Qui va gagner le championnat ? Qui va descendre ? Dans un estaminet crasseux, rue Arezki-Louni, ex-prestigieuse Rampe Vallée, l?odeur du café et du thé se dissipe au gré de chamailleries qui n?en finissent pas. Sur les tables, verres et bouteilles de limonade dansent dans un clapotement presque muet tant le brouhaha fuse de partout. Pas la moindre parcelle au silence. L?USMA, on en parle à profusion. Le patron de la Fleur du jour (nom du café) fait le surveillant général sur le trottoir. Il guette les mauvais payeurs et fait de temps à autre le tour des tables. Sur une table vide, on peut lire quelques lettres laissées à la postérité : «USMA campeone», écrites de deux couleurs : en rouge et en noir. «Désormais, tout le monde va pouvoir admirer nos exploits dans un cadre digne de notre grandeur», nous interpelle un jeune, écharpe rouge et noire autour du cou. Dans ce quartier où se côtoient les supporters de l?USMA et ceux du MCA, des mouches bourdonnent au-dessus des tables alors que les devantures de quelques magasins arborent déjà le rouge et le noir. Des badauds déferlent, par grappes, jubilant, criant, sautant, chantant, sifflant ; ce sont de petits Usmistes. On sent aussi le parfum du football dans un café populaire de Bab el-Oued, la mecque des Mouloudéens. Achour, la trentaine bien entamée, n?aime pas parler de trahison. «Non, on va pas offrir le championnat à la JSK. Il faut jouer franc-jeu et que le meilleur gagne», dit-il, mais son compagnon ne l?entend pas de cette oreille. «Chaque saison c?est la même histoire. Celui qui veut être champion doit emmener la chkara (cabas bourré d?argent, ndlr). Celui qui veut éviter la descente, il lui faut aussi une chkara. Alors cessons de parler fair-play SVP», lui répond-il sèchement.