trottoir : quoi de plus plat ? Pourtant, chez nous, pays devenu depuis quelques ann�es la patrie privil�gi�e des rues sans trottoirs et des trottoirs sans vraies rues, ce qui reste de l�espace urbain encore pudiquement d�nomm� par ce vocable, n�est plus depuis longtemps ce lieu de passage qui permet la fl�nerie, les bains de foule, l'anonymat et les r�veries qui ont inspir� un jour � l�illustre auteur des Fleurs du mal Baudelaire son c�l�bre po�me �A une passante�. Le trottoir ou ce qui en reste apr�s un demi-si�cle d�ind�pendance, de pi�tinements multiples de ses plates-bandes, de rendez-vous rat�s avec l�histoire sur ses bancs et �difices publics, est devenu en cette fin d�ann�e 2011 le lieu de vie le plus repr�sentatif de l�amer et mi�vre �way of life� alg�rien, le terrain d�expression concentr�e de tous les inaccomplissements et rat�s, avant de s��riger, et pour longtemps peut-�tre, en espace d�expression le plus r�v�lateur des tendances intimes et profondes de la vie publique de notre pays, qu�elles fussent �conomiques, sociales, culturelles ou m�me politiques. Coinc� entre des chauss�es crachotant leur trop-plein de circulation en mal de stationnement et les immeubles alentours d�versant leur surplus de consommation d�ordures et autres gravats multiples, le trottoir de la majorit� des villes alg�riennes d�aujourd�hui est curieusement devenu, par la seule logique des lois de l��conomie informelle non vot�es � l�APN, le dernier espace vital qui permet au �petit peuple� qui peuple les espaces situ�s �c�t� trottoir�, de se donner l�illusion de vivre et de pratiquer � large �chelle l�activit� plus vraie et vitale celle-l�, de continuer � se reproduire. Depuis le d�but de l�ann�e 2011, il a m�me fini par acqu�rir le poids d�une force politique majeure, sur laquelle il faut d�sormais compter ! Flash-back ! Les trottoirs de la col�re Qu�on s�en souvienne ! 5 janvier 2011, Date du d�c�s par immolation de l�ic�ne de la r�volution tunisienne d�aujourd�hui : Tarek Bouazzizi. Le lendemain. Quartier populaire de Bab-El- Oued. Alors que certains Alg�riens qui aiment � avoir la t�te parmi les �toiles au moment des rites festifs de passage � la nouvelle ann�e, ne s��taient pas encore remis de la gueule de bois accompagnant les lendemains de f�tes, le trottoir de Bab-El-Oued grondait d�j�. A la tomb�e de la nuit de la journ�e du 5 janvier 2011, l�expulsion d�un important groupe squattant les trottoirs attenant � la place des Trois-Horloges et du march� de ce quartier populaire et populeux mettait le feu aux poudres. De nombreux quartiers de la couronne alg�roise deviennent tr�s rapidement une m�che pyrotechnique qui s�enflamme � la vitesse de l��clair. D�s le 7 janvier, Alger est cern�e par des colonnes de fum�e qui prennent d�assaut son ciel porteur de lourdes menaces : Belouizdad, Hussein Dey, Kouba, les Eucalyptus, Bordj El Kiffan font �leur� �meute. L�action �tout-terrain � de dizaines de jeunes tout juste adolescents � croyait-on pr�ciser � aguerris gr�ce � l�exp�rience du nouveau m�tier �d��meutier� appris sur les trottoirs au cours des 113 000 interventions de �de maintien de l�ordre public� enregistr�es par les services de s�curit� � travers toute l�Alg�rie en 2010, s�av�re payante. Elle est relay�e par celle plus souterraine mais non moins efficace des barons de l�informel m�contents de la mesure prise par l�Etat de rendre plus transparentes leurs �chkaras� en soumettant toutes leurs transactions financi�res �gales ou sup�rieures � 500 000 dinars � un virement ou ch�que bancaire. Bilan de la guerre urbaine : victoire totale de l�alliance politico-militaire �trottoir- chkara� au bout d�une poign�e de jours d��meutes qualifi�es bizarrement par certains �d��meutes de l�huile et du sucre�. Du g�teau, quoi ! L�Etat intervient avec ses gros sabots et surtout de gros moyens. Un Conseil des ministres convoqu� � la h�te suspend l�application de toutes les mesures qui f�chent le trottoir et les gestionnaires de l�ombre qui assurent son approvisionnement et sa protection politique. Y compris celles, par d�finition hautement r�galiennes, prises moins de quinze jours plus t�t par une loi des finances dont l�encre de la promulgation n�avait pas encore s�ch�. Les forces de la R�publique pr�parent d�j� leur revanche � l�ombre des Unit�s r�publicaines de s�curit� pr�alablement d�sarm�es de leurs armes non-l�tales (entendre armes qui tuent) et prestement dot�es d�armes l�tales (gourdins qui assomment seulement !). En un mot, la �hraoua� des anc�tres qui a d�j� fait ses preuves, seule arme que l�Alg�rie peut produire avec du bon bois import� d�ailleurs ! Un million de tonnes de bl� sont command�es sur-le-champ avec livraison au printemps et des milliers d�armes l�tales pour livraison imm�diate. La couverture politique est assur�e par cette d�claration attendrissante et d�un autre �ge du ministre de l�Int�rieur : �On a recul� car pour imposer le ch�que, il faut avoir des structures qui r�pondent, un nombre de guichets de banque, de poste ou de toute autre institution financi�re extr�mement important, il faut avoir une population qui sache utiliser le ch�que.� Le gouvernement, un instant tiraill� par de graves dissensions sur le sujet, retrouve ses esprits et sa solidarit� �agissante�. Ouyahia, Premier ministre, sort de la r�serve observ�e jusque-l� � travers une d�claration p�remptoire et tranchante : �La paix sociale n�a pas de prix.� Oui ! Mais cette paix a fatalement un co�t. 35 milliards de dollars � la fin de l�ann�e 2011, selon certains observateurs avertis ! Le Conseil des ministres du 3 f�vrier 2011 semble clore d�finitivement l�incident en saluant �le professionnalisme des personnels de la Gendarmerie nationale et de la Police nationale qui ont (�) appliqu� rigoureusement les directives pr�sidentielles prohibant le recours aux armes l�tales dans le maintien de l'ordre�. A partir de ce moment-l�, tout le poids de la gestion des milliers de manifestations des humeurs et col�res des trottoirs de 2011 sera assum� par des armes �l�tales�. M�me le stock impressionnant de grenades lacrymog�nes qui ont fait la preuve de leur inefficacit� en Tunisie et en �gypte a �t� d�laiss�. Est-ce l� le secret de �l�exception alg�rienne� ? Le trottoir entre chien� et loup L�exp�rience la plus marquante de la rue dans les villes alg�riennes reste la d�couverte de son rythme intime. Il est partout le m�me, m�me s�il est plus visible dans les grandes m�galopoles comme Alger, Oran, Constantine, Annaba. C�est un rythme d�une parfaite valse � deux temps, r�gl�e et calqu�e sur l�alternance du jour et de la nuit. La nuit tombe vite en Alg�rie depuis que les t�n�bres qui enturbannent les cieux francs de nos horizons sont devenues synonymes d�horreurs macabres � d�couvrir aux premi�res lueurs des lendemains incertains. Les cadavres fra�chement �t�t�s sur les accotements et autres semblants de trottoir gisent encore et malheureusement au fond du subconscient de ceux et celles qui ont v�cu ces horreurs quasi-quotidiennes. Alors, m�me si les choses � ce niveau ont bien chang� aujourd�hui, les vieux r�flexes ont la peau dure et la vie longue ! Tout le monde compte son temps et se d�p�che, qui de finir son ouvrage, qui de ranger son �tal, qui de fermer ses caisses de fortune, de rabattre les volets de son appartement, de boucler les grilles de son magasin. Il faut faire vite, la nuit n�attend pas. Et autant les rues et les trottoirs sont encombr�s pendant le jour, autant ils sont parfaitement vides d�s que la nuit tombe. Mais la question demeure : pourquoi cette d�sertification de la rue d�s la nuit tomb�e ? La ville meurt-elle le soir pour ressusciter le lendemain matin ? Que signifie ce rythme brutalement contrast� entre la rue de jour et la rue de nuit ? Unanimement, tous les Alg�riens mettent en avant l�ins�curit� g�n�rale. Alors, s�il le faut, on sort en groupe, en formation de combat, en caravane : ne jamais �tre seul(e), telle est la r�gle absolue dans la rue de nuit, de pr�f�rence en �t� et cette r�gle d�teint sur la mentalit� du grand jour. Les trottoirs de la souverainet� conc�d�e Prenez-vous maintenant par la main et hasardez-vous � abandonner momentan�ment le confort relatif de l�habitacle blind� et s�curis� de votre voiture, pour fl�ner dans Alger capitale de destin national, si�ge de toutes les administrations cens�es g�rer les diff�rentes fonctions de la souverainet� nationale qui ont de tout temps caract�ris� les Etats. Deux de ces fonctions au moins sont s�rieusement mises � mal, exerc�es � m�me le trottoir. Elles concernent toutes les deux la circulation des biens et des personnes, activit� r�galienne noble s�il en est, consid�r�e au m�me titre que la lev�e de l�imp�t ou la D�fense nationale et dans tous les pays du monde comme chasse gard�e exclusive de l�Etat : il s�agit, vous l�aurez compris, de l�activit� de puissance publique rattach�e � la s�curit� publique et de celle du change de la monnaie. Pour avoir une id�e de la gravit� du d�lestage progressif op�r� par l�Etat autour de ce pan de sa souverainet� sur les sensibles espaces urbains, matrice de tous les dangers sur la paix sociale dont il a �t� question plus haut, une premi�re halte devant cette d�claration horripilante et symptomatique de l��tat des lieux faite par un gardien de parking de trottoir d�un quartier hupp� d�Alger le 24 d�cembre dernier � un journaliste de notre confr�re d� El Watan :�J�ai sept coups de couteau plant�s dans le corps � force de me battre contre cette p�gre. Je suis comme �a, je ne peux pas voir un truand agresser un citoyen sans intervenir. Mais j�ai un casier judiciaire vierge et je n�ai pas pass� une seule heure en prison. Moi je g�re ce parking tout seul et sans aucun accessoire. Mon gourdin, c�est ma gentillesse.� Et d�ajouter en sortant de sa poche un sifflet de couleur noire. �C�est un sifflet r�glementaire que m�ont offert les services de police. Les flics du 8e me choient comme leur petit fr�re�, se f�licite- t-il. Des policiers de la R�publique qui se dessaisissent symboliquement du pouvoir que leur conf�re la puissance publique d�interpellation ! No comment. Deuxi�me halte : Square Port-Sa�d. Jadis haut lieu de toutes les promenades alg�roises, ce square est l�un des rares espaces publics de la capitale � ne pas avoir �t� renomm� cinquante ans apr�s l�ind�pendance. Au pied de La Casbah, les trois c�t�s b�tis du square rivalisent de lieux mythiques : le Th��tre national d�Alger (ex-Op�ra) et la terrasse du Tantonville, les arcades commer�antes de ce qui reste de l�h�tel Terminus et, enfin, l�acc�s vers Bab Azzoun, l�une des portes du vieil Alger. Cet espace de centralit� a �t� envahi par le commerce informel dans toutes ses d�clinaisons : �talages, contre-�talages, terrasses et contre-terrasses sans compter les activit�s souterraines en relation avec la pr�sence faussement nonchalante d�une importante colonie de ressortissants subsahariens. L�animation artistique et culturelle du lieu �tant devenue indigente et �pisodique, le secteur d�activit� associ� aujourd�hui au Square Port-Sa�d est sans conteste le march� du change. La vraie Bourse d�Alger, disent les mauvaises langues ! Des centaines de jeunes cambistes clandestins attirent les passants en qu�te de devises (toutes) malgr� un taux sensiblement plus �lev� (2% � 3% en g�n�ral) que celui pratiqu� par les banques : on y obtient, avec z�ro formalit�, 1 euro pour en moyenne 140 dinars, au lieu de 100. En toute ill�galit� et � trottoir et ciel ouvert, serions-nous tent�s de dire ! A moins de cent m�tres de l�, deux autres administrations de souverainet�, la Chambre haute du Parlement : le S�nat et le Palais de justice traitent d�autres affaires Les trottoirs qui d�bordent J�ai eu � faire �tat pr�c�demment de l�afflux subit d�hommes, de femmes et de jeunes, mais aussi de v�hicules en tous genres, dans les rues et sur les places d�s que le jour commence � poindre � Alger comme cela est le cas dans toutes les autres villes alg�riennes. Sans qu�on s�aper�oive comment, la ville se remplit et semble �tre totalement occup�e et prise d�assaut. En un clin d��il entre 7h et 9h. Les alentours de march�s et la plupart des rues se peuplent de �Mazda� et autres �404� de mara�chers et de vendeurs d�articles de bazar dont la plupart sont frapp�s du label pour le moins suspect �made in China�. D�innombrables gargotes volantes ou fixes se mettent en place, o� l�on peut boire un th� chaud, une sp�cialit� dont le monopole est bien gard� par les ksouriens du Gourara (Timimoun), nouveaux nomades arpenteurs infatigables des trottoirs d�Alger. Il y a d�j� plusieurs ann�es que le march� du vendredi ne se limite plus au vendredi ; il d�borde aujourd�hui all�grement tous les p�rim�tres d�risoires que les derni�res municipalit�s structur�es lui assignaient autrefois. Ces derni�res ann�es, toutes les rues et trottoirs sont concern�s, notamment les rues passantes ou encore les trottoirs larges situ�s aux abords des gares routi�res qui ont pouss� comme des champignons dans tous les grands quartiers. Les plus connus et fr�quent�s : Bachdjarah, march� �Tn�ach� � Belcourt, en r�alit� constitu� par les activit�s des commer�ants non s�dentaires install�s l�galement ou ill�galement sur les larges trottoirs coloniaux qui tapissent les longs boulevards reliant la place du 1er-Mai � El Annassers via le boulevard Belouizdad et la rue Hassiba-Ben-Bouali, l�une des plus longues d�Alger. Les rues en fromage coup� en croix de La Casbah qui ont de tout temps servi de lieu connu d�exercice de ce type de commerce, �Djam�a Lihoud�, ex-rues Randon et de Chartres croulent sous leurs amoncellements de marchandises, leur flot imp�tueux de passants et� leurs montagnes d�ordures naus�abondes. La fonction de place centrale qu�a longtemps exerc�e sans concurrente de taille la v�n�rable place des Martyrs depuis sa cr�ation par la colonisation est � jamais perdue. Elle ne semble m�me pas avoir �t� un jour une place, avec ses nouvelles �barricades� d�un autre �ge et ses milliers de vendeurs � la sauvette qui jouent � cache-cache avec les policiers de l�un des rares espaces que le commissariat du coin semble avoir constamment � l��il. Comme si le trottoir ne suffisait pas � contenir le peuple qui l�habite de jour et de nuit, les rues et routes de notre pays sont devenues depuis quelques ann�es un v�ritable terrain o� se d�verse p�riodiquement la col�re des autres franges de la population. Apr�s les rues et ruelles enti�res coup�es pour des raisons de s�curisation d�institutions et �difices publics, voici venu le temps des routes coup�es pour instaurer un dialogue entre les citoyens et les d�membrements de l�Etat au niveau local. Les habitants de la wilaya de B�ja�a semblent d�tenir la palme d�or dans le recours r�gulier � cette redoutable arme de n�gociation. Ph�nom�ne nouveau : les �l�ves d�une �cole d�Alger y ont eu recours derni�rement en cadenassant les ruelles menant � leur �cole pour faire entendre leur voix �opprim�e � ! Les trottoirs d�Ali Benhadj, la �chkara� de Louisa Hanoune et le �trez� d�une nouvelle ann�e plurielle Commenc�e politiquement le 5 janvier 2011 par la �descente� qu�a cru devoir effectuer sur les trottoirs des �meutiers de Bab El Oued un homme � la silhouette asc�tique r�pondant au nom d�Ali Benhadj, l�ann�e 2011 s�est achev�e symboliquement sur les panneaux publicitaires des cand�labres install�s sur les principales rues chic d�Oran par une affichette mena�ant les adeptes de la c�l�bration de la �bid�aa� du jour de l�an gr�gorien. Si Ali Benhadj, h�ros incontestable de millions de jeunes dans les ann�es 1990/1991, s�est fait �conduire par les nouveaux vigiles de la petite R�publique parall�le des trottoirs de Bab-El-Oued qui lui ont d�ni� le pouvoir de les �manipuler� comme il le fit d�une manifestation en Octobre 1988, les jeunes d�Oran qui voulaient saluer la nouvelle ann�e dans l�ambiance dont eux seuls d�tiennent le secret n�ont m�me pas pris la peine de prendre connaissance du contenu mena�ant de ces �criteaux. Ils �taient trop occup�s � avoir les yeux riv�s au sol, pour �viter de mettre les pieds dans les nombrables immondices qui encombrent malheureusement les trottoirs de leur belle �Bahia�, leur espace de vie de pr�dilection. Dans moins de dix jours, ils c�l�breront avec la m�me hilarit� et une �gale all�gresse un autre jour de l�an que seule l�Alg�rie plurielle peut offrir � ses citoyens : Nnayer comme il est prononc� � Oran. Le 11 janvier, les march�s d�Oran de Bastille ou de la rue des Aur�s install�s sur les trottoirs de la ville d�borderont de �trez�, ce m�lange de friandises (cacahu�tes, noix, nougat�) si particulier de l�Oranie. Les r�dacteurs de l��criteau de la Saint- Sylvestre, exploitant la m�connaissance des Oranais de la symbolique rattach�e � la c�l�bration du calendrier agrarien, vont contre-attaquer en parlant de f�te pa�enne. Ainsi va l�Alg�rie en ce d�but de 2012 qui verra la c�l�bration du cinquanti�me anniversaire du recouvrement de sa libert�. Louisa Hanoun, qui a la m�me long�vit� politique que Ali Benhadj, lorgne du c�t� du Pr�sident pour le supplier d�interdire l�arriv�e � la future APN des porteurs de �ch� kara�. Le v�n�rable Ali Yahia Abdenour et le docteur Sa�d, deux autres ic�nes de la vie politique nationale, las de battre vainement le pav� des trottoirs d�Alger et de recevoir leur vol�e de coups d�armes l�tales, soignent leurs plaies et attendent� Mais l�ann�e 2011 n�a pas �t� que cela : la contestation qu�elle a couv�e vient d�atteindre la source de la mamelle de la rente : le plus grand gisement gazier d�Afrique, Hassi R�mel. Et l� est d�j� une autre affaire !