Ahmed Ouyahia r�unit, depuis jeudi dernier et pour trois jours, le conseil national de son parti, le Rassemblement national d�mocratique. Occasion pour lui de lancer officiellement les pr�paratifs du RND pour les prochaines l�gislatives mais surtout pour l�opinion d�entendre l�une des voix les plus autoris�es du pouvoir. Depuis son retour � la t�te du gouvernement, en 2008, Ouyahia a en effet radicalement revu son mode de communication : il ne s�exprime plus publiquement comme avant ou comme son homologue du FLN par exemple mais d�s qu�il le fait, c�est pour faire part des positions et des d�cisions officielles. La derni�re fois qu�il le faisait, c��tait d�ailleurs en avril 2011 � l�issue d�une session du conseil national du RND puis lors d�un passage � une �mission de l�ENTV. Il avait, � l�occasion, annonc� dans le d�tail le contenu et le calendrier des r�formes politiques que Bouteflika annoncera plus tard lors de son fameux discours du 15 avril 2011. Jeudi � la Mutuelle de Z�ralda, il pronon�ait donc une allocution d�ouverture des travaux du conseil national en tant que SG du RND. Mais le propos, malgr� lui, est celui du Premier ministre en exercice. �J�entamerai mon propos en m�inclinant � la m�moire des chouhada du devoir national tomb�s en 2011, tout en saluant notre Arm�e nationale populaire et tous nos corps de s�curit�, les Patriotes, les GLD et tous ceux qui demeurent mobilis�s pour d�jouer les calculs odieux du terrorisme.� Difficile de ne pas faire ici, d�j�, le parall�le avec le red�ploiement des forces de s�curit� et l�intensification des op�rations de lutte antiterroriste induite par les changements majeurs op�r�s � la t�te des services. Dans le sillage de son r�quisitoire contre l�islamisme politique, Ouyahia fera du reste remarquer, un peu plus loin dans son discours, en allusion � ceux qui soup�onnent le pouvoir de favoriser le retour de l�ex-FIS, �qu�il y a une certaine tendance dans notre pays � l�oubli. Certains oublient la Charte pour la paix et la r�conciliation ! Et que dit cette charte pl�biscit�e par le peuple alg�rien ? Que ces gens-l� (les repentis et les dirigeants du FIS Ndlr) sont d�finitivement interdits de l�activit� politique�. Toujours davantage en tant que Premier ministre qu�un chef de parti, Ouyahia parle des �v�nements qui ont secou� le monde arabe : �Dans le monde arabe, l�ann�e 2011 a �t� marqu�e par des mutations brutales, parfois m�me sanglantes dans plusieurs pays, des mutations qui n�ont pas encore livr� tous leurs secrets et cons�quences.� Avant d�encha�ner naturellement sur les �v�nements de janvier 2011 en Alg�rie : �Personnellement, affirme le patron de l�ex�cutif, je pense que l�avenir confirmera qu�il s�agissait d�une manipulation des frustrations r�elles de nos jeunes par des int�r�ts maffieux, menac�s par la progression de la transparence et de la loi.� Et d�accuser : �De plus, certains � l�int�rieur ont cru pouvoir r�cup�rer les troubles de janvier dernier, alors que d�autres � l�ext�rieur esp�raient r�gler leurs comptes avec cette Alg�rie qui, ayant retrouv� son ind�pendance financi�re, revendique d�sormais le droit de n�gocier les atouts de son march� prosp�re contre des partenariats mutuellement b�n�fiques�. Ici, l�allusion � la France est � peine voil�e. �Le peuple alg�rien n�attendait pas un �printemps arabe��, ass�ne encore Ouyahia. Toujours en direction de Paris, il poursuit : �Ce peuple fier et courageux a reconquis ch�rement sa libert� en d�pit d�un colonialisme centenaire. Il a sauvegard� douloureusement sa d�mocratie au milieu d�une d�cennie de trag�die nationale et a lui-m�me donn� l�exemple dans la Nation arabe, par son pluralisme politique et par la diversit� de sa presse que je salue.� Langue de bois ? Nul n�ignore, dans les milieux politiques et diplomatiques, les fortes pressions exerc�es sur le pouvoir alg�rien depuis quelques mois, venant notamment de Paris dont le ministre des Affaires �trang�res se distingue de plus en plus par une attitude � la limite de l�acceptable dans les m�urs et usages diplomatiques. A l�issue d�une audience avec Bouteflika par exemple, Alain Jupp� s�est m�me permis un malveillant �j�esp�re que cela se concr�tisera sur le terrain� ! pour le moins inimaginable il y a quelques mois. C�est pourquoi Ouyahia insistait jeudi sur �l�ing�rence �trang�re�, jadis slogan creux mais qui, plus que jamais, est d�actualit�. �Voil� pourquoi au RND nous rendons hommage � la lucidit� de notre grand peuple, en m�me temps que nous adh�rons aux positions de notre Etat face aux �volutions en cours sur la sc�ne arabe, et que nous demeurons attach�s � l�ind�pendance de d�cision de notre pays.� �Le r�gime r�publicain est prot�g� par la Constitution et la loi� Evoquant les prochaines �lections l�gislatives, Ouyahia, et comme pour att�nuer des appr�hensions quant � une �vague verte� � la tunisienne ou � l��gyptienne, affirmera que �notre Rassemblement (le RND) se dirige vers ce rendez-vous sans aucun esprit d�exclusion d�aucun courant politique et avec une confiance solide dans l�avenir du r�gime r�publicain et d�mocratique pour lequel nous militons, car ce syst�me est d�sormais bien prot�g� par la Constitution et par la loi. Pour le reste, nous acceptons la comp�tition avec tout parti politique qui, dans le respect des lois du pays, milite pour ses id�es et programmes, sans violence et sans d�pendance envers l��tranger�. Ouyahia parle, ici, bien s�r des partis islamistes. A l�image du MSP d�Aboudjerra Soltani qu�il tournera en d�rision : �Notre parti n�a pas transform� l�examen des projets de lois au Parlement en tribune politicienne car nous sommes respectueux de notre pr�sence au gouvernement qui, pour nous, est un honneur de servir le pays.� En tout cas, ironisera-t-il encore, �nous, nous n�avons pas attendu les cinq derni�res minutes pour rejoindre l�opposition� ! Ce disant, le patron du RND insistera, � la fin de son allocution : �A la veille d�une �ch�ance politique importante, nous r�affirmons au pr�sident de la R�publique Abdelaziz Bouteflika qu�il peut compter sur le soutien constant du RND avant et apr�s les l�gislatives.�